GARD Violences conjugales : un dispositif innovant d'accueil des victimes
Une centaine de chefs locaux de gendarmeries du Gard (commandants de brigade, de compagnie et de communauté de brigades) ont participé ce mardi 3 mars, à Nîmes, à une formation unique en France concernant les violences intra-familiales organisée aux archives départementales.
Avant même le "Grenelle des violences conjugales" qui s'est tenu entre le 3 septembre et le 25 novembre 2019, le groupement de la gendarmerie du Gard travaillait sur la mise en oeuvre de procédures pour lutter contre ce fléau qui a fait 669 victimes en 2019. Mais depuis le Grenelle, les choses ont pris un peu plus d'ampleur. "Nous avons à disposition des outils qui vont être communs à toutes les unités de gendarmerie, et notamment une mallette pédagogique avec plusieurs modules qui vont aider nos gendarmes sur plusieurs volets : l'accueil, l'intervention et la conduite d'enquêtes", précise le lieutenant-colonel Éric Lévêque, adjoint au commandant de gendarmerie du Gard.
Ces outils (actions de prévention à destination des plus jeunes, formations, questionnaire d'évaluation du danger, tableau de suivi des victimes, fichier de sécurisation des interventions et de protection, etc.) ont été présentés ce mardi 3 mars, aux archives départementales à Nîmes, à l'occasion d'un séminaire de la gendarmerie nationale consacré à la lutte contre les violences intra-familiales.
Le lieutenant Baptiste Rodriguez était l'un des nombreux intervenants (*). Face à une centaine de chefs locaux de gendarmerie du Gard, le commandant de la communauté de brigades de Roquemaure s'est attaché à exposer ce dispositif d'accueil innovant qui sera commun à toutes les brigades gardoises.
Objectif Gard : Ce dispositif d'accueil des victimes de violences intra-familiales a d'abord été mis en oeuvre dans votre communauté de brigades. Quelle est son origine ?
Le lieutenant Baptiste Rodriguez : C'est parti d'une réflexion pour trouver un angle d'attaque différent dans le cadre de l'accueil d'une victime qui a déjà le courage de franchir le pas de la porte d'une brigade de gendarmerie. Il a fallu trouver un schéma global d'orientation, un levier qui touche l'humain pour que puisse se créer instinctivement un lien de confiance, d'écoute, de bienveillance. Cela dans le but la victime se sente écoutée, comprise et que dans le processus et dans le déroulement de l'enquête, on puisse également l'accompagner "post fait".
Vous parlez d'un levier qui touche l'humain, qu'est-ce que ça veut dire concrètement ?
On élabore des fiches réflexes distribuées à l'ensemble des unités du département et chacun en fonction de ses spécificités locales les aménagera. Dans les grandes lignes, il s'agira de comprendre, de se mettre à la place de la victime et, en toute légitimité avec cet effet miroir, d'être en mesure d'instaurer un vrai climat de confiance. Tout cela commence par de l'empathie. L'empathie ce n'est pas rentrer dans la compassion, c'est simplement dire j'écoute, j'entends, je comprends et donc je suis en mesure d'épauler la victime, de l'accompagner sans la juger et donc de l'aider.
Parallèlement à cela, il y aura une phase de confidentialité, chose qui avait parfois tendance à être mal perçue, mal comprise. Le process d'accompagnement en cas d'une victime femme - en 2019 sur les 669 victimes, 79 sont des hommes, Ndlr - pourra se faire avec l'appui d'un gendarme féminin.
Et après ?
Après la phase d'accueil arrive la phase de l'enquête. Il y a un processus avec l'aide et l'appui du CIDFF (Centre d'information sur les droits des femmes et des familles, représenté au séminaire de mardi, Ndlr). La prise de la plainte est accompagnée d'un question d'évaluation du danger inspirée de la méthode canadienne. On essaie de décliner et de ratisser un très large spectre sur l'environnement autour de la victime, la prise en charge des enfants, la prise en charge de la personne elle-même et de tous ses accompagnants. Vient ensuite la phase accompagnement, c'est-à-dire être en mesure avec nos partenaires d'associer le monde associatif, médical et judiciaire pour faire corps autour de ces victimes. Sans oublier de traiter le volet "mis en cause" pour éviter la récidive.
Il s'agit-là du cas où la victime se rend dans une brigade, mais en intervention comment ça se passe ?
Nos primo-intervenants doivent être aussi armés, au sens figuré. C'est-à-dire être préparés à faire face sans appréhension aucune à des cas de violences conjugales au sein même d'un domicile. Les éléments cités et les formations constituent une caisse à outils qui leur permet d'appréhender ce genre de situation. Et puis, la brigade de protection des familles dont je fais partie - un groupe de travail constitué à l'automne 2019 - réfléchit, mûrit les idées venant du terrain pour faire en sorte de créer un vade-mecum qui servira à tous les militaires de la gendarmerie.
Stéphanie Marin
* Joëlle Gras, sous-préfète du Vigan, le général Jean-Valéry Letterman, commandant le groupement de gendarmerie de l'Hérault, commandant en second de la région de gendarmerie Occitanie, le colonel Laurent Hass, commandant le groupement de gendarmerie du Gard, Pierre Couttenier, avocat général prés la cour d’appel de Nîmes, Béatrice Bertrand, directrice du CIDFF, Armelle Dupré, psychologue au CIDFF, Véronique Compan, procureure adjointe au parquet de Nîmes, Nathalie Welte, vice-procureure au parquet d’Alès, le lieutenant-colonel Éric Lévêque, adjoint au commandant de gendarmerie du Gard, le lieutenant-colonel Maddy Scheurer, porte-parole du directeur général de la gendarmerie nationale, le lieutenant Marie-Béatrice Tonanny, commandant le groupement de gendarmerie du Vigan, et l’adjudant chef Marylou Bailly, commandant la brigade de gendarmerie de Lasalle.
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