Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 22.01.2020 - anthony-maurin - 4 min  - vu 560 fois

NÎMES Un voyage exotique pour un Nîmois qui a côtoyé Rimbaud

Jusqu’au 25 avril, Paul Soleillet et Arthur Rimbaud s’exposent à Carré d’art.
Le buste en plâtre de Paul Soleillet (Photo Anthony Maurin).

L'entrée de Carré d'art (Photo Anthony Maurin).

Une saison en Afrique (c'est le nom de l'exposition), voilà ce qui, pour le moins, a relié l'auteur et le poète internationalement connu au Nîmois oublié par ses congénères mais à l’époque plus connu que l’auteur du bateau ivre. Arthur Rimbaud et Paul Soleillet furent parmi les explorateurs de l'Afrique et de sa corne originelle.

Au pays des toros, parler de la Corne de l’Afrique est d’une logique implacable. Surtout quand un Nîmois est mêlé à l’histoire pour y avoir un peu côtoyé un grand nom de la littérature en la personne du génial Arthur Rimbaud.

Jusqu’au 25 avril, Carré d’art expose avec brio des histoires dans l’Histoire. Nous n'allons pas y faire l'apogée du colonialisme. Il est évident que la vision européenne et surtout française du monde de l’époque ne saurait être appliquée aujourd’hui !

Mais Soleillet comme Rimbaud étaient des hommes à part. Parlons du Nîmois Soleillet (1842-1886). Oui, Nîmes a eu son explorateur en la personne de Paul Soleillet. Au cœur du XIXe siècle, alors que l'Afrique se révèle aux yeux des curieux européens désireux de nouvelles sensations mais surtout d’établir un commerce pérenne, ce continent pose de nombreuses questions et est, finalement, très mal connu.

Quelques phrases du Nîmois (Photo Anthony Maurin).

Après le décès de sa femme un an après leur mariage, la ruine économique de son entreprise et la mort de son père, Soleillet veut changer d’air et, comme il est un fervent lecteur de René Caillé, il veut aller à Tombouctou. Le Nîmois traverse la Méditerranée, apprend l'arabe quand il débarque en Algérie et en Tunisie. Le Sahara il traversera, tout comme le Sénégal, l’Éthiopie puis, Djibouti. Soleillet visite et laisse des traces un peu partout.

Trois autoportraits d'Arthur Rimbaud (Photo Anthony Maurin).

Enfin, à Aden au Yémen, Soleillet meurt  - probablement d'insolation - en septembre 1886 alors qu'il préparait une expédition de livraison de fusils pour l'Éthiopie en collaborant vraisemblablement avec Arthur Rimbaud. Il n'en fallait pas moins pour fixer dans la grande histoire, les petits instants privilégiés de ce petit Nîmois au grand cœur.

Une exposition grandeur nature

Dans le vaste hall de Carré d’art, un buste géant en plâtre, qui était dans les réserves du musée des Beaux-Arts, et qui a servi de modèle au buste en bronze qui était à l’emplacement de l’actuel monument aux morts du 11 novembre, accueille le public. On y reconnaît la barbe de Soleillet, son regard et une partie de son âme.

Une fois déplacé au Bosquet de la Fontaine (entre 1923 et 1942), celui en bronze est ensuite réquisitionné pour être fondu pendant la guerre. Petit hic, nul ne parvient à mettre la main sur une photographie du buste à cet endroit pourtant célèbre de la cité des Antonin. Si vous en avez une, contactez Carré d’art.

Les paysages d'hier et d'aujourd'hui (Photo Anthony Maurin).

Toujours au même niveau, le mur Foster est dédié à l’expo. Des panneaux explicatifs, clairs et concis, une iconographie exceptionnelle de richesse et de qualité pour l’époque, des photos et un film contemporains et le début d’un lien entre les deux hommes. Un lien qui sera ténu mais qui existe bel et bien.

Du Soleillet dans le texte. Une autre approche du colonialisme ? (Photo Anthony Maurin).

Deux portraits exposés de Soleillet seul et de Rimbaud seul ont été pris par le même photographe, un certain Carjat. Carré d’art ayant racheté une grande partie de la correspondance de Soleillet, quelques belles lettres, notamment concernant le début de sa vie d’homme, sont visibles.

Plus qu’une simple exposition

" Enfin les Nîmois sauront qui était Paul Soleillet ! Même ceux qui habitent la rue qui portent son nom ne doivent pas tous le savoir… L’idée de cette exposition a pris corps il y a deux ans, pour honorer sa vie et son œuvre, note Daniel Jean Valade, adjoint à la culture de la ville de Nîmes. Passer par Rimbaud pour le mettre en valeur, évidemment, c’est encore mieux car Rimbaud est connu de tous. Nous avons la chance d’avoir des experts de Soleillet et de Rimbaud pour la création de cette exposition. Nous avons des manuscrits de Rimbaud ! C’est très rare et nous en sommes fiers. C’est un contact avec l’authentique, un lien direct avec celui qui écrit. Face à une lettre de Rimbaud, vous annihilez le temps. C’est un lien intime et charnel "

En haut à gauche, la phrase de Rimbaud mentionnant Soleillet (Photo Anthony Maurin).

La conjonction et l’alignement des planètes étaient donc parfaits. 180 originaux, des choses prestigieuses, des documents plus anecdotiques mais donnant un écho à ces temps révolus mais, chose fondamentale pour un tel rendez-vous, une vraie qualité et une scénographie idéale.

De plus et chose non négligeable, le numérique n’a pas été oublié et des écrans et tablettes viennent agrémenter la visite du badaud qui, par ces biais, s’intéresse plus encore aux artistes présentés. L’exposition se termine par une immersion des plus étranges… Le visiteur est poussé dans la tour Soleillet, toujours debout du côté d’Obock, et au sein de laquelle une magnifique photo de l’explorateur a été prise.

Un manuscrit d'Arthur Ribaud (Photo Anthony Maurin).

Jusqu’au 25 avril prochain, de nombreuses manifestations seront organisées afin d’offrir au public une diversité essentielle dans l’approche de cette exposition. Rencontres, conférences, projection et poésie feront l’affaire !

Jean-Jacques Salgon, Hugues Fontaine et Didier Travier sont les piliers de ce rendez-vous nîmois qui s’adresse à un public bien plus large. Merci aussi aux " prêteurs " privés qui jouent le jeu, notamment pour un manuscrit de Rimbaud acheté très récemment et visible par les Nîmois. Un magnifique livre retraçant une grande partie de la vie de Soleillet et donc de l’expo, Paul Soleillet, un Nîmois en Afrique, est à vendre à la librairie Carré d’Art pour 13,5 euros.

Dans la tour Soleillet (Photo Anthony Maurin).

Anthony Maurin

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