Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 22.12.2019 - boris-boutet - 2 min  - vu 2939 fois

GRAU-DU-ROI Laurent Tolentino, itinéraire d'un pêcheur improvisé

Croupier dans les casinos en début de carrière, il est devenu pêcheur en 2000.
Laurent Tolentino pêche au Grau-du-Roi depuis près de 20 ans (photo Boris Boutet)

Attablé au Bar des pêcheurs, au Grau-du-Roi, Laurent Tolentino fait la moue. Le vent l'a empêché de prendre la mer. La pêche est devenue son métier il y a près de 20 ans. Un choix presque improvisé. 

Il n'est pas comme tous ces pêcheurs graulens, nés le cul dans la Méditerranée. " Enfant, je n'allais presque jamais pêcher, se souvient Laurent Tolentino. Mon premier métier, c'était croupier dans les casinos. Mais tout est devenu électronique et je me suis vite ennuyé. J'ai tenté d'autres boulots mais rapidement, en habitant au Grau-du-Roi, la pêche est devenue une évidence. Elle me permet d'être mon propre patron et de travailler en extérieur. C'est ce que je voulais. "

Pêcheur à pied jusqu'en 2003, Laurent Tolentino achète son premier bateau. Puis un second, un peu plus grand, qui nommé le Kalvin Kilyan, en hommage à ses deux fils. " L'aîné a 19 ans. Il est né quand j'ai attaqué la pêche, s'amuse-t-il. Aujourd'hui il travaille avec moi. "

Les jours de vent, les Kalvin Kilyan reste à quai. (photo Boris Boutet

Et si Laurent Tolentino s'est improvisé pêcheur, il organise méticuleusement ses semaines. " Ceux qui ne s'en sortent pas dans ce métier sont en général de mauvais gestionnaires, estime le Graulen de 49 ans. En fonction des périodes de l'année, on pêche une espèce plutôt qu'une autre. En ce moment pour nous, c'est la période du poulpe. Mais ce qui conditionne vraiment notre activité, c'est la météo. Quand il y a du vent, on ne peut pas aller en mer. On reste donc à quai pour entretenir le matériel. "

Fort de sa longue expérience, Laurent Tolentino est un observateur avisé de l'évolution de sa profession. " C'est de plus en plus dur, souffle-t-il. Nous sommes deux fois plus nombreux que quand j'ai attaqué et le gâteau est le même. Il faut partager. Et puis on nous demande une tonne de paperasse qui n'existait pas à l'époque. Tout ce qu'on pêche doit être déclaré. "

Rééquilibrer les quotas de pêche du thon rouge

Des difficultés qui l'ont poussé, aux côtés de son épouse, à ouvrir son propre restaurant en 2008.

" C'était un complément d'activité. Les poissons que je pêchais étaient directement servis aux clients, explique-t-il. Mais ce milieu est très prenant et j'ai récemment voulu me recentrer sur mon métier. " 

De retour en mer à plein temps, Laurent Tolentino est témoin du climat qui se dégrade parmi les pêcheurs. " Être aussi nombreux, forcément ça crée des tensions, observe-t-il. Le problème numéro un, ce sont les quotas pour la pêche du thon rouge. En les rééquilibrant, on pourrait mieux se répartir la marchandise et laisser plus de place pour les autres espèces à ceux qui n'ont pas l'autorisation de le pêcher. " Une solution que Laurent Tolentino aimerait voir testée avant sa retraite, prévue d'ici 2026, pour ses 55 ans.

Boris Boutet

Boris Boutet

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