Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 10.04.2019 - thierry-allard - 3 min  - vu 398 fois

BAGNOLS Première pierre posée pour le lotissement de Bazine

Le préfet et les élus entourés des habitants du futur lotissement de Bazine, ce mercredi matin à Bagnols (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

C’est l’histoire d’une vingtaine de personnes issues de la communauté des gens du voyage qui habitent depuis une quarantaine d’années dans des caravanes, au dessus de l’ancienne décharge de Bazine, à Bagnols.

Des conditions de vie difficiles, voire très difficiles, pour ces Bagnolais : « Nous on a vécu comme ça mais nos enfants ne peuvent pas, explique Yoann Jean, 36 ans, qui a toujours vécu à Bazine. Ils ont honte d’emmener leurs copains ici. » "Ici", c'est dans la boue et plus largement dans ce qui convient d’appeler un bidonville qui n’a plus sa place en France au XXIe siècle. Un bidonville qui sera d’ici une petite année remplacé par un lotissement pour loger les sept familles bénéficiaires. Un lotissement dont la première pierre a été posée ce mercredi matin en présence des élus et du préfet du Gard, Didier Lauga.

Et si tout le monde, habitants, élus et préfet compris, avait le sourire, c’est que cette première pierre signe plus que le début de la construction, la fin d’un long chemin entamé il y a plus de dix ans. « Je crois que ce dossier est le plus ancien qu’on ait eu à gérer, rembobine le maire, Jean-Yves Chapelet. Il a été très lourd à porter. »

De fait, le maire rappellera tout d’abord que la résorption de l’habitat indigne n’était « pas ce qu’il y avait de plus porteur politiquement » mais que son équipe l’avait porté tout de même. « C’est un dossier qui nous a fait grandir. Il nous a permis de prendre de la hauteur, de nous rappeler pourquoi on est là », poursuivra le maire, avant de rappeler, ému, qu’il était lui-même né dans un bidonville construit après la seconde guerre mondiale, à Châtellerault. « Aujourd’hui, poser cette première pierre, c’est un peu une revanche sur la vie », ajoutera-t-il.

Alors ce dossier, « c’est celui auquel je suis le plus attaché », affirmera Jean-Yves Chapelet. Au final, le bailleur social Logis Cévenols répondra présent, tout comme l’Union européenne, l’État, la Région et le Département. Sur les 1,2 millions d’euros que coûte le lotissement, « pas un centime ne vient de la mairie », soulignera le maire. De fait, en tout, ce sont pas moins de 866 000 euros de subventions qui ont été fléchés sur ce projet, venus de l’Europe, de l’État, de la Région et du Département, le reste, 396 000 euros tout de même, étant financé par Logis Cévenols.

Ce dossier, « un exemple »

Le prix à payer pour que « quelle que soit sa situation et ses choix de vie, chacun vive sous un seul toit, celui de la République », lancera le président de l’Agglo du Gard rhodanien et ancien maire de Bagnols, Jean-Christian Rey. L’élu, qui a porté le dossier à ses débuts, s’adressera ensuite aux habitants de Bazine : « Vous faites partie non pas d’une seule communauté, mais de la communauté humaine en général et de celle de Bagnols en particulier. »

« C’est une opération exemplaire », ajoutera le préfet Didier Lauga, avant de rappeler que l’État et l’Union européenne avaient des financements pour la résorption de l’habitat indigne, ce que le projet bagnolais avait déjà démontré. Car le problème de l’habitat indigne est significatif dans le Gard : « En 2018 nous comptions 38 arrêtés préfectoraux sur l’habitat indigne, et sur les trois dernières années cumulées 182 situations », avancera le préfet, avant de noter que « dans le département, d’autres ne font pas autant d’efforts qu’ici. » Et Didier Lauga d’espérer que « cet exemple sera suivi par beaucoup d’autres. »

Concrètement, « sept villas seront mises en service en février 2020. Il s’agit de maisons individuelles avec jardin, terrasse, chauffage et eau chaude via une pompe à chaleur », présente le vice-président de Logis Cévenols, l’Alésien Bernard Saleix. Il y aura deux T2 de 49 mètres carrés, trois T3 de 65 mètres carrés et deux T4 de 80 mètres carrés aux loyers compris entre 230 et 370 euros hors taxes.

Pour les futurs locataires, qui voulaient rester sur ce terrain municipal mais pas dans leurs conditions de vie actuelles, c’est la meilleure des nouvelles. « On est contents, heureux. C’est parti », glissera, ému, Joselito Lafleur, à Bazine depuis 22 ans. Quant à Yoann Jean, « né ici, comme (son) père et (son) grand-père », il se dit « heureux ! Plus que ça on ne peut pas l’être. Depuis le temps qu’on attend. » Car depuis, une nouvelle génération a vu le jour sur ce terrain. « Ces enfants vont pouvoir avoir un habitat digne, être élevés dans des conditions dignes, rappellera Jean-Yves Chapelet. Elle est là la grandeur de la République et de l’Europe. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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