Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 06.02.2019 - thierry-allard - 4 min  - vu 1447 fois

BAGNOLS Mise en cause, Geneviève Sabathé dénonce « un procès stalinien »

L'Insoumise Geneviève Sabathé, devant la maison des Insoumis de Bagnols (Photo d'archives : Thierry Allard / Objectif Gard)

Depuis quelques jours, le mundillo politique bagnolais et celui des Gilets jaunes s’agitent autour du cas de la présidente de la Maison des insoumis de Bagnols, Geneviève Sabathé. D’un côté, on lui reproche son comportement et une volonté de récupérer le mouvement. De l’autre, on dénonce du « harcèlement ». Décryptage d’un micmac avec les municipales en trame de fond.

Tout démarre le 25 janvier dernier, lorsque Geneviève Sabathé est éjectée sans ménagement du mouvement, sous prétexte qu’elle en voudrait la mainmise. Une accusation venue d’un des leaders du mouvement bagnolais, Jérôme Jackel, avec lequel les relations s’étaient fortement dégradées ces derniers temps. Depuis, Geneviève Sabathé, qui continue à manifester, comme ce dimanche pour la marche des femmes Gilets jaunes à Avignon, dit subir « du harcèlement moral et des menaces physiques dans les manifestations. »

Et les ennuis viennent aussi de son camp, et se matérialisent également par un post Facebook publié ce dimanche soir (avec un article d’Objectif Gard annonçant son départ des Gilets jaunes). Un post émanant de la page militante « Gard Insoumis » :

« Une tribune truffée de fautes d’orthographe destinée à m’empêcher d’être candidate aux municipales avec l’investiture France insoumise », estime-t-elle, avant d’affirmer avoir contacté Gabriel Amard, candidat aux européennes et proche de Jean-Luc Mélenchon (Son gendre, NDLR), et Martine Billard, responsable du comité électoral du parti, pour leur demander leur avis. « Gabriel Amard avait l’air surpris », affirme-t-elle, se revendiquant « bien-sûr toujours de la France insoumise. »

Contacté, l’auteur du post, un ancien du comité bagnolais de la France insoumise qui a fait campagne pour Geneviève Sabathé avant de prendre ses distances avec l’ex-candidate, affirme qu’« elle n’avait pas à dire ce qu’elle a dit sur les Gilets jaunes. Elle se fait passer pour la représentante locale de la France insoumise, mais la France insoumise appelle au contraire à rejoindre les Gilets jaunes. »

L’auteur, qui fait partie des administrateurs de cette page Facebook, confirme que ladite page n’est pas officielle, mais regroupe « des membres de plusieurs comités. » Il dit être parti en mauvais terme du comité bagnolais, reprochant « des problèmes de dialogue » à l’ex-candidate aux législatives qui aurait « le don de faire partir les gens. » Quant à l’investiture FI pour les municipales, « il y a une démocratie interne. On ne peut pas s’autoproclamer candidate alors que c’est ce qu’on reproche aux autres. » Et l’insoumis de l’affirmer : « Elle s’est mis tout le monde à dos. Elle n’aura pas l’investiture. »

« À qui profite le crime ? », fait mine de se demander Geneviève Sabathé, alors qu’elle a sa petite idée. Pour elle, il faut suivre le post Facebook, partagé notamment par Jérôme Jackel et par… Michel Tortey, secrétaire de la section Gard rhodanien du Parti communiste français. « Je trouve ça bizarre, commente-t-elle. Il relaye une tribune qui ne concerne que la France insoumise en interne. » Et Geneviève Sabathé, qui dit avoir peur pour son local de la place Mallet et envisage de déposer plainte pour harcèlement, de dénoncer « un procès stalinien de la plus belle eau. Ce sont exactement les méthodes du PCF. » « Je l’ignore superbement », rétorque Michel Tortey, dont les relations avec Geneviève Sabathé sont très (très) fraîches depuis les législatives : « Elle nous avait traité de "minables", ce qui a beaucoup marqué mes camarades. »

« 2020 c’est un autre sujet »

Michel Tortey réfute toute intervention dans les mésaventures de l’insoumise et la renvoie… à elle même : « Qu’elle regarde son attitude, peut-être qu’elle arrivera à comprendre », dit-il, tout en ajoutant n’avoir « aucune animosité avec la France insoumise. » Reste qu’il est en contact avec Jérôme Jackel, figure des Gilets jaunes locaux. « Je parle avec tout le monde et aussi avec lui, admet-il. J’ai des points de vue convergents, et d’autres divergents avec lui. »

Rien de plus ? « J’ai un dialogue avec Jérôme Jackel, peut-être qu’il pourra nous conduire à faire quelque chose ensemble. Je n’en sais rien, mais quand je regarde les revendications des Gilets jaunes, à 80 % nous avons des convergences, alors pourquoi pas travailler ensemble ? Ça ne me gênerait pas du tout. Comme ça ne me gênerait pas de travailler avec des insoumis sérieux. »

Du côté de Jérôme Jackel, on dément aussi toute accusation de complot contre l’insoumise, qualifiant l’idée de « pipeau ». Pour autant, les relations difficiles ne sont pas niées : « Geneviève Sabathé était "de longue" en train de faire sa pub insoumise, alors je suis allé rencontrer des insoumis ce week-end (dont l’auteur du post Facebook, ndlr). Je leur ai demandé à quoi elle jouait car elle allait jusqu’à me traiter de gourou ! Ils m’ont dit qu’elle n’était plus chez eux. » D’après lui, les relations se seraient dégradées après une fin de non-recevoir qu’il lui aurait signifiée à une proposition de liste commune pour les municipales de 2020.

Les municipales, un sujet qui apparaît en filigrane dans toute cette affaire. Si Jérôme Jackel reconnaît les contacts avec Michel Tortey, il refuse d’approfondir. « 2020 c’est un autre sujet. Aujourd’hui c’est les Gilets jaunes, lance-t-il. Aujourd’hui, je veux faire tomber Macron, pour Chapelet (maire de Bagnols, ndlr) on verra. Chaque chose en son temps. » Pour Geneviève Sabathé en revanche, c’est clair : « Même si je ne suis pas investie j’irai aux municipales sous l’étiquette de la Maison des insoumis, ils ne se débarrasseront pas de moi. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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