Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 15.04.2019 - thierry-allard - 4 min  - vu 2086 fois

FAIT DU JOUR À Saint-Nazaire, un ambitieux projet d’éco-quartier

L'entrée du domaine (DR)

Pour l’heure, c’est un grand domaine viticole, niché en périphérie du village de Saint-Nazaire (1 200 habitants) à mi-chemin entre Bagnols et Pont-Saint-Esprit. C’est ici que l’association Le Domaine de la source compte mener un grand projet d’éco-quartier et de pôle d’activités d’un genre nouveau.

Des bâtiments, qui datent du XVIe siècle - « l’amiral Bompard y a été élevé », note le Bagnolais Laurent Cheroux, président de l’association - et qui sont inutilisés depuis une dizaine d'années et l’arrêt de l’exploitation viticole du domaine du Bresquet. « Ça a été la rencontre entre un rêve et un lieu », affirme le président du Domaine de la source. Ici, l’association compte « réhabiliter les bâtiments pour accueillir des activités économiques, sous forme de coopérative, avec des maraîchers bio, de la permaculture, un petit élevage ovin ou caprin, un restaurant, des chambres d’hôtes ou un gîte, un pôle médecines alternatives, de l’artisanat et de la formation », énumère Laurent Cheroux. Le tout serait abrité notamment dans une ancienne magnanerie de 200 mètres carrés au sol avec deux niveaux.

Sur la parcelle attenante, de 6 000 m2, le Domaine de la source compte créer un éco-quartier composé d’une quinzaine de maisons, en s’inspirant de la démarche Oasis des colibris. « Des maisons réduites en superficie, mais avec des espaces mutualisés, comme la laverie, les chambres d’amis, une médiathèque ou encore une "bricolothèque" », présente Mélanie Dousson, secrétaire de l’association et réflexologue. Un quartier qui serait construit en matériaux durables, « dans un esprit de sobriété de la ressource, des déchets, des eaux usées, notamment avec des toilettes sèches », note le président, chef de projet chez Orano Melox dans le civil.

Pour autant, pas question de créer un kibboutz à Saint-Nazaire : « Nous voulons vivre ensemble, plus que vivre à côté, affirme Laurent Cheroux. On ne cherche pas à faire une communauté, mais à recréer une vie de village. » « Ramener de l’humain, vivre avec plus de solidarité et de partage », abonde Mélanie Dousson. C’est que le projet se veut bien plus qu’une histoire d’urbanisme : « c’est un projet global, sous-tendu par une démarche de permaculture vue comme une démarche de gestion de projet, c’est à dire prendre l’ensemble des paramètres en compte pour créer des interactions positives », explique le président de l’association.

Laurent Cheroux et Mélanie Dousson, président et secrétaire de l'association Domaine de la Source (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

« On nous prend un peu pour des hurluberlus »

Il faut maintenant franchir de nombreuses embûches : le terrain est en zone agricole, et le Plan local d’urbanisme de la commune, qui regarde le projet d’un oeil bienveillant, est en pleine révision. D’autre part, l’association va devoir faire la démonstration auprès des services de l’État que le projet se justifie, la loi encadrant très sévèrement l’artificialisation de nouvelles terres agricoles, quand bien même elles n’auraient pas été cultivées depuis quinze ans.  Alors pour porter ce projet ambitieux, Laurent Cheroux et Mélanie Dousson ont décidé de monter une association, censée préfigurer la société coopérative qui gèrerait, une fois les terrains achetés à leur propriétaire actuel qui soutient lui aussi le projet, la propriété foncière « pour éviter tout risque de spéculation », précise Laurent Cheroux. « Nous avons créée l’association pour rassembler tous les gens intéressés, pour y habiter, y travailler ou qui sont simplement intéressés par la démarche du projet pour le co-construire ensemble », poursuit-il.

Reste qu’avec une cinquantaine de membres, l’association doit encore s’agrandir pour que le projet décolle pour de bon. « On nous prend un peu pour des hurluberlus, mais nous avons eu la reconnaissance de la Région, nous avons participé à un concours d’économie sociale et solidaire, YESS Académie, et le projet a été lauréat, affirme Mélanie Dousson. Les gens voient quand même que le projet tient la route. » Un projet à 4 millions d’euros tout de même. « Ce prix compte l’achat et la rénovation totale, ajoute Laurent Cheroux. C’est à peu près le même prix que le lotissement qui se construit juste à côté. » D’ailleurs, l’association compte bien démontrer qu’il n’est pas plus cher d’habiter dans un éco-quartier que dans un lotissement classique.

Le domaine (DR)

Ce côté démonstrateur est fondamental dans le projet. « C’est aussi pour ça qu’on intègre une dimension d’éco-tourisme, pour que le projet puisse essaimer, les outils existent », poursuit Mélanie Dousson. C’est aussi dans cette optique que le Domaine de la Source propose le samedi 4 mai de 10 heures à 2 heures du matin sur place un festival, RE-Source. « L’idée est que les gens viennent sur le lieu pour leur faire connaître le projet et mettre en avant les forces vives du territoire », ajoute la secrétaire de l’association. Au programme : un marché artisanal où on trouvera des bijoux, des meubles, des poteries ou encore des huiles, des ateliers bien-être, créatifs, ou encore de pétanque argentine (ça s’appelle le tejo), trois expositions, des concerts et des spectacles en soirée, avec des food-trucks et une buvette sur place. Le tout avec la participation de nombreuses associations locales. L’entrée est à 2 euros, et les spectacles au chapeau.

Plus d’informations sur la page Facebook du projet, et sur Helloasso.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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L’avis du maire de Saint-Nazaire Gérald Missour : « Comment être contre ce projet ? Évidemment, j’y suis favorable », explique le premier édile du village, qui y voit « un projet complet, ambitieux, unique dans le Gard rhodanien. » Le maire a ouvert son carnet d’adresses à l’association, et l’affirme, « toute l’aide qu’on peut apporter, on l’apporte. » Reste la question de l’urbanisme, avec la révision du Plan local d’urbanisme qui a pris du retard « car le cabinet d’études nous a lâché », note-t-il. Pour autant, le projet d’éco-quartier « ne change pas grand chose » dans le PLU, affirme Gérald Missour, qui compte bien aider à convaincre les services de l’État du bienfondé du projet. Ça passe notamment par le fait de trouver un projet comparable déjà réalisé quelque part en France.

Thierry Allard

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