Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 09.06.2019 - anthony-maurin - 3 min  - vu 3446 fois

NÎMES EN FERIA Corrida d'exception, corrida de déception ?

Mano a mano de Juan Pedro Domec Sébastien Castella (vuelta, oreille, silence) et Andrés Roca Rey (silence, oreille et silence).
Sébastien Castella et Andrés Roca Rey ou plutôt le contraire et au milieu, le Juan Pedro Domecq un peu tassé (Photo Anthony Maurin).

À vingt minutes du paseo, no hay billetes (Photo Anthony Maurin).

On le dit souvent mais cette maxime peut-elle réellement être employée en ce dimanche de Pentecôte ? Peut-être bien, hélas... On avait les hommes, pas les toros. L'aficion attendait ce mano a mano avec ferveur et fébrilité, tout était fait pour que sur le papier il soit le grand rendez-vous de cette feria à Nîmes. Sur le papier seulement et c'est bien là le charme de la tauromachie ! Oui, il faut toujours courir derrière ses rêves pour qu'ils s'échappent et qu'on en fasse de nouveaux, c'est ainsi. Une corrida décevante à cause du lot de toros.

Sébastien Castella (Photo Anthony Maurin).

Premier en piste dans des arènes bondées, no hay billetes, magique, Sébastien Castella. Le Biterrois était plus que motivé pour faire sortir le Péruvien Andrés Roca Rey de ses gonds, lui qui a pris son alternative à Nîmes et qui sort en triomphe des plus prestigieuses arènes du monde. Le premier duel se fera dans une ambiance de feu, électrique et s'achèvera par une bronca du public envers le palco présidé par Julien Plantier. Pourquoi ? Une histoire d'oreillette. En fait, une histoire de mouchoirs car la pétition n'était pas franchement majoritaire... Siffler, huer et s'égosiller ne suffit pas pour faire tomber le pavillon blanc, il faut plus simplement agiter un petit mouchoir de la même couleur pour faire entendre votre voix ! Quoiqu'il en soit, la faena de Castella était de belle facture, simple et sans fioriture mais avec beaucoup de temple, notamment à gauche. Le petit plus de ce premier duel était sans aucun doute les quites lors desquels les deux maestros se sont tirés une saine bourre, ole.

Sébastien Castella (Photo Anthony Maurin).

Pour sa deuxième opposition, l'oreille tombera enfin. Une oreille un poil généreuse, du coup, pour un Sébastien Castella qui a bien débuté sans finir vraiment sa faena qu'il avait dédié à Gérard Jugnot, de retour dans les arènes. À genoux d'emblée, le Biterrois a fait le show mais son toro s'éteint rapidement, laissant la place à des temps morts et un intérêt moindre. Petit plus de ce duel, le quite partagé par les deux diestros pour une série à quatre mains pleine de fougue, de solidarité, de partage et de valeurs prônées par la tauromachie.

Sébastien Castella (Photo Anthony Maurin).

Enfin, moment d’écœurement pour Castella. Jusque ici, il a toujours pu bricoler quelque chose avec ses Juan Pedro Domecq quasi invalides ou faiblards et fadasses même s'ils n'étaient pas des foudres de guerre... Cet exemplaire-là était certainement le pire. Castella débute une nouvelle fois à genoux, fait durer le plaisir lors d'une série pleine mais une fois qu'il décide de se relever pour le toréer sur d'autres terrains et d'autres distances, c'en est fini, le toro ne bougera plus. Dommage... Rageant même.

Andrés Roca Rey (Photo Anthony Maurin).

Pour Andrés Roca Rey, qui revenait un peu dans sa maison, les choses furent encore plus compliquées. Il entendra un silence à l'issue de cette première ébauche de combat. Même pas trois minutes pour une faena bouclée par une épée un peu moche, à l'image du sorteo qui lui est réservé. Il faut dire que le toro semblait handicapé du train avant et que le Péruvien n'a pas souhaité aller plus loin.

Andrés Roca Rey (Photo Anthony Maurin).

Petite surprise. Oui, au point où on en est c'en est une, Andrés Roca Rey coupera une oreille ! Heureusement que le jeune sait toréer, connaît les toros et qu'il a de nombreuses cordes à son arc car rien n'aura été facile pour grappiller ce rayon de lumière noire. Techniquement parfait, il oriente son toreo en fonction de son adversaire qui bouge bien mais qui ne va pas au bout de ses charges, bizarre...

Andrés Roca Rey (Photo Anthony Maurin).

Pour en finir avec cette course, on attendait le feu d'artifice, on a eu le pétard mouillé. Silence pour Andrés Roca Rey qui a brindé son toros à son compagnon de cartel du jour. Un geste des plus élégants comme sait l'être cet immense maestro en devenir. Tout immense qu'il est ou qu'il sera, il ne pourra strictement rien tiré de ce sixième exemplaire qui a irrité l'aficion.

Roca Rey et Castella pour le bonheur des 12500 personnes présentes (Photo Anthony Maurin).

(Photo Anthony Maurin).

Roca Rey brinde son ultime toro à Castella, beau geste (Photo Anthony Maurin).

Anthony Maurin

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