L’enseignant, chantre du référendum d’initiative citoyenne (RIC) et conférencier controversé, était à Bagnols vendredi soir à l’invitation des Gilets jaunes locaux. Avant de mener un « atelier constituant », où chacun était invité à réécrire la constitution, Étienne Chouard a déroulé sa pensée devant une salle de la Pyramide garnie de quelques dizaines de personnes, dont une bonne partie de Gilets jaunes.

Professeur, Étienne Chouard l’était aussi ce vendredi soir, assurément. Pédagogue, l’homme a pris le temps de bien expliquer ses théories — quitte à se répéter — en s’appuyant notamment sur les livres qu’il a signé, et qui étaient en vente dans le hall. Son mantra : la constitution française de 1958 est mauvaise, tout comme la constitution européenne contre laquelle il a ferraillé en 2005, date du début de son engagement politique. « Où je suis là dedans (dans ces textes, ndlr) ? Nulle part, et cette absence est la source de notre impuissance politique. » Et pour lui, ce problème est mondial, « car les peuples n’écrivent pas leur constitution. » Pour Étienne Chouard, ces textes font qu’aujourd’hui, « on est dans une prison. »

Et s’il est un chantre de la démocratie directe via le RIC, Étienne Chouard pourfend en retour la démocratie représentative, c’est à dire les élus, notamment les députés qu’il qualifie de « godillots. » « Elire ce n’est pas voter, élire c’est choisir quelqu’un qui va voter à notre place, c’est renoncer à voter nous mêmes », estime l’enseignant, pour qui les politiques, plutôt que de représenter le peuple, « nous dépossèdent du pouvoir. » Le tout sachant, toujours d’après Étienne Chouard, que « les riches achètent les médias pour pouvoir bien présenter leurs candidats, c’est ça le secret du capitalisme : la plupart du temps les élections donnent le pouvoir aux riches. » Cependant, l’homme le martèle : il n’est « pas complotiste », même s’il se revendique populiste. « Je ne suis pas un démagogue, un menteur, on dit que je suis populiste. Oui, je suis populiste, un populiste qui s’occupe du peuple comme un pianiste s’occupe d’un piano », lance-t-il.

Pour en revenir au thème de la soirée (même s’il est parfois quelque peu difficile de suivre les digressions du conférencier du soir) le RIC, donc, « c’est une procédure par laquelle nous décidons », avance-t-il. Ne se contentant pas du référendum prévu dans la constitution, Étienne Chouard promeut le fait de « pouvoir à tout moment reprendre la main, en toute matière » et de « pouvoir choisir les questions, et pour ça la seule façon va être de l’écrire nous-même car les élus ont absolument tout à perdre. » Donc pour y parvenir, l’enseignant mène des « ateliers constituants » depuis des années et incite tout le monde à faire du prosélytisme pour court-circuiter le système politique : « cette révolution pourra être pacifique si on est très nombreux, si on est contagieux, si on arrive à réveiller les gens autour de nous. »

Et s’il veut renverser le pouvoir, Étienne Chouard ne reprend pas le mantra « Macron démission » souvent entendu sur les ronds-points : « si on vire Macron et qu’on ne change pas les institutions, on aura une autre crapule à la place, nous n’avons pas un problème de personne, mais d’institutions. » Notamment avec l’Union européenne : « la législation par traités, c’est quand même une sacrée saloperie, l’exécutif se donne le moyen d’écrire lui-même ses lois », estime l’enseignant. Conclusion d’Étienne Chouard, qui reprend à son compte l’idée de sortie de la France de l’Union européenne défendue par l’ancien candidat à la présidentielle François Asselineau : « il faut sortir de l’UE, certainement. Mais on ne sortira pas de l’UE sans le RIC, le ‘Frexit’ on pourrait l’obtenir par le RIC. » Pour mémoire, la sortie de l’UE n’a pas fait partie des sujets évoqués, ou si peu, lors du Grand débat et du Vrai débat à Bagnols.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com