Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 14.01.2020 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 2742 fois

FAIT DU JOUR François Séguy : « À Nîmes, la France Insoumise fait n’importe quoi ! »

François Séguy, conseiller municipal et communautaire sortant, membre de la France Insoumise (Photo : Coralie Mollaret)

Le conseiller municipal et communautaire sortant François Séguy  (Photo : Coralie Mollaret)

François Séguy rompt le silence. Conseiller municipal sortant, l'Insoumis est en total désaccord avec la stratégie de son mouvement, désireux de s’allier à Daniel Richard, en vue des municipales nîmoises. 

Objectif Gard : Conseiller municipal sortant, vous n’êtes présent sur aucune liste des municipales. Pourquoi ? Vous aussi, vous jouez la carte du suspense ?

François Séguy : Pas du tout. À Nîmes, la France Insoumise veut s’allier à Daniel Richard (soutenu par le PS et les Écologistes, ndlr). Une décision de Karine Voichet qui se considère investie par notre direction nationale. Moi, je ne peux pas aller sur cette liste qui ne s’inscrit pas à Gauche. À quel moment Daniel Richard parle-t-il de social ? De tarifs des cantines ou de ceux des musées ? Ces problèmes, les élus d’opposition les soulèvent en conseil municipal depuis bientôt six ans. Pour le moment, il n’y a qu’une seule liste de Gauche : celle du communiste Vincent Bouget.

« Je ne pouvais plus me taire »

Pourtant, l'Insoumise Karine Voichet, qui négocie avec Daniel Richard, a été désignée par la France Insoumise comme porte-parole aux municipales… 

Elle est juste porte-parole pour soutenir l’assemblée locale nîmoise. Les militants devaient ensuite travailler avec Nîmes nouvelle page. Ils l'ont fait. Seulement, au moment du choix de la tête de liste, le Parti communiste a souhaité avoir la première place. Ce qui peut se comprendre, au vu de son histoire nîmoise. 

La France Insoumise voulait que la tête de liste du rassemblement de Gauche ne soit pas encartée dans un parti, histoire d'éviter les querelles de clocher... 

Un citoyen encarté est d’abord un citoyen engagé. Et puis, Karine Voichet a proposé sa candidature comme tête de liste. Elle ne voulait pas du PC, mais si c’était elle, ça ne l’aurait pas dérangée ? Soyons sérieux ! Nîmes est une ville de 150 000 habitants qu’il faut connaître. Ce n’est pas de la rigolade.

La France Insoumise et même le Parti socialiste justifient leur position en expliquant que le Parti communiste ne séduit plus les électeurs. 

Oui, mais à Nîmes il a une histoire. On ne peut pas l'éliminer comme ça. Moi non plus, je n’aime pas spécialement le PC. Jusque-là je n’ai rien dit. Mais quand j’ai vu l’annonce de ce changement de stratégie, la semaine dernière, je ne pouvais plus me taire. À Nîmes, FI fait n’importe quoi. 

Quelles relations entretenez-vous avec Karine Voichet ? 

Aucune. Aujourd’hui, je vois qu’elle s’auto-proclame candidate. Elle fait ce qu’elle veut. Par contre, je ne veux pas qu’elle emporte le logo de la France Insoumise avec elle.

« Je suis un peu pris au piège » 

En tant qu’élu sortant, qu’allez-vous faire ?  

C'est compliqué. Je ne peux pas aller sur la liste de Vincent Bouget car je suis fidèle à mon parti, le Parti de Gauche (*) et il est hors de question que j’aille sur la liste de Daniel Richard. 

N'êtes-vous pas un peu pris au piège ? 

Oui c'est ça, pris au piège. J'ai mes convictions, je ne peux pas les trahir. Et en même temps, je ne peux pas laisser faire ça. J'ai reçu beaucoup d'appels d'Insoumis, opposés à cette stratégie. C’est pour ça que j’ai alerté le comité électoral national pour qu’on lui retire le logo.

Vous êtes un élu sortant. N’avez-vous pas raté le coche dans la nouvelle structuration des Insoumis à Nîmes après les élections présidentielles ? 

Moi, je n’ai pas à m’imposer. Je suis un bosseur, pas un communiquant. C’est eux qui sont en marge, pas moi. Je ne peux pas aller dans une association qui se réunit tous les mercredis soir pour faire un casse-croûte ! Je n’ai pas que ça à faire. D’ailleurs, pourquoi ne sont-ils pas venus lorsque l’on préparait les conseils municipaux ?

« L’opposition, c’est du taf »

Quel bilan tirez-vous de ces six ans d’opposition au conseil municipal et à l’Agglo de Nîmes métropole ?

L’opposition, c’est du taf ! Des heures dans les dossiers, dans les chiffres. Pour comprendre, ce n’est pas évident. Les emprunts toxiques, ç'a été vraiment mon combat au début. Nous avons gagné au tribunal administratif : Nîmes métropole avait été obligé de retirer sa délibération pour manque d’information. Elle l’a fait revoter. Seulement, comme je n’ai toujours pas le calcul du montant de l’indemnité à payer à la banque, qui s’élève à 58 M€, j’ai réengagé la procédure.

En quoi votre présence a-t-elle été utile aux Nîmois ? 

Durant les premières commissions sur l’eau, j’ai dit que les rendements étaient mauvais. C’est à dire qu’il y avait beaucoup de fuites. On me répondait à l’époque que ce n’était pas grave, que ça allait dans la terre. Au fur et à mesure, c’est rentré dans la tête... Et dans le nouveau contrat qui inscrit un taux de rendement à 80%. On a mis le nez dans les dossiers et mis la pression à l'exécutif communautaire.

Si vous n’êtes plus élu, que ferez-vous ? 

Je continuerai mon travail avec l’association Eau Bien commun. Et puis on verra, je suivrai peut-être ce qu’il se passe… 

Propos recueillis par Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com 

*Le Parti de Gauche est la formation politique de Jean-Luc Mélenchon. Ses membres sont automatiquement des Insoumis.

Coralie Mollaret

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