Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 11.07.2019 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 4279 fois

C'EST ARRIVÉ EN ÉTÉ Depuis 20 ans, l’énigme du petit Hocine

C'est arrivé durant l'été, il y a 20 ans
Crédit Photo: Boris De la Cruz/ Objectif Gard

Qui se rappelle qu’un garçonnet parti chercher du Nutella dans un supermarché d’Alès n’est jamais revenu à son domicile ? Qui se souvient de la photo, du nom d’Hocine Batouche, de sa disparition et de son triste destin ?

C’est l’une des plus énigmatiques affaires criminelles qui ait secoué le Gard et pourtant vingt ans plus tard elle demeure pour la plupart d’entre nous complètement oublié. Et deux décennies plus tard personne ne sait ce qui est réellement arrivé. « J’ai l’impression que tout le monde a oublié le visage de mon enfant. Il y a beaucoup d’émissions de télévision ou de reportage consacrés à des disparitions d’enfants ou des meurtres de gamin. Mais pour mon fils, même à Alès, plus personne ne se souvient que mon petit garçon a été tué et que son assassin n’a jamais été retrouvé », dénonçait il y a trois ans la maman du petit Hocine, dans une rare interview qu’elle nous avait accordée.

Les larmes aux yeux, cette mère de famille, inconsolable depuis, trouvait des mots justes et lançait son espoir que l’assassin de son garçonnet soit enfin arrêté.

« À chaque sonnerie de téléphone je me dis que les policiers vont m’annoncer qu’ils ont arrêté le tueur. Mon mari est décédé de chagrin, deux ans après la mort de notre fils. Aujourd’hui encore lorsque quelqu’un frappe à ma porte j’ai l’espoir de voir Hocine même si je sais que ce n’est pas possible. Je l’imagine avec sa tête d’enfant et un corps d’homme », nous avait déclaré à la même époque cette maman qui ne veut pas que s’arrête le combat pour retrouver l’assassin.

Un dossier criminel non résolu

Hocine a disparu le 10 juillet 1999, alors qu’il se rendait au supermarché de son quartier de la Royale à Alès. C’est sur une distance de 800 mètres, entre son modeste domicile dans une cité de la royale et la supérette, que ce gamin de 9 ans s’est volatilisé alors que la ville grouillait de monde cet après-midi là. En ce jour de grand départ en vacances, personne ne l’a vu effectuer le trajet.

En ce week-end de festivités, personne dans Alès n’a constaté une curieuse discussion, un manège inhabituel entre un enfant et un adulte. Aucune scène surprenante n’a été rapportée aux enquêteurs de la police judiciaire. Pire ! Aucun témoin, salarié ou client du supermarché ne se souvient l’avoir croisé.

Et, manque de chance pour les policiers, les caméras de surveillance du magasin et de son parking, qui auraient pu livrer des éléments primordiaux pour les enquêteurs, ne fonctionnaient pas. Pourtant Hocine s’est bien rendu dans le magasin, car la mémoire de la caisse enregistreuse retrouve la trace du pot de Nutella, acheté entre deux autres consommateurs. Un achat réalisé dix minutes après que le petit Hocine soit parti de son domicile

Quelqu’un l’a-t-il suivi ou a-t-il croisé son bourreau ?

« Il s’est rendu dans ce commerce, mais on perd sa trace juste après, et on n’a aucun élément, témoignage direct ou indirect sur lequel on puisse travailler. On le perd totalement à ce moment-là, sans savoir aujourd’hui encore qui il a croisé sur son chemin », nous explique un policier qui a travaillé au tout début sur ce dossier.

Un dossier jamais refermé depuis 20 ans par la police judiciaire de Montpellier qui a effectué ces dernières années encore des vérifications sur des emplois du temps de personnes interrogées à l’époque du crime. De nouvelles expertises ADN ont même été demandées par le juge d’instruction d’Alès.

Le tee-shirt que portait l’enfant quand il a été retrouvé a été passé au peigne fin avec les nouvelles avancées techniques dont dispose la police scientifique. Mais rien n’y a fait et l’analyse est revenue négative et n’a pas permis d’isoler une trace amenant à un éventuel suspect.

Depuis août 1999 et la découverte de son corps, l’enquête piétine

Le corps de l’enfant a été retrouvé un mois après sa disparition, en août 1999, dans un endroit escarpé, au pied du crassier d’Alès, à quelques centaines de mètres du domicile de ses parents et du supermarché où il est allé chercher le Nutella qu’il aimait tant. Avec l’été caniculaire le corps de petit garçon a été retrouvé à demi dénudé et en état de décomposition. Un secteur qui avait pourtant déjà été ratissé quelques semaines auparavant... L’autopsie n’a jamais pu prouver si l’enfant avait été violé, on sait qu'il a reçu un coup à la tête

Depuis vingt ans une mère de famille dévorée par le chagrin, une famille dévastée par ce crime non résolu, attendent que le dossier criminel évolue enfin et qu’une expertise ou un témoignage puissent livrer le nom du bourreau d’Hocine, ce gamin qui aimait tellement le Nutella...

« On n’a pas un témoignage précis sur lequel on puisse s’appuyer, un élément qui permette de relancer l’enquête et percevoir enfin un peu la vérité », confie maître Nordine Tria, l’avocat de toujours de la maman du garçonnet.

La maman de la petite victime se bat pour connaître la vérité sur la mort tragique de son fils (Photo : Boris De la Cruz/ Objectif Gard)

Le lieu de la découverte du corps d'Hocine, près de l'endroit où vivait sa famille (Photo: Boris De la Cruz/ Objectif Gard)

Boris De La Cruz

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