Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 02.11.2019 - elodie-boschet - 5 min  - vu 3219 fois

FAIT DU JOUR S’offrir une place au cimetière

Le cimetière de la montée de Silhol à Alès s'étend sur dix hectares et se divise en plusieurs allées. Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

À la Toussaint, on célèbre les Saints. Le lendemain, on commémore les morts. C’est pendant cette période que les cimetières enregistrent leur record d’affluence et de pots de fleurs déposés sur les tombes. Et si c’était l’occasion de préparer l’après ?

Les chrysanthèmes recouvrent le sol, juste à l’entrée du cimetière de la montée de Silhol, à Alès. La barrière ne cesse de se lever, laissant passer les voitures qui montent dans la grande allée principale, entre les tombeaux. Les moteurs s’arrêtent, les portières claquent doucement et des membres d’une même famille, pots de fleurs sous le bras, s’approchent de leurs chers disparus. Chaque année, à la Toussaint, la fréquentation des cimetières augmente significativement. Certaines personnes ne viennent d’ailleurs qu’à cette époque de l’année pour se recueillir. D’autres, au contraire, reviennent plus régulièrement, parfois même chaque jour. « Il y a des habitués qui sont là tous les matins. Souvent, ce sont des gens plutôt âgés ou bien des très jeunes qui ont perdu leurs parents », observe Nadia El Okki, responsable du service funéraire pour la Ville d’Alès.

De 630€ à 3.835€ l’emplacement à Alès

Dans la capitale des Cévennes, le cimetière de la montée de Silhol est le plus grand des trois cimetières que compte la commune. Aménagé dans les années 1820-1830, il s’étale sur dix hectares et rassemble environ 12 000 tombes, des plus anciennes qui datent du XIXe siècle à celles d’aujourd’hui. Et puis, il y a des emplacements vides proposés à la vente à ceux qui souhaitent, d’ores et déjà, réserver leur place pour l’éternité. Plusieurs durées sont proposées : concession trentenaire, cinquantenaire ou perpétuelle. « Celles qui se vendent le plus, ce sont les concessions de trente ans ou perpétuelles. Pour ces dernières, il est obligatoire de construire un tombeau. Il faut savoir que les trentenaires peuvent accueillir seulement deux corps », explique Nadia El Okki. Les prix d’achat pour une concession vierge s’élèvent à 630€ pour trente ans, 1.445€ pour 50 ans et varient de 2.979€ à 3.835€ pour une perpétuelle, selon sa grandeur.

Nadia El Okki, responsable du service funéraire de la Ville d'Alès. Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

Mais qui sont ces personnes qui préparent leur inéluctable destin ? « Beaucoup de quinquagénaires se préoccupent de cela. Souvent, c’est parce qu’ils ne veulent pas laisser leur famille dans le désarroi », répond la responsable du service funéraire d’Alès. De plus, les futurs usagers ont la possibilité, au moment de l’achat, de choisir comment ils souhaitent être inhumés. Pour effectuer toutes ces démarches, il suffit de se rendre dans les bureaux situés à l’entrée du cimetière d’Alès, avec un justificatif de domicile et un chèque au nom du Trésor public. Des cases en columbarium pouvant abriter deux urnes sont également vendues : 460€ pour quinze ans, 630€ pour trente ans et 935€ pour cinquante ans. Quelle que soit la place choisie, mourir a un prix.

Le cimetière Saint-Baudile à Nîmes (Photo Anthony Maurin)

À Nîmes, public ou privé

À Nîmes, pour détenir une concession à perpétuité, le concessionnaire doit être domicilié à Nîmes. Dans le cas d'une concession temporaire, le défunt doit être soit décédé à Nîmes, soit y être domicilié. Le concessionnaire peut, quant à lui, être domicilié ailleurs. Mais comment et surtout quand peut-on acheter une concession ? Pour celles qui sont à "perpétuité", l'achat peut être réalisé à l'avance ou à l'occasion d'un décès. Concernant les concessions temporaires comme la mise en terre, une case de columbarium ou une cavurne, l'achat ne peut être réalisé qu'à l'occasion d'un décès.

Pour les tarifs, le prix des concessions dépend de la catégorie, de la durée et de la superficie. Les concessions sont accordées moyennant une redevance payée en un seul règlement, mais n'oublions pas que le prix des concessions perpétuelles comprend un droit d’enregistrement versé à l’État. Oui, c'est au Trésor public qu'il faut payer !

Le cimetière du Pont de Justice à Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Pour une concession une ou deux places pour une durée de 10 ans, 180€ (420€ avec 1 à 3 scellement d'urnes). Pour 15 ans (269€ ou 509€), 30 ans (437€ ou 677€) puis pour 50 ans, comptez 718€ (958€ avec 1 à 3 scellement d'urnes). Pour une concession perpétuelle de type caveau, de un à quatre places, les prix débutent environ à 2 300€ (plus de 3 000€ pour Saint-Baudile) et grimpent jusqu'à 5 500€ (6 500€ pour Saint-Baudile) pour 12 places.

Si vous préférez reposer dans un columbarium, comptez 400€ pour deux urnes déposées (Saint-Baudile permet  trois urnes pour 500€ et quatre urnes pour 600€). Concernant une cavurne d'une durée de 15 ans également, il vous faudra aller au cimetière du Pont de Justice et débourser 500€ pour un maximum de deux urnes. Enfin, pour l'occupation d'une case au dépositoire, les trois premiers mois à Saint-Baudile coûteront 81€ et chaque mois suivant sera facturé 43€. Si vous voulez en savoir plus et réaliser une démarche en ligne, c'est par ici.

Nîmes a aussi la spécificité d'avoir un cimetière privé : le cimetière protestant qui a ses propres règles, ses propres tarifs.

À Bagnols, plus de concession perpétuelle

À Bagnols, le seul cimetière de la ville compte 5 000 concessions, après plusieurs extensions. La plus grande, la cinquième, accueille notamment un carré musulman. « Aujourd’hui, sauf si le défunt a un caveau familial dans l’ancien cimetière, nous n’y faisons plus d’inhumations, explique le conseiller municipal chargé des cimetières Philippe Berthomieu. Nous proposons la cinquième extension, où nous avons du terrain et où nous créons des allées au fur et à mesure, car nous avons à peu près le même nombre d’inhumations chaque année. »

Depuis le 1er janvier, 102 personnes ont été inhumées dans le cimetière de Bagnols. Elles le sont dans des concessions de deux, quatre ou six places, de quinze ou trente ans, la commune ne proposant plus de concession perpétuelle. Le tarif de la concession démarre à 205 euros pour un terrain nu de deux places sur quinze ans, 330 euros pour quatre places et 460 euros pour six places. Ces tarifs doivent être multipliés par deux pour une concession de trente ans. Ils sont plus élevés si le terrain n’est pas nu : ainsi, pour une reprise de caveau de deux places sur quinze ans, comptez 860 euros.

Vue d'une des allées du cimetière de Bagnols (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Car la concession n’est pas éternelle : en cas d’abandon d’une tombe, une procédure pouvant aller jusqu’à la reprise de la concession, et du caveau qui s’y trouve éventuellement, est lancée. « Nous avons lancé un travail d’inventaire, il y a environ une centaine de tombes qui sont, pour nous, abandonnées », explique Philippe Berthomieu. À partir de là, un procès verbal est dressé pour chaque tombe présumée abandonnée, et un panonceau est disposé à côté de la tombe pour que les ayants-droits se signalent. Ils ont trois ans pour le faire.

Et certains attendent : « J’ai une liste d’attente, explique Fabienne Avis, du service à la population de la mairie. Des personnes veulent se faire enterrer dans l’ancien cimetière, ou reprendre un caveau déjà existant. » Certains caveaux se vendent même sur le Bon coin… « J’ai beaucoup de demandes spécifiques, poursuit-elle. Des gens qui veulent être inhumés sous tel arbre plutôt que tel autre, à l’allée nord, il y a de tout. » Des demandes émanant de personnes « pas forcément âgées, hier (mercredi, ndlr) j’ai eu un couple d’une petite soixantaine d’années. »

Pour ceux qui préfèrent l’incinération, le columbarium du cimetière de Bagnols a été récemment agrandi. Bagnols n’échappe pas à l’augmentation du nombre d’incinérations, et en compte une douzaine par an. Le cimetière compte également un jardin du souvenir, destiné à accueillir les cendres dispersées par les proches du défunt. « C’est réglementé, explique Philippe Berthomieu. Le jardin du souvenir est dans le cimetière, il est fleuri et dispose d’un système qui créé un brouillard d’eau pour faire pénétrer les cendres dans une cuve. »

Le jardin du souvenir est à côté du colombarium du cimetière de Bagnols (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Notez qu’à Bagnols, les défunts reposent dans une terre saine, la mairie n’utilisant plus de produits phytosanitaires depuis plusieurs années. « Notre cimetière est entretenu manuellement, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons dû prendre un prestataire externe », complète Philippe Berthomieu. On le voit, les coûts liés à la mort sont aussi inéluctables que la mort elle-même. 

Élodie Boschet (à Alès), Anthony Maurin (à Nîmes) et Thierry Allard (à Bagnols)

Elodie Boschet

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