Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 11.03.2020 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 1644 fois

LE 7H50 du maire de Moussac face à son opposant aux Municipales

Le maire sortant Frédéric Salle-Lagarde et son opposant Jean-Sébastien Dupuy (Photo : droits réservés)

Depuis cinq ans, Moussac, 1 500 habitants, vit au rythme d’une majorité relative (*). Une situation qui résulte de l'éviction de l'adjoint à l’Urbanisme, Jean-Sébastien Dupuy, par le maire, Frédéric Salle-Lagarde. Ce dimanche, les électeurs moussacois diront qui ils veulent dans le fauteuil de maire. 

Objectif Gard : Tout d’abord, comment êtes-vous entrés en politique ? 

Frédéric Salle-Lagarde : J’ai été élu en 2014. Rien ne prédestinait à ce que je devienne maire. Avant d’être élu, j’étais conducteur de travaux dans l’entreprise Lautier Moussac. Mon entrée dans le monde politique relève un peu du hasard. C’est le premier adjoint de l’ex-maire, Marie Laurent, qui m’a contacté pour monter sa liste. De fil en aiguille, j’en ai pris la tête et nous avons remporté les élections dès le premier tour avec 58% des voix. 

Jean-Sébastien Dupuy : Moi, je suis chef de projet dans une société de robotique et je suis au conseil municipal en 2008. J’ai commencé avec l’ancienne maire, Marie Laurent. J’ai quitté son équipe parce que je n’étais pas satisfait. Aujourd’hui, je sais vraiment ce que signifie d’être insatisfait. On a monté une liste en 2014 avec le premier adjoint et puis, au dernier moment, il a cédé sa place à Frédéric Salle-Lagarde. J’ai occupé le poste d’adjoint à Urbanisme avant d’arrêter. 

Pourquoi Jean-Sébastien Dupuy a-t-il quitté ses fonctions d’adjoint ? 

Frédéric Salle-Lagarde : C’est moi qui ait mis fin à ses indemnités. Il ne travaillait pas assez. 

Jean-Sébastien Dupuy : M. Salle-Lagarde a le culte de la pensée unique. Ou vous êtes avec lui ou vous êtes contre lui. D'ailleurs quand je suis parti, deux conseillers de la majorité m'ont suivi. 

Qu’est-ce qui vous différencie l’un de l’autre ? 

Jean-Sébastien Dupuy : Je suis jeune et dynamique. J’ai des enfants et je me préoccupe de leur avenir ! 

Frédéric Salle-Lagarde : Je préfère ne rien dire, après nous allons rentrer dans quelque chose de moche. 

Le château d'eau fait débat

Quel bilan dressez-vous de vos six années de mandat ? 

Frédéric Salle-Lagarde : D’abord, le bilan est financier. Quand j’ai été élu, il ne me restait que 10,44 € sur le compte et 120 000 € de facture à payer ! Aujourd’hui, nous avons un budget d’investissement de 1,7 M€. Il nous a fallu faire des économies en réalisant certaines prestations en interne. Nous avons aussi touché de l’argent lors de la dissolution de notre Communauté de communes, Leins Gardonnenque. On a pu rénover le temple, une partie de l’école. Nous avons réhabilité l’avenue de la République, les arènes…

Jean-Sébastien Dupuy : Frédéric Salle-Lagarde nous fait passer pour une opposition féroce, méchante. Pourtant depuis cinq ans, nous avons voté tous les projets qui nous semblaient constructifs. Seul le château d’eau a été retoqué en janvier. 

Pourquoi l’avoir rejeté ? 

Jean-Sébastien Dupuy : Le village n’en a pas vraiment la nécessité. Aujourd’hui on a une tour qui fonctionne. On n'a aucun intérêt à dépenser 2 M€. La sécurisation de notre réseau d’eau, c’est ça la priorité. Pour 16 000€, on pourrait mettre en place un top remplissage afin d’éviter que nos eaux soient polluées par les produits sanitaires utilisées par les agriculteurs. 

Frédéric Salle-Lagarde : Le château d'eau fait partie de nos deux urgences ! Notre schéma de l’eau potable qui prévoit la création d’un réservoir de 1 000 mètres cubes contre 200 aujourd’hui ainsi que l’équipement en poteaux incendie d’une partie de notre village. 

Si vous êtes élu ou réélu maire, quelles seront vos priorités ? 

Jean-Sébastien Dupuy :  Recréer du tissu social, il en manque, et impliquer les citoyens dans la politique locale. Les bonnes idées, plus on est nombreux, plus elles émergent. D’ailleurs, notre liste souhaite transformer le foyer communal en supérette et, pourquoi pas, y implanter une maison de santé. 

Frédéric Salle-Lagarde : Nous voulons rénover nos bâtiments publics (foyer, temple, mairie…), trop gourmands en énergie. Comme je vous l'ai dit précédemment, la création d'un nouveau château d'eau fait partie de nos urgences ainsi que les poteaux incendie.

La députée Chapelier à Moussac ?

Lors de la dissolution de Leins Gardonenque, vous avez rejoint la Communauté de communes d’Uzès et non celle de Nîmes métropole. Regrettez-vous ce choix ? 

Frédéric Salle-Lagarde : Pas du tout. Moussac est d’avantage tourné vers Uzès. Nous avons une partie de l’activité d’Haribo sur notre territoire. Vous savez, on m’a demandé de venir à Nîmes. À titre personnel, j’aurai touché une indemnité de 1 000€ en tant que maire. Mais ce n’est pas les intérêts personnels qui m’ont motivé. D’ailleurs, si je ne touche rien comme indemnité à Uzès, les attributions de compensation ont presque doublé pour Moussac et à Uzès. Notre voix compte plus qu’à Nîmes. 

Jean-Sébastien Dupuy : Moi, je ne sais pas si c'est vraiment le maire qui a refusé. Au départ, on voulait rester dans Leins Gardonenque. La résistance est toujours plus payante à l'arrivée. Nous, nous étions également d'accord pour aller à Uzès, un territoire dont on est plus proche et qui correspond à notre échelle.

La députée de la 4e circonscription, Annie Chapelier, aurait souhaité s’investir dans la politique moussacoise. L’avez-vous rencontrée ?

Jean-Sébastien Dupuy : Jamais ! Par contre, je sais qu’elle est allée voir le maire. 

Frédéric Salle-Lagarde : Au départ, j’avais demandé à sa sœur. Elle m’a fait part de sa démarche d’être dans l’équipe. Elle disait qu’elle avait besoin d’avoir les pieds dans la boue d’une collectivité pour comprendre réellement nos difficultés. Si je la crois sincère, notre équipe n’a pas souhaité accéder à sa demande. En étant étiquetée La République en marche, qui n’est pas en odeur de sainteté, c’était un risque à prendre. Nous avons préféré ne pas le prendre. 

Propos recueillis par Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

* Le maire sortant doit avoir a minima l'abstention d'une partie de son opposition pour entériner ses budgets. 

Coralie Mollaret

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