NÎMES Dix mois d’emprisonnement pour l'agresseur d'une jeune policière
Ce matin, lors des comparutions immédiates au tribunal de Nîmes, s’est tenu le procès de celui qui était accusé d’avoir porté des coups à une jeune femme policière. Une affaire qui s’est déroulé la veille.
L’auteur Mohamed comparaissait pour violences sur une personne dépositaire de l’autorité publique, suivit d’incapacité n’excédant pas 8 jours et violences ayant entraîné une incapacité de travail n’excédant pas huit jours. Une dissociation voulu par le parquet (l’ensemble des magistrats du ministère public qui sont chargés de requérir l’application de la loi), qui a estimé que l’auteur ne savait pas au début de l’agression que la victime était policière.
L’audience était présidée par Jérôme Reynes, qui a questionné l’auteur pour essayer de comprendre si oui ou non, ce jeune homme de 21 ans né au Maroc et en situation irrégulière, comprenait le français. Un point crucial pour la suite de l’affaire, devant les dénégations de l’auteur.
Une jeune élève policière agressée
La lecture des faits est rapide, mais les faits sont violents. Ainsi, il est 4h20 le mercredi 21 août, quand une jeune femme, élève gardienne de la paix, se rend au commissariat pour prendre son service et réaliser sa première journée de stage. Elle croise un homme, qui lui demande « une clope », elle lui répond qu’elle ne fume pas mais aussitôt l’individu se jette sur elle. Elle esquive des coups, puis en reçoit d’autres, l’homme tente de l’étrangler, dans un réflexe elle se souvient d’un geste technique pour desserrer l’étreinte de son agresseur. Cela fonctionne, elle se débat, donne un coup de pied, de genou, tombe à terre. Attrape son téléphone et appelle les secours, finalement l’homme s’enfuit. Elle le reconnaîtra formellement peu de temps après lors d’une patrouille.
Dans son box l’auteur, regarde le sol, répond difficilement aux questions du président. Ce dernier lui demande alors de regarder la victime et de dire s’il la reconnait. Ce n’est pas le cas, il dit ne se souvenir de rien, qu’il avait bu ce jour-là. À quelques mètres de là, la jeune femme, en service, est dans son uniforme, tendue et très émue. À son tour le président la questionne et lui demande si elle reconnait formellement l’homme dans le box. Sa réponse est positive, elle est formelle. Comme pour faire un rempart son avocat, Jean-François Corral, vient alors s’asseoir entre sa cliente et l’accusé.
"J'ai eu peur de mourir sous ces coups"
Le procès s’est alors consacré sur un point important. Il s’agissait de savoir si Mohamed savait ou pas que la jeune femme était policière. « Je lui ai dit plusieurs fois. J’ai dit que j’allais appeler des collègues, que le commissariat était proche », explique la victime.
Pour la partie civile, maître Corral, ce dossier qui passe en comparution immédiate, aurait très bien pu avoir une issue plus dramatique. « Nous ne sommes pas face à un simple tabassage. La victime a pu repousser l’auteur, mais elle mettra du temps à s’en remettre. Le vol n’était pas le mobile, elle a vraiment cru qu’elle allait être violée et mourir lors de cette agression ».
La jeune policière a donc raconté cette agression à la fois spontanée, mais très violente. Elle explique les coups, la strangulation, parle de la détermination dont il fait preuve, de son acharnement sur elle. De ce sentiment de solitude, de peur de mourir en allant prendre son service que les coups ne s’arrêteraient pas. « Il voulait juste me frapper, encore et encore. Je savais que si je ne donnais pas l’alerte, je ne pouvais compter sur personne ».
L'auteur est reconnu coupable
Pour le procureur Stanislas Vallat, « les faits se justifient à eux même, la « clope » n’est qu’un prétexte », on comprend dans ses réponses que Mohamed savait que la victime était policière ». Il va donc requérir 2 ans d’emprisonnement et le maintien en détention.
Pour la défense, Ludivine Glories, estime que l’auteur s’exprime avec difficulté : « Je pense qu’il ne comprend pas tout, que ce soit dans notre langue ou dans la sienne. Je me demande si dans l’action, il avait compris qu’elle était policière, ce n’est vraiment pas certain. »
À l’issue du délibéré le président a reconnu Mohamed coupable, et le condamne à 10 mois d’emprisonnement avec mandat de dépôt. Il a aussi été relaxé dans la partie contraventionnelle de ce dossier, seule la partie délictuelle est retenue. Ce qui revient à dire que l’auteur savait que sa victime était policière.
Franck Chevallier
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