Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 24.07.2019 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 849 fois

POLITIQUE Le député La République en marche Olivier Gaillard vote contre le CETA

Olivier Gaillard revient sur son parcours et sur sa première année de mandat à l'Assemblée nationale. Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

Étiqueté La République en marche, le député de la 5e circonscription du Gard, Olivier Gaillard, est l'un des neufs élus à s'être opposé, ce mardi au CETA, l'accord de libre-échange commercial entre l’Union européenne et le Canada. Il s'explique. 

Objectif Gard : Vous avez voté contre l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada. Pour quelles raisons ?

Olivier Gaillard : Je refuse de cautionner un paradoxe ! D'abord, cet accord va favoriser l’entrée sur le marché de produits non soumis aux règles exigeantes que l’on fixe à nos agriculteurs (normes environnementales, sanitaires, de traçabilité). Malgré les garanties qui sont censées entourer cet accord, rien n’empêchera pas l’arrivée de bœufs gavés de farines animales, à base de sang, de poils ou de gras de bœuf ! Et puis, en matière d’usage de pesticides, les produits échangés en contiendront. Or, La France s’est dotée d’un plan ambitieux pour rendre notre agriculture moins dépendante à ces produits. Enfin, si le Canada décide demain d’exploiter toujours plus de sable bitumineux ou de s’affranchir de l’accord de Paris sur le climat, le seul recours possible sera le dialogue. Si demain, l’Europe décide de renforcer ses droits de douane et ses règlements sanitaires, le Canada pourrait nous infliger des sanctions commerciales !

« Je vote en toute responsabilité »

Concrètement, quelles conséquences ce traité peut-il avoir sur la France et plus précisément sur le Gard ?

Ma conviction est que le mode de production à protéger et à encourager est celui défendu par la nouvelle marque « Bovigard. » Je viens de l'inaugurer il y a une semaine à Anduze. Avec cet accord de libre-échange, le secteur de la viande bovine et porcine fera l’objet d’une concurrence sur le prix à la production qui desservira nos éleveurs. Alors franchement, je ne peux pas, d’un côté, visiter et soutenir dans ses projets un éleveur pompignanais de porcs Barons des Cévennes, de grands espaces, nourris aux céréales et au petit lait et, de l’autre, ratifier un traité qui aura pour effet de faciliter l’entrée de porcs canadiens, aux coûts de production nettement inférieurs.

Toutefois, selon le gouvernement, cet accord est positif pour nos entreprises. Il permet d’accroître nos échanges avec le Canada. Et qui dit activité supplémentaire, dit emplois supplémentaires, non ?

D'accord mais comment peut-on raisonnablement se contenter de certains chiffres des soldes commerciaux, à un instant T, pour accepter de ratifier cet accord ? En l’occurrence, cet accord ne profitera pas aux producteurs et éleveurs non-industrialisés, qui font le choix du raisonné et du durable. Il va contribuer à les marginaliser encore plus. Je ne conteste pas qu’un tel accord puisse créer des emplois supplémentaires... Mais en soi, dans l’agriculture, la création d’emploi ne signifie pas grand-chose. Ce qui importe, c'est de savoir quelles cultures, quels élevages, quelles formes d’exploitation, quelle consommation et quelles réglementations cela va encourager.

Finalement, le vote de l’Assemblée ne sert pas à grand-chose puisque ce traité est déjà entré en application depuis le 21 décembre 2017...

Absolument pas. Il s’agissait d’une entrée en vigueur provisoire. De plus, fait rare sur un accord international, la représentation nationale de chaque État, dont le Parlement français, peut faire échouer la ratification du CETA en votant contre.

En votant contre, vous vous mettez en marge de la majorité. Du coup, allez-vous quitter LREM pour retourner au PS ?

Votre question est caricaturale et n’a aucun intérêt ! Tout n’est pas aussi simpliste. Il faut arrêter d’associer systématiquement à un vote contre, une fronde. C’est un vote en cohérence avec mes principes. Les enjeux commerciaux sont quasi exclusifs dans cet accord. C’est précisément parce que j’aspire à ce que l’on dépasse ces seuls enjeux, que j’ai voté pour la loi Egalim (alimentation) et que j'ai souligné les avancés de l’accord de Paris sur le climat. Vous voyez, je ne suis pas coutumier du vote contre. Il faut voir les choses dans leur ensemble.

Enfin, vous êtes neuf députés de la majorité à ne pas avoir voté cet accord et 52 de vos camarades se sont abstenus. Ne craignez-vous par des représailles de la part de votre parti ?

Jusqu’à présent, on ne m’a jamais ballonné ! D'ailleurs, un autre accord, cette fois avec le MERCOSUR, est actuellement discuté. J’y suis opposé, et considère que l’on ne peut être contre cet accord, non soumis à la représentation nationale, et avaliser dans le même temps, le CETA. 

Propos recueillis par Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com 

Coralie Mollaret

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