Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 01.11.2019 - abdel-samari - 3 min  - vu 2299 fois

LE 7H50 de Jean-Marc Soulas : "Les courses camarguaises sont menacées"

Jean-Marc Soulas. Photo ObjectifGard

Jean-Marc Soulas, président de la Fédération Française de la Course Camarguaise, est inquiet. Un vote prochain des licenciés doit entériner une nouvelle obligation du comité de direction pour conserver l'agrément ministériel. Il nous explique tout cela dans le 7h50.

ObjectifGard : Qu'exige le ministère des Sports désormais ?

Jean-Marc Soulas : Depuis 2014, le ministère des Sports a entamé une politique de parité homme-femme dans les instances dirigeantes des clubs de sport. Et les courses camarguaises sont également concernées. Il s'agit d'une condition indispensable pour conserver notre agrément, nécessaire pour la pratique des courses. On n'a un peu traîné sur le sujet et, aujourd'hui, on est au pied du mur. Les courses camarguaises sont menacées. Il faut donc changer nos statuts et valider cette parité afin de ne pas perdre notre agrément. Pour bien comprendre, perdre cet agrément, c'est perdre toute crédibilité des partenaires qui nous soutiennent tout au long de l'année. Et donc la mort financière de cette tradition.

Où est le problème ? Vous avez certainement des dames licenciées qui seraient intéressées de rentrer au comité directeur...

Ce n'est pas aussi simple. Il faut effectivement avoir désormais 25% de dames au comité, soit six personnes de plus qu'aujourd'hui. Au final, nous devrions être 26 hommes et 9 femmes. Nous avons bien entendu des licenciées qui sont intéressés pour intégrer la direction. Mais il faut des licenciées avec au moins trois ans d'ancienneté. Il faut aussi que l'assemblée générale extraordinaire, qui se réunira le 8 novembre prochain à Saint-Gilles, puisse voter et que nous obtenions la majorité des voix pour modifier les statuts. Je pense que l'on va y arriver mais vous le savez, les élections, ce n'est jamais gagné d'avance.

Y a-t-il une obligation minimum en nombre de votants ?

Non, nous ne sommes pas tenus par un Corum minimum. Maintenant, mon souhait, c'est de faire adhérer le maximum de personnes. Il y a aujourd'hui 2 500 licenciés au sein de la fédération. Tout le monde est appelé à voter. C'est un moment important dans notre histoire. Nous organisons plus de 800 courses chaque année. Ce n'est pas rien. Nous n'avons pas le droit de traiter ce dossier sans le sérieux nécessaire et la volonté qui l'accompagne.

Comment s'est déroulée cette saison ? Etes-vous satisfait ?

Si on m'avait dit en début de saison que nous aurions trois finales aussi intéressantes, j'aurais signé tout de suite. Maintenant, soyons clair : les courses camarguaises souffrent en termes d'images. Sur la piste, le public attend un meilleur spectacle. Les gens réclament des artistes. On pourrait dire que nous sommes dans le ventre mou de notre histoire. Nous perdons chaque année des jeunes raseteurs dans les écoles. Est-ce un problème d'attractivité ? De vocation ? Je n'ai pas de certitude que la pénurie vient de là. Il y a peut-être trop de courses. 830 par an, c'est beaucoup.

Quelles sont vos solutions ?

On voudrait confier une étude complète sur l'avenir des courses camarguaises à une école de commerce. Celle de Montpellier, par exemple. On a trois classes spécialisées dans des collèges du Gard notamment. On travaille aussi avec les écoles de raseurs pour attirer les jeunes. L'idée, c'est d'être au plus près des manades pour être au contact des bêtes très tôt. Faut que les jeunes connaissent tout cela. Depuis quatre ans que je suis là, vous le voyez, je ne suis pas resté les bras croisés.

Et financièrement, après les difficultés de 2016, où en êtes-vous ?

Une grande partie de notre financement provient des communes. Elles portent à bout de bras cette tradition qui est l'ADN de nombreux villages. Je voudrais aussi souligner le travail incroyable des clubs taurins avec des bénévoles extraordinaires qui s'investissent à chaque instant. Enfin, nos revenus sont aussi liés aux guichets d'entrée, raison pour laquelle il nous faut travailler en amont pour proposer dans quelques années des plateaux plus attractifs.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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