FAIT DU JOUR Ce que coûtent vraiment les Grands jeux romains
Près de 700 000 € sont dépensés pour l’organisation des Grands jeux romains, prévus du 1er au 5 mai à Nîmes. Ces Grands jeux en valent-ils vraiment la chandelle ?
Dans deux mois, les Romains reprennent leurs quartiers à Nemausus, nom antique de la cité nîmoise. Une cité qu’ils ont eux-mêmes fondée, il y a 2 000 ans. Pour renouer avec nos ancêtres, la société gestionnaire des arènes, Culturespaces, organise les Grands jeux romains depuis 10 ans. Des reconstitutions historiques dans les arènes qui séduisent un large public mêlant initiés et néophytes.
L’édition 2019 se focalise sur affrontements entre Romains et Barbares. Des invasions qui ont fait trembler Rome avec sa plus grande défaite à Arausio (ancien nom de la ville d’Orange) en 105 avant Jésus-Christ. Pas de panique... C'est aussi durant cette période que les Romains connaîtront une grande victoire, à Aix-en-Provence, sous le commandement du général Marius.
Culturespaces à la manœuvre
Aussi divertissant qu’instructif, ce spectacle a un coût. La plus grosse partie - 600 000 € - est débloquée par Culturespaces, à l’initiative de la manifestation. L’enveloppe sert d’abord à financer les trois jours de spectacles dans les arènes, les 3, 4 et 5 mai. Elle participe également à organiser certaines activités dans le centre-ville. Grande nouveauté cette année : le camp romain installé Porte d’Auguste où des légionnaires vivront, du 1er au 5 mai, 24h sur 24h, sous des tentes.
Les premières années, les Grands jeux étaient déficitaires. « Ce n’est plus le cas aujourd’hui, se réjouit Christophe Beth, directeur des monuments antiques nîmois pour Culturespaces. C'est grâce à une troisième journée de reconstitution que nous avons atteint l’équilibre. » En mai prochain, la société lancera des billets Prenium à 59€, permettant d'être assis près de la tribune de l’empereur Hadrien. Une façon de diversifier l’offre pour ramener davantage d’argent dans les caisses.
La Ville en soutien
Et du côté de la Ville ? « Nous avons une vision de soutien », commente l’adjoint aux festivités, Frédéric Pastor. Toutefois pour cette 10e édition, la Ville est allée plus loin qu'à l'accoutumée : « Nous avons débloqué 60 000 € pour l’apport logistique des déambulations et des animations, plus nombreuses sur les places publiques. En clair : nous avons doublé l’enveloppe par rapport à 2018 ! »
Municipalité toujours, le service Culture de Nîmes a mis aussi la main au portefeuille : 18 000 € serviront à la mise en place d’ateliers pour les enfants de 3 à 6 ans et de 7 à 12 ans, au Musée de la romanité. Un musée qui ouvrira gratuitement ses portes le dimanche 5 mai. Une visite guidée sera également proposée entre la source et la Tour Magne, les 4 et 5 mai, pour évoquer la création du sanctuaire dédié aux empereurs romains.
90 000 visiteurs à Nîmes
« La question des retombées économiques pour le territoire est difficilement quantifiable », avance Frédéric Pastor. Organisés en mai, ces Grands jeux ouvriront la saison touristique avec 90 000 visiteurs qui déferleront sur la ville, dont 30 000 pour les spectacles dans les arènes.
Une clientèle « dont le pouvoir d’achat est supérieur à celui des Nîmois. Ce sont des gens, des familles, relativement aisés. Les commerçants s’y retrouvent : les terrasses, les hôtels sont pleins ! », souligne Éric Rodier, président fondateur des « Commerçants sont romains ».
Lancée il y a trois ans, cette association (*) souhaite capitaliser sur les Grands jeux, en faisait vivre la manifestation dans l’Écusson. Déguisements, animations, reconstitutions... Une centaine de commerces dessinent cette année le village des artisans devant le grand Temple, animent un atelier maquillage place Madeleine, ou encore financent une troupe de gladiateurs, postée place Montcalm.
Quel avenir pour les Grands jeux ?
Créés il y a 10 ans, les Grands jeux romains se développent doucement. « Tout le monde y prend sa part : la Ville a davantage investi cette année et certains commerçants sont assez volontaires », relève Éric Rodier. À terme, les Grands Jeux seront-ils voués à remplacer la feria, une manifestation festive autour de la tauromachie, menacée par les mouvements animalistes et vegans ?
« Aujourd’hui, la feria est un événement incontournable mais doit être repensé pour conserver son attractivité. Les Grands jeux, eux, doivent encore se développer... Ça pourrait passer par des soirées romaines. Comme leurs ancêtres, les Nîmois ont la culture de la fête ! », conclut M. Rodier. Un travail de longue haleine... Mais après tout, Rome ne s'est pas faite en un jour.
Coralie Mollaret (avec Anthony Maurin)
(*) Le budget de l’association avoisine les 10 000€. Il est constitué notamment d’une subvention de 6 000 € versée par la ville de Nîmes, des cotisations des adhérents représentant 3 000 € ou encore des financements des sponsors, à hauteur de 2 000 €.
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