Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 10.04.2019 - abdel-samari - 4 min  - vu 1203 fois

LE 7H50 du directeur de l'Institut OpinionWay : "La liste En Marche sera au centre du jeu à Nîmes"

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Bruno Jeanbart, directeur d'OpinionWay, commente pour Objectif Gard le sondage réalisé sur la situation politique à Nîmes un an avant les municipales 2020. Il est l'invité du 7h50.

Objectif Gard : Quels enseignements peut-on tirer de ce sondage ?

Bruno Jeanbart : Il y a trois personnalités très connues à Nîmes qui se détachent. Le maire, Jean-Paul Fournier, le président de l'Agglo, Yvan Lachaud, et la députée Françoise Dumas. On retrouve ensuite d'autres personnalités mais moins connues et, enfin, David Tebib qui ferme la marche. Ce n'est pas propre au candidat car n'importe lequel aurait connu un score équivalent avec l'étiquette La République En Marche. C'est uniquement dû aux difficultés d'implantation locale de LREM. Une difficulté qui se retrouve dans tous les territoires sauf quand le parti présidentiel s'allie avec une personnalité déjà installée dans la vie locale.

Revenons aux résultats sur la notoriété et la popularité. Le score de Jean-Paul Fournier est très important avec 95%. Comment l'analysez-vous ?

Le maire est effectivement très bien perçu. Il bénéficie aussi d'une assez bonne opinion avec 59%. Ce score ne souffre pas de la marge d'erreur car c'est comparable pour les autres candidats. Par contre, pour Jean-Paul Fournier, on remarque qu'il a une bonne image auprès de l'électorat de Droite qui a voté pour François Fillon à la Présidentielle.

Comment cela se traduit-il dans les intentions de vote du 1er tour ?

Je vous l'ai dit, La République en Marche n'existe pas ou peu. C'est une demi-surprise car Nîmes est un territoire où le Rassemblement national est très haut. Par ailleurs, n'oublions pas qu'à Nîmes, François Fillon a fait jeu égal avec Emmanuel Macron à la Présidentielle. Enfin, l'extrême gauche est très implantée. C'est sans surprise là aussi quand on observe le résultat de Jean-Luc Mélenchon à Nîmes la Présidentielle.

Et si la liste LREM était conduite par la députée Françoise Dumas ?

Son score n'aurait pas été très élevé par rapport à celui de David Tebib. Elle n'aurait pas pu forcément se maintenir au second tour face au risque Rassemblement national. Ce qui est certain, c'est qu'elle aurait pu grappiller quelques points de plus à Yvan Lachaud.

Pour autant, le Rassemblement national réalise un score décevant par rapport à 2014 avec 19% des intentions de vote au 1er tour. On aurait pu s'attendre à un chiffre bien plus haut...

Le Rassemblement national sera en tête à Nîmes aux élections européennes de juin prochain, il n'y a pas beaucoup de doute. Par contre, ce n'est pas du tout la même chose pour les échéances locales. C'est l'une des dernières élections avec la Présidentielle où la personnalité compte beaucoup. D'autant plus à Nîmes où, selon le sondage, Jean-Paul Fournier bénéficie d'une résistance plus forte même si l'on peut s'étonner de son score pour un maire sortant.

Pour autant, il arrive en tête au premier tour et aussi au second tour...

Yvan Lachaud avec l'étiquette LREM, on voit tout de suite l'effet. Les Nîmois s'appuient sur le candidat et ça change la nature de sa candidature. Par ailleurs, le sondage dans cette configuration (avec la marge d'erreur) est incapable de dire qui du maire ou du président de Nîmes métropole arrive en tête. C'est très concurrentiel. Enfin, pour Jean-Paul Fournier, même avec Yvan Lachaud comme candidat sans l'étiquette En Marche, aurait assez peu de réserve de voix du parti présidentiel. Par ailleurs, si on prend en compte une Gauche Nîmoise plus radicale, il ne serait pas certain d'obtenir un vote utile au second tour. Par contre, l'évidence c'est que le maire sortant pourrait bénéficier des voix du Rassemblement national pour contrer le candidat LREM. J'ai presque envie de vous dire qu'Yvan Lachaud a de grandes chances d'être le gagnant s'il parvient lors du second tour à s'allier avec la Gauche modérée. Pourquoi pas le Parti socialiste... Une forme de coalition majoritaire qui rendrait la tache de Jean-Paul Fournier extrêmement difficile.

Un mot sur le second tour. Quel bilan tirez-vous ?

C'est assez équivalent entre Jean-Paul Fournier et Yvan Lachaud. LREM pourrait peut-être se maintenir et dans une quadrangulaire où la préférence ira sur la liste des Républicains. Dans le cadre d'une triangulaire, le score serait un peu plus serré entre la Droite et la Gauche. N'oublions pas qu'une Gauche unie pourrait avoir un poids important. Mais sa vraie difficulté sera de convaincre la France insoumise de s'allier. Que je sache, au niveau national, leur volonté est de ne s'allier à personne et de se maintenir systématiquement au second tour. Dans ce cas, cela risque d'annuler toutes les chances de la Gauche.

Et si toutes les listes décident de se maintenir ?

Avec cinq listes au second tour, ce sera l'inconnu. Quelque chose de bizarre qui pourrait là aussi profiter au maire sortant.

Au final, votre sentiment pour les Municipales à Nîmes dans un an ?

La République en Marche aura beaucoup de mal à se maintenir au second tour sauf si elle s'allie avec Yvan Lachaud, par exemple. Là, elle peut se diriger vers la victoire. J'ai envie de vous dire que c'est l'un des paradoxes pour la liste LREM : elle ne devrait pas s'imposer mais elle sera au centre du jeu à Nîmes.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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