Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 11.02.2020 - abdel-samari - 3 min  - vu 2180 fois

NÎMES "Les trafiquants ne gagneront pas", selon le préfet du Gard

Didier Lauga, préfet du Gard a choisi de s'exprimer en premier sur Objectif Gard après la fusillade survenue lundi soir au quartier de Pissevin, faisant 3 blessés. Il annonce des renforts conséquents et immédiats dès ce soir pour "montrer les muscles" dans le quartier populaire.
Didier Lauga, le préfet du Gard ce mardi 11 février 2020. Photo AS/Objectif Gard

Objectif Gard : Que pouvez-vous nous dire quelques heures après les nouveaux incidents qui se sont produits à Pissevin hier soir ?

Didier Lauga, Préfet du Gard : Je veux rappeler que c’est le Procureur de la République qui est en charge de ce dossier et de l'enquête. Cependant, il faut noter que cette succession d'incidents, après celui du 26 janvier dernier où des tirs à la Kalachnikov se sont déroulés sur le quartier, est extrêmement grave. Nous sommes convaincus qu’il s'agit de querelles de territoires sous fond de trafic de drogue. Il s'agissait hier soir d'une opération bien préparée, bien conduite et rapide. Ce n'est ni un mouvement d’humeur, ni un acte commandité. Cela prend un tour de plus en plus violent avec une cinquantaine de tirs. La dernière fois, personne n’avait été atteint. Cette fois-ci, trois personnes ont été blessées dont une sérieusement. Le scénario le plus probable semble indiquer que les tirs ont été réalisés dans le tas. Il y a une volonté de faire une démonstration de force et nous allons montrer les muscles car les trafiquants ne gagneront pas.

Comment l'État peut à nouveau s'imposer ?

Ce n'est pas d'aujourd'hui. Nous luttons quotidiennement contre les trafics de drogue. Les services de police ont démantelé dernièrement un réseau qui alimentait la Corse. Un groupe d'une quarantaine de policiers a mené une opération très fructueuse, avec une saisie de drogue importante il y a à peine quelques jours. Ce sont de belles affaires comme nous avons coutume de dire dans les services de police. Mais je reconnais que ce n'est pas suffisant.

Comment réagir face à cette flambée de violence?

C'est sur la durée que nous sommes le plus efficace. Je vous rappelle que Pissevin et Valdegour sont des quartiers dits "de reconquête républicaine". Nous bénéficions de renfort supplémentaire avec 15 policiers en plus  destinés à ces quartiers depuis plusieurs mois. Nous employons aussi des méthodes différentes avec les bailleurs, les habitants pour modifier le rapport avec les policiers. C'est un travail sur la durée et nous sommes plus présents sur place. Les forces de l'ordre embêtent les trafiquants car la police est indésirable dans ces quartiers. Nous l'avons vu avec la destruction dernièrement de neuf caméras de surveillance mais nous allons amplifier notre présence sur le terrain.

Quel message portez-vous auprès des habitants très inquiets depuis plusieurs semaines ?

Je comprends leur préoccupation et leur sentiment de démoralisation. Mais je veux rappeler ici qu'il n'y a pas de territoire de non droit nulle part en France et donc certainement pas à Nîmes. J'organise ce soir une visite sur le territoire pour rappeler aux habitants que l'État est à leurs côtés. Je comprends l’inquiétude notamment avec trois personnes blessées. A force de tirer partout, on pourrait déplorer des conséquences plus graves. On ne laissera pas tomber ce quartier. La présence policière va être renforcée et surtout, renouvelée. On ne va pas s'installer à nouveau qu'un seul soir. J'ai obtenu un renfort par des CRS et gendarmes mobiles qui seront présents dans le quartier. Et ces opérations seront renouvelées chaque fois que se sera possible et nécessaire. S’ils n’aiment pas les CRS, une chose est sûre, les délinquants vont pouvoir s’en approcher de près.

Le dispositif de reconquête républicaine ne semble pas avoir porté ses fruits pour sa première année ?

Jusqu’à cette flambée, nous avons connu une première année plutôt positive dans le cadre du dispositif de reconquête républicaine. Nous avons je le crois reconstitué le lien police-population. Des choses concrètes qui déboucheront rapidement sur des résultats. Encore une fois, je comprends la population bouleversée par ces incidents récents. C'est inadmissible. Mais l’État ne lâchera pas ! Ces quartiers vont changer en profondeur. Enfin, j'attire votre attention sur le programme de renouvellement urbain en cours sur ces quartiers dans le cadre de l'ANRU 2. La destruction programmée de la Galerie Wagner permettra d'éviter que cet espace continu à être le théâtre de guet-apens et de violences.

Le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier est en colère. Vous l'avez rencontré cette après-midi. Comment l'avez-vous rassuré ?

Par les éléments que je viens de vous communiquer. Je comprends la colère, la sienne et celle des habitants. C'est la raison pour laquelle des CRS arrivent en renfort dès ce soir. Vous savez, la situation dans ce quartier comme dans de nombreux en France est le symptôme éclatant que les gens ont du mal à vivre. N'oubliez pas que l'Occitanie concentre le plus grand nombre de quartier de la politique de la ville. Dans le Gard, 20% des habitants sont concernés. Nous avons là une concentration de problème sociaux, de pauvreté. Mais il n'y a pas de fatalité.

Propos recueillis par Boris de la Cruz et Abdel Samari

Abdel Samari

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