Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 11.09.2019 - veronique-palomar - 4 min  - vu 526 fois

MERCREDI CULTURE De la Tauromaquia à la Goyesque, une exposition incontournable

À découvrir jusqu'au 6 octobre au Musée des cultures taurines de Nîmes
Musée des Cultures taurines, "Taureaux de Bordeaux" Franscico de Goya (détail)

Les arènes de Ronda sont les plus anciennes d'Espagne • Jose Moron

Hommage à Goya cette exposition renferme des pièces uniques et précieuses et s'oriente dans trois directions : l'œuvre de Franscico de Goya, les corridas goyesques d'Arles et de Ronda et le cocardier Goya, taureau de légende qui fit trembler raseteurs et public tout au long de sa carrière.

Déambulation magnifique dans l'univers inspiré de celui qui a "imposé une vision plastique de la corrida par le témoignage qu'il nous a transmis des codes de son temps".

Daniel-Jean Valade et Alteh Jourdan en  guides  éclairés et passionnés  (photo Véronique Camplan)

Une visite réussie est une visite commentée. Avoir pour guide, Daniel-Jean Valade, adjoint à la culture de la Ville, aficionado distingué et féru d'histoire, et Aleth Jourdan, conservateur en chef du Musée du vieux Nîmes et du  Musée des cultures taurines, est un privilège rare.

La Tauromaquia de Goya, violence, liberté, modernité et sens du détail

La malheureuse mort de Pepe Illo dans la place de Madrid, eau forte

La modernité traverse l'ensemble de l'œuvre  de Fransisco de Goya (1746-1828). Le peintre se réinvente constamment et transforme son œuvre au gré de ses métamorphoses. Cette remise en question permanente se manifeste notamment dans les différentes représentations de la tauromachie imaginée par l'artiste, de ses portraits de toreros, en passant par la série peinte sur fer blanc.

Parmi les œuvres de l'artiste, sa Tauromaquia, série gravée au cours de la guerre d 'indépendance et juste après celle-ci, ressort tout particulièrement. L'annonce parue lors de sa mise en vente explicitait les intentions de l'artiste : il s'agissait de donner à voir l'histoire de la tauromachie de ses origines jusqu'au temps de Goya sans le secours d'un texte.

Nîmes dispose de l'ensemble des 33 planches qui constituent "la Tauromaquia". Toutes exposées et augmentées des 7 planches supplémentaires des "Taureaux de Bordeaux" , l'ensemble formant une anthologie de renommée mondiale.

Nous pouvons de surcroît admirer deux plaques originales de la "Tauromaquia", gravées par Goya et prêtée par le Madrid caligrafia nacional de la Real Academia de Bellas Artes de San Fernando. Ces deux plaques, pièces précieuses car uniques, ont voyagé sous escorte policière, d'abord espagnole puis française.

Elle sont conservées dans des boîtes spéciales qui règlent température et hygrométrie. L'occasion de découvrir en "creux", le trait si fin et précis du Maître, la douceur de la gravure, la force du trait et l'incroyable foisonnement des détails.

Cette série unique dans son parti pris offre une vision claire de du déroulé historique. L'histoire de la tauromachie y commence par les grandes chasses de taureaux organisées par les Maures et trouve sa forme moderne dans les arènes de Saragosse ou de Madrid non sans avoir vu défiler les nobles à cheval, bien vite remplacés par des valets à pied à l'origine de la tauromachie moderne dont Goya fut le contemporain.

Corridas goyesques

Tout commence à Ronda, un des plus anciennes ville d'Espagne construite sous l'antiquité. C'est en 1954, lors des  fêtes de Pedro Romero, torero célèbre natif de la ville, que la Real Maestanza de Caballeria de Ronda propose première fois une corrida dite "goyesque". Mais c'est Antonio Ordoñez qui lui donnera son véritablement son âge d'or en faisant de la grotesque de Ronda la plus célèbre du pays.

Costume goyesque d'Antonio Ordoñez

Cette corrida goyesque est en tous points conforme dans son déroulement  aux règles et critères de la tauromachie contemporaine. Son originalité tient dans son paseo qui se déroule en costume d'époque de Goya en hommage au peintre.

Arles : une goyesque en terre provençale

En 1999, la direction des arènes d'Arles est confiée à Luc et Marc Jalabert. C'est à leur initiative que se met en place en 2004 la première goyesque devenue depuis cette date le grand événement de la Feria du Riz. Si la goyesque d'Arles reprend le principe de celle de Ronda, elle innove en combinant décor et musique. Différents créateurs sont chargés au fil des années d'imaginer un cadre éphémère à la corrida.

Goya, taureau de légende

Musée des cultures taurines Taureau Goya (photo Véronique Camplan)

S’il est un taureau qui a révolutionné l’univers de la course camarguaise, c’est Goya, né à la manade Laurent. Doté d’une constitution physique extraordinaire, fougueux, combatif, joueur, intelligent, sauvage… Il faisait siennes les règles en entrant en piste. Remplissant les plus grandes arènes sur son seul nom, il était capable de prendre le dessus à la moindre erreur ou inattention.

Il a bouleversé les règles du combat, utilisant l'intégralité de la piste, l'œil aux aguets sur les tourneurs. Il obligeait les raseteurs à partir de loin, à découvert et les poursuivait en contrepiste. Avec lui la contrepiste fait partie du combat ! Il a d'ailleurs épinglé bon nombre de raseteurs et de spectateurs à ce jeu là mais Goya ne s'acharnait jamais, un simple coup de corne lui suffisait ! Toujours dans le mille !  À l'étage de l'exposition, une salle est consacrée à ce taureau de légende, à sa carrière et à sa manade.

Véronique Palomar Camplan

L'exposition se poursuit jusqu'au 6 octobre. Elle est visible au Musée des cultures taurines de 10h à 18h sauf le lundi. Ce musée est gratuit pour les moins de 18 ans. Entrée plein tarif 5 €. L'entrée sera gratuite à l'occasion des Journées du patrimoines, les 21 et 22 septembre prochain.

Véronique Palomar

A la une

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio