Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 21.06.2019 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 1563 fois

LE 7H50 de Denis Magnol : « Le patrimoine du Gard est remarquable »

Denis Magnol, architecte des Bâtiments de France (Photo : Coralie Mollaret)

Fort de ses 540 monument historiques, le patrimoine gardois témoigne de la riche histoire du département. Architecte des bâtiments de France, Denis Magnol veille à la préservation de ces écrins. 

Objectif Gard : En quoi consiste votre métier ?

Denis Magnol : Je suis responsable de l’unité départementale de l’architecture et du patrimoine du Gard, rattachée à la DREAL (Direction régionale environnement, aménagement et logement). Ma mission constitue principalement à autoriser des travaux dans le périmètre des monuments historiques.

« Le département le plus riche en secteurs sauvegardés »

Le Gard est-il bien doté en monuments historiques ?

Oh que oui ! Le patrimoine du Gard est remarquable. Nous sommes le département le plus riche en secteurs sauvegardés. Nous en avons huit : Uzès, Nîmes, Sommières, Aigues-Mortes, Pont-Saint-Esprit, Beaucaire, Villeneuve-lez-Avignon et Saint-Gilles. Le premier de France, c’était Uzès après la loi Malraux de 1965. Nous avons également 540 monuments historiques, trois sites classés à l’Unesco ou encore quatre "Grands sites" de France.

Ça fait beaucoup ! À quoi est-ce dû ? À l’histoire gardoise qui est riche ou aux élus locaux qui ont souhaité faire classer leurs monuments ?

Les deux. On a la chance d’avoir un département qui est un territoire de passage, d’échanges culturels. Ça a favorisé l’implantation des hommes, des échanges commerciaux qui ont amené des financements à toutes les époques. Regardez Beaucaire, c’est aussi beau et intéressant qu’une ville italienne. Les gens venaient y faire des affaires. Il y avait des foires. Le centre-ville est constitué d’hôtels particuliers et même de palais. 

Et les élus ont-ils été précurseurs ?

On peut dire ça… Depuis le milieu du XXe, ils ont compris que le patrimoine n’était pas une contrainte mais un facteur d’activité économique et touristique à préserver.

Justement, comment préserver notre patrimoine ?

Grâce au secteur sauvegardé. Les porteurs de projets (publics ou privés) doivent suivre des règles d’urbanisme strictes. Elles prévalent d’ailleurs sur le Plan local d’urbanisme (PLU). Exemple : on ne pourra pas recouvrir de manière définitive un plafond à la française (avec les poutres apparentes) ou détruire des fenêtres du Moyen-Âge que l’on retrouve parfois lorsque l’on décroute une façade…

D'accord mais il faut quand même rendre ces bâtisses habitables pour les citoyens d'aujourd'hui...  

Évidemment, ces immeubles subissent des travaux pour être plus fonctionnels. Seulement aujourd'hui, il a des techniques permettant de ne pas dégrader le patrimoine qui, je le rappelle, témoigne de notre Histoire. Tenez ! Uzès est une ville de pierres, que l'on retrouve majoritairement dans les façades avec un travail fin sur les décors, alors que Saint-Gilles est une ville d'enduit traditionnel à la chaux.

« On vient de découvrir une fenêtre à meneau du XVIe siècle »

Qu’avez-vous découvert de plus insolite ?

Cette semaine, l’immeuble 10 de la rue Dorée a été décrouté. On a découvert une fenêtre à meneau du XVIe siècle (une fenêtre avec un croisé en pierre, NDLR). Elle était recouvert de ciment… Dans ce même immeuble, il y a des plafonds à la française avec des peintures datant du Moyen-Âge. 

Certaines communes, notamment les plus petites, n’ont pas les moyens d’entretenir leur patrimoine… 

Oui, ça peut être le cas des petits bourgs en Cévennes alors que, paradoxalement, d’autres immeubles se construisent autour. Les élus peuvent demander une subvention à la DRAC. Si c’est insuffisant, il y a aussi la Fondation du patrimoine. De toute façon, on essaie le plus possible d’éviter les gros travaux en entretenant régulièrement le patrimoine. Vous savez, une façon de contourner la loi, c’est de laisser pourrir le patrimoine parce qu'à un moment donné, il tombe tout seul.

Quels sont vos cinq monuments historiques gardois préférés ?

Je dirai le Pont du Gard, ensuite l’Oppidum de Nage, à savoir qu'il a été créé bien avant les Romains, vers 600 avant Jésus-Christ. Il y a aussi la Maison carrée, l’escalier Saint-Pierre à Pont-Saint-Esprit et l’abbatiale de Saint-Gilles.

Enfin, pourquoi avoir choisi d'exercer ce métier ?

Je viens de la Dordogne. J’ai baigné dans l’Histoire, surtout la Préhistoire. Ça fait trois ans que je suis dans le Gard. C’est un "métier-passion", seulement les conditions sont difficiles. Nous ne sommes que deux architectes des Bâtiments de France. On manque parfois de temps ce qui peut parfois laisser se glisser des erreurs dans nos dossiers.

Propos recueillis par Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

Coralie Mollaret

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