Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 09.11.2019 - philippe-gavillet-de-peney - 3 min  - vu 810 fois

LITTÉRATURE Gouvernement et islam : l'ancien général Bedou jette un pavé dans la mare

Jean-Pierre Bedou (Photo : archives Tony Duret / Objectif Gard)

Deux ans après son précédent opus qui avait vocation à décrypter les arcanes de la délinquance, avec "Le pouvoir politique et l'islam : un fiasco permanent de nos gouvernants" Jean-Pierre Bedou apporte aujourd'hui son éclairage sur ce qu'il analyse comme un véritable problème socio-politico-religieux.

Nous vous avions déjà présenté l'un de ses ouvrages "Comprendre les chemins de la délinquance" en 2015. Jean-Pierre Bedou fait à nouveau parler de lui en donnant un nouveau coup de pied dans la fourmilière qui n'épargne pas nos gouvernants. Ancien général dans l'armée ayant suivi une carrière à dominante judiciaire notamment au sein de la gendarmerie, c'est son quotidien d'enquêteur qui l'a confronté avec les problématiques des banlieues.

Publié le 4 juillet dernier, "Le Pouvoir politique et l'islam" évoque la difficulté de nos gouvernements successifs à intégrer l'ensemble de la population, en l'espèce la communauté musulmane, au système démocratique et libéral de la République française. L'auteur y aborde une politique qu'il rend responsable de la ghettoïsation sociale et urbaine qui s'est vite transformée en ghettoïsation culturelle et religieuse.

Bien qu'il ne remette pas en doute les louables intentions des politiques de tous crins qui souhaitent au travers de leurs mesures établir un réel sentiment d'appartenance à la Nation française, l'auteur dresse un constat d'échec de ces différentes politiques : "Nous faisons face à une réelle non-intégration des immigrés et en particulier des musulmans", pointe-t-il.  Selon lui, aujourd'hui encore les jeunes musulmans trouvent pour certains davantage leur identité dans la religion que dans le régime démocratique français.

La faute à qui ?

Les services publics sont souvent mis en cause pour le délaissement des banlieues, considéré par la plupart des jeunes comme une entrave à l'égalité des chances. Mais, à l'appréciation de l'ancien haut gradé, on assiste également à un nombre surabondant d'actions d’assistanat qui tend à engendrer un certain malaise chez les plus démunis ayant le sentiment d'être un poids pour la société.

À l'analyse de Jean-Pierre Bedou, les dispositifs sociaux sont également considérés par beaucoup comme incitant à une trop grande dépendance des populations pauvres ne faisant par là même qu'accentuer ce taux de paupérisme. L'ouvrage détricote ainsi point par point l'action d'un pouvoir politique incapable de supprimer le communautarisme musulman.

Cependant, pour celui qui défend corps et âme la loi de 1905 (*), la responsabilité n'incombe pas toute entière à l'État. En effet, il constate une volonté parfois hégémonique de l'islam, avec des musulmans qui refusent d'adhérer aux valeurs de la République. Après avoir longuement étudié le Coran et les pratiques religieuses musulmanes, l'auteur perçoit une difficulté à faire cohabiter ces deux instances, l'une démocratique et laïque, l'autre religieuse.

Une faiblesse du pouvoir politique ?

De ce fait, le pouvoir politique a été incapable depuis toutes ces années de mettre sur pied une représentation de l'Islam, contrairement aux autres religions monothéistes que nous connaissons. "La religion musulmane est très proche du pays d'origine des immigrés", nous dit-il, lesquels ne se sentent donc pas représentés en France, pas même par le CFCM (Conseil français du culte musulman).

Visiblement, le Gouvernement français ne peut être légitime à offrir une représentation de la religion, seule l'Islam le peut. Jean-Pierre Bedou n'oublie pas de mentionner le problème d'une minorité radicalisée souhaitant la création d'un idéal islamique sur Terre. À la question de savoir si Jean-Pierre Bedou est optimiste quant à une future intégration totale de la Nation au système républicain, il répond : "Oui... C'est un petit oui... Mais il faut être optimiste ! C'est possible si le Gouvernement prend les mesures adéquates et que la religion islamique s'adapte aux lois de la république... Et pas l'inverse!" Et à défaut d'apporter le remède panacée, le "docteur" Bedou revendique d'avoir toutefois bien identifié les symptômes.

Manon Raveleau

* La loi de 1905 acte la séparation des églises et de l'État et instaure le principe d'un État laïque.

"Le Pouvoir Politique et l'Islam : Un fiasco permanent de nos gouvernants" de Jean-Pierre Bedou (168 pages), aux éditions Nombre7. 16,50€. Fnac.

Philippe Gavillet de Peney

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