LES MÉTIERS DES ÉLUS Alexandre Pissas, la sympathie du bistouri
Coup d'envoi, ce dimanche, avec le maire socialiste de Tresques et conseiller départemental. Chirurgien depuis plus de 30 ans, Alexandre Pissas s'attire la sympathie de ses patients devenus pour beaucoup, ses électeurs.
Alexandre Pissas sait ce qu’il veut. Il l’a même toujours su. « À 8 ans, j’ai dit à mes parents que je voulais être médecin. Je leur ai même fait signer un papier pour qu’ils m’autorisent à faire des études ! », se souvient, amusé, l’intéressé. Dans sa famille, point de notables. Juste un goût prononcé pour les matières scientifiques, transmis par son père, ingénieur-chimiste à l’institut polytechnique de Grenoble.
L’envie de « briller »
D’origine grecque, l'Isérois décroche son bac en 1968 et entre en faculté de médecine. « En première année, je suis sorti quatrième sur les 670 », s’enorgueillit l’érudit, « je n’étais pas plus intelligent qu'un autre, seulement je travaillais. » L'étudiant se spécialise dans l’anatomie du système lymphatique (globules blancs qui aident le corps à combattre les infections, ndlr).
Après 14 ans d’études, l’interne devient chirurgien viscéral. La fonction est prestigieuse. Le statut, reconnu. Alexandre Pissas aurait pu se contenter d’une brillante carrière à Grenoble. Une carrière alimentée de surcroît par la présidence de la Société internationale de lymphologie qui le conduit à voyager aux quatre coins du monde. C’est mal le connaître… Avide de reconnaissance, le praticien souhaite enseigner l'anatomie à l'université. Mais la concurrence est rude : « c’est un neurochirurgien, plus âgé que moi, qui a été choisi. »
Se refusant d’être « un soldaillon », il déménage dans le Gard et intègre l’hôpital de Bagnols, rattaché à la faculté de Montpellier. Son audace paie. À 35 ans, l’expatrié devient maître de conférence et deviendra professeur associé en 1997 : « transmettre aux jeunes, ça permet de briller. Soyons honnête, c’est ce que recherchent aussi les hommes politiques », confie l’auteur du Que sais-je ? sur le système lymphatique.
« La vie des gens entre vos mains »
À Bagnols, « il y avait tout à faire au niveau de l’activité chirurgicale. » Le monopole est détenu à l'époque par la clinique, dirigée par le maire de la ville René Cret. « Avec mes collègues, nous avons tout créé. J’y passais mes nuits et mes week-ends », se remémore Alexandre Pissas, nommé administrateur du centre hospitalier deux ans après son arrivée.
Des anecdotes, le chirurgien en a des tonnes : « il y a eu cette femme qui avait pris deux coups de couteau », raconte-t-il, « on pensait que seul le foie avait été touché. Or, la lame avait transpercé le cœur qui s’est mis à pisser le sang en pleine intervention ! » Un cas spectaculaire qui en appelle un autre : « un jour, j’ai dû recoudre une artère maxillaire pour stopper l’hémorragie d’un homme, dont le bras avait été arraché à Vénéjan. »
Pour faire une carrière politique, la médecine est un atout. « Ça vous confère un contact énorme avec la population. Vous avez la vie des gens entre vos mains », reconnaît Alexandre Pissas qui, petit à petit, a délaissé le monde médical pour celui de la politique. À 69 ans, ce boulimique de savoir et de reconnaissance ne semble pas rassasié. Comme si l’élection de Denis Bouad à la présidence du Département, l'avait laissé sur sa faim…
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
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