Sept ans après un combat perdu contre l’implantation d’une antenne SNCF juste en face de chez lui, Daniel Marion, 64 ans, mène une nouvelle fronde dans son quartier des Cigales, au sud de Pont-Saint-Esprit, contre la construction d’un nouveau lotissement.

Ce retraité de l’ingénierie à Areva, devenu depuis hypnothérapeute, ne décolère pas, et lie les deux dossiers. Car l’antenne, qu’il affirme « soixante fois plus puissante qu’une antenne de téléphonie mobile », créerait « un champ électromagnétique puissant dans un rayon de 150 mètres », provoquant « des nuisances sanitaires, qui touchent l’individu. »

Or, les nouvelles constructions, 23 logements chemin de Saint-Alexandre par le bailleur social 3F Occitanie et 61 logements impasse de Gaujac par le bailleur social Logis cévenols, qui poussent à côté de chez lui, sont à l’intérieur de ce périmètre. Il affirme avoir informé « les personnes actuellement en place » à la mairie de ce problème. Sans suite.

La voirie pas adaptée

Outre ce problème « sanitaire », insiste-t-il, Daniel Marion en pointe un autre, plus urbanistique celui-là : « Il n’y a eu aucune étude d’urbanisme, ni de circulation de ce projet. » Il est vrai que le chemin de Saint-Alexandre et la rue des Cigales voisine sont étroites, et qu’on a du mal à s’y croiser. C’est aussi le cas sur le petit pont qui enjambe la voie ferrée tout à côté. « C’est déjà extrêmement compliqué pour se croiser, et ce sera infernal », pronostique le Spiripontain, imaginant le flux de voitures supplémentaire induit par les nouvelles constructions. Il précise par ailleurs que « ce n’est pas le fait d’avoir des constructions sociales le problème, c’est la quantité. »

Idem pour les parkings, et pour l’école Villa-Clara, « qui est déjà saturée », affirme Daniel Marion, qui peste aussi contre le projet d’élargir un chemin de terre reliant la rue des Cigales et l’impasse de Gaujac, de l’autre côté des constructions, « et ajouter encore des logements sociaux sur deux terrains situés sur ce chemin », affirme-t-il. Il cite des sources au sein de la mairie pour appuyer ses dires, tout comme pour affirmer que les futurs occupants « viennent des cités d’Alès ou des Escanaux (à Bagnols/Cèze, ndlr). » Sans compter la valeur des maisons voisines de ces nouvelles constructions, qui aurait pris un sérieux coup dans l’aile : « Mon voisin a fait faire une nouvelle estimation de sa maison. Elle a perdu 150 000 euros », souffle-t-il.

La mairie ferait la sourde oreille face aux inquiétudes des riverains. Daniel Marion cite notamment « une pétition il y a plusieurs mois qui est restée lettre morte » et garde une dent contre l’équipe municipale actuelle après l’histoire de l’antenne. Lui affirme qu’il s’était échiné à trouver une solution à l’époque - « un terrain à Saint-Alexandre à côté d’une rivière » - mais que l’affaire ne s’est pas faite « alors qu’un rendez-vous était fixé avec la mairie en préfecture uniquement pour signer. »

Conscient que médiatiser une telle affaire à quelques jours du premier tour des municipales peut interroger, Daniel Marion assume de vouloir en faire un sujet de la campagne. Lui, qui confie avoir choisi à titre personnel la liste conduite par Catherine Chantry pour cette élection, l’affirme : il n’est « pas politique. » « Je veux mettre les responsables, qui se représentent, face à leurs responsabilités », lance-t-il, alors que le maire, Claire Lapeyronie, était en rendez-vous avec des riverains du quartier ce mardi matin.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

Contactée, le maire de Pont-Saint-Esprit, Claire Lapeyronie, se dit « étonnée » que Daniel Marion n’ait pas été présent à la réunion de mardi matin « où les échanges ont été très constructifs et les réponses claires », affirme-t-elle. Sur la question des accès aux nouveaux logements, « une étude est en cours pour voir comment sécuriser ce flux », affirme l’élue, qui dit attendre les conclusions de ladite étude. « À terme, les rues seront élargies », avance-t-elle, tout en affirmant que sur la question de l’élargissement du chemin évoquée par Daniel Marion, « rien n’est décidé. » Sur la provenance des futurs occupants, « il y a beaucoup d’intox. Ça passera comme pour tous les logements sociaux par une commission d’attribution », répond Claire Lapeyronie. Idem pour les autres logements sociaux dont parle Daniel Marion. « Ça ne me parle pas, affirme Claire Lapeyronie. On est quand même beaucoup dans le phénomène de la rumeur. » Quant à la question « sanitaire » de l’antenne SNCF, « il n’y a pas de sujet, ça a été vu par les services compétents. Il n’y a pas de problème sanitaire », affirme la maire de Pont, qui « (s’)étonne que ce sujet arrive quatre jours avant le premier tour. »