Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 15.11.2019 - thierry-allard - 2 min  - vu 925 fois

LE 7H50 de l’association ARACAN : « La découverte d’un cimetière dans le camp de Saint-Maurice, un choc »

Les membres de l'association ARACAN, devant le terrain sur lequel se trouverait un cimetière, au camp de Saint-Maurice-l'Ardoise (DR)

La délégation gardoise de l’Association nationale des rapatriés anciens combattants d’Afrique du nord, l’ARACAN, se bat depuis des années pour la cause harkie. Elle a récemment découvert l’existence d’un cimetière sur le camp de Saint-Maurice-l’Ardoise, à Saint-Laurent-des-Arbres. Une nouvelle étape du combat pour les harkis.

Fatiha Gasmi, secrétaire générale de l’ARACAN du Gard, et Nadia Ghouafria, membre du bureau de l’association, ne comptent rien lâcher. La découverte, effectuée par la seconde, de l’existence d’un cimetière en lisière du camp gardois dans lequel des harkis ont été retenus de 1962 à 1976 vient une nouvelle fois relancer leur combat. Elles répondent à nos questions.

Objectif Gard : Comment avez-vous découvert l’existence de ce cimetière, dans lequel jusqu’à 70 personnes ont reposé ?

Nadia Ghouafria : J’ai fait de nombreuses recherches aux archives départementales et j’ai obtenu une dérogation pour consulter des dossiers non-communicables. Dans ces dossiers se trouvaient des documents sur le camp de Saint-Maurice.

Fatiha Gasmi : Deux personnes sont venues soulager leur conscience en 1979 en témoignant à la gendarmerie pour signaler la présence de ce cimetière. Il s’agit de personnes qui ont participé à la vie du camp durant plusieurs années.

Vous attendiez-vous à une telle découverte ?

FG : Nous avions toujours entendu parler d’un cimetière dans de nombreux témoignages. Mais quand on a eu les éléments en main, ça a été un choc.

NG : Dans le dossier, il y a le procès-verbal de la gendarmerie, qui date de 1979, le registre d’inhumations provisoires, le plan de situation du cimetière, des photos sur lesquels on distingue des plaques en bois et des pierres tombales. Il est mentionné l’existence de 31 tombes. Ça fait beaucoup. Sur le registre, on retrouve les noms de 70 personnes décédées au camp. Toutes n’ont pas été inhumées à Saint-Maurice, mais elles vivaient dans le camp.

FG : Ces documents ne couvrent que la période 1962-1964. La suite on ne la connaît pas. Il s’agissait d’un cimetière provisoire. Les personnes inhumées étaient représentées par un numéro.

NG : La dernière inhumation date de décembre 1964.

Certes, mais le camp a été ouvert jusqu’en 1976...

FG : Après 1964, les personnes ont sans doute été inhumées dans les communes, mais nous n’avons pas de certitudes.

Pensez-vous qu’il reste encore aujourd’hui des ossements, des tombes sur place ?

FG : Certains corps ont été exhumés et mis dans des fosses communes mais il doit rester des ossements.

NG : Il restait encore 25 corps en 1979 car certains avaient été exhumés. La question est de savoir s’il en reste dans le cimetière du camp.

Quelle suite comptez-vous donner à ces révélations ?

NG : Nous avons écrit à la secrétaire d’État aux Anciens combattants, Geneviève Darrieussecq. Le but est de faire des recherches pour pouvoir confirmer s’il reste ou non des tombes sur place.

FG : Nous lui avons dit que nous avons été horrifiées par cette découverte. Elle nous a répondu qu’une requête était prescrite. Nous voudrions faire un lieu de mémoire et de recueillement pour les familles. Des parents cherchent leurs enfants et des enfants cherchent leurs parents. Il faut que les familles puissent se recueillir. Il y a des choses cachées. Ce n’est pas normal. L’histoire des harkis se répète. Encore...

Propos recueillis par Thierry Allard

Thierry Allard

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