Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 13.01.2020 - boris-boutet - 3 min  - vu 3123 fois

FAIT DU JOUR Bous', grand frère des enfants violents et harcelés à l'école

L'éducateur Bousmaha Amara (à droite) prend sous son aile les enfants en difficulté dans son club de boxe (Photo Boris Boutet)

Depuis cinq ans, Bousmaha Amara s'occupe des enfants vivant une scolarité difficile au sein du Boxing club 1980 de Beauvoisin. Et assume jusqu'au bout son rôle de grand frère. 

" Je préfère qu'on dise que je suis un éducateur qu'un entraîneur. " Champion de France de boxe anglaise dans sa catégorie il y a plus de vingt ans, Bousmaha Amara, la quarantaine, est aujourd'hui bien plus attentif à l'état psychologique des enfants qu'il entraîne qu'à la qualité de leurs crochets. " Les gosses ne parlent pas beaucoup, mais quand l'un d'entre eux n'est pas bien je le vois tout de suite, affirme-t-il. Notre club est complètement tourné vers le loisir et l'apprentissage de la boxe et de ses valeurs. "

" À 10 ans, ma fille parlait de suicide, aujourd'hui elle est championne de boxe "

Et depuis cinq ans, celui que tout le monde appelle Bous' s'est fait une spécialité : venir en aide aux enfants en souffrance. " Quand elle avait 10 ans, ma fille était harcelée à l'école primaire à cause de ses rondeurs et de ses bonnes notes, témoigne Romy. J'avais tout essayé pour lui venir en aide, rien ne marchait. Je l'ai amené à la boxe mais sa confiance en elle était tellement faible qu'elle était incapable de frapper un punching-ball. Pendant un an, il a fallu la forcer pour qu'elle aille à l'entraînement. Mais petit à petit, Bous' lui a permis d'évacuer son mal-être. Aujourd'hui, elle a 15 ans. Elle a perdu du poids, repris confiance en elle est et même remporté un titre de championne du Languedoc ! "

Comme elle, de nombreux enfants harcelés passent entre les mains de l'éducateur. " Mon fils se faisait lui aussi bousculer à l'école primaire, explique Ludivine. C'est un garçon introverti et gentil. Trop gentil. La boxe l'a aidé à dépasser ses problèmes. Un jour, un élève qui avait pour habitude de l'embêter est venu par hasard à la salle. Il a vu mon fils s'entraîner. Depuis, il ne l'a plus jamais importuné. "

"On ne veut pas créer des bagarreurs mais des jeunes respectueux"

Mais la force de Bousmaha Amara, c'est surtout sa capacité à faire se côtoyer enfants harcelés et jeunes violents à l'école. " Ce qui est bien, poursuit Ludivine, c'est qu'aucun enfant ne sait pourquoi les autres sont là. Chacun a son histoire et ses problèmes, mais Bous' préserve leur intimité. Sur le ring, ils sont tous égaux. "

De quoi séduire Flavie, dont le fils de 9 ans était souvent violent à l'école. " Il avait surtout du mal à maîtriser ses nerfs, précise-t-elle. Je l'ai amené chez une psychologue mais pas grand chose ne changeait. Et puis, il m'a demandé à s'inscrire à la boxe. Au départ, j'étais réticente car j'avais peur que ça aggrave ses problèmes. Je l'ai finalement inscrit en septembre et depuis, ça va beaucoup mieux. Sa maîtresse a d'ailleurs souligné ses progrès dans son dernier bulletin. "

Il faut dire que Bousmaha met un point d'honneur à suivre l'évolution du comportement de ses protégés. " Si un enfant s'est mal comporté à l'école ou à la maison, il sait que je serai au courant, appuie celui qui fut pendant plusieurs années médiateur pour la commune de Vauvert. On n'est pas là pour créer des bagarreurs, bien au contraire. L'objectif est de leur donner des armes pour qu'ils soient respectueux et épanouis. "

Au plus près des familles

Peu à peu, l'efficacité des méthodes employées par Bous' pousse de nombreuses familles à faire appel à lui. " C'est peut-être aussi parce qu'il y a de plus en plus d'enfants harcelés, et de plus en plus tôt dans leur scolarité, déplore-t-il. Depuis quelques semaines, je m'occupe d'un collégien dont les parents ont retrouvé une lettre dans laquelle il évoquait l'hypothèse d'un suicide. Il a fait un premier entraînement au club qui s'est bien déroulé mais je veux le suivre de près. Je vais passer un peu de temps dans sa famille pour échanger avec lui. Et s'il le faut, j'irai moi-même le chercher à la sortie du collège. " Un rôle définitivement bien plus proche de celui d'un grand frère que d'un simple entraîneur de boxe.

Boris Boutet

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