Cette semaine, l'APF (anciennement association des paralysés de France) France Handicap du Gard a interpellé par courrier les candidats aux municipales. À Bagnols, deux femmes en sont membres et racontent leur quotidien dans la ville avec leur handicap et ce qu'elles aimeraient voir changer.

Michèle Germain-Savoye a été atteinte il y a vingt ans du syndrome de Guillain-Barré, la paralysant des orteils jusqu'au buste. Un mal qui a duré de nombreux mois. Aujourd'hui, elle en est guérie mais le temps a fait son oeuvre. Elle est obligée de se déplacer maintenant avec une canne pour soulager ses jambes douloureuses et ne peut pas marcher sur de longues distances. Elle a fait une chute l'année dernière et s'est fracturée une vertèbre. Elle porte aussi une ceinture lombaire pour la maintenir.

Pas facile de faire avec ces douleurs surtout quand "les trottoirs sont en mauvais état notamment vers chez Boom ou très étroits comme devant la MAS par exemple", affirme-t-elle, avant de poursuivre : "Un fauteuil roulant ne passe pas, une poussette ne passe pas, moi avec mon caddie, je ne passe pas." Elle déplore aussi un certain nombre de passages protégés avec des trottoirs au bout qui sont trop hauts : "Ça touche aussi les personnes atteintes de handicap peu visible et qui sont incapables de lever leurs jambes".

Plus de bancs et un musée inaccessible

Autre point qu'elle remarque : le manque de bancs. "Il n'y en a vraiment pas beaucoup à part quelques-uns place de la mairie." Elle ajoute : "Quand je vais de la rue Rivarol jusqu'aux impôts, je ne peux pas me reposer. Si je suis fatiguée au moment de remonter, je ne peux que m'asseoir sur un pot en gré."

Devant sa maison, rue Rivarol, elle a aussi installé tout un stock de sacs à déjections canines. Elle se rappelle encore la mauvaise expérience d'une mamie qui avait du mal à se déplacer, n'y voyait pas beaucoup et a basculé en arrière en glissant sur une crotte de chien : "Je l'ai rattrapé en plein vol. Moi je fais très attention."

Alors Bagnols, ville peu favorable aux personnes paralysées ? "Non, ça va, c'est correct, il y a juste quelques bricoles à faire", assure-t-elle. Elle trouve très pratique l'aménagement des rues piétonnes. Mais il y a tout de même un sujet qui la met en colère : l'accessibilité limitée au bâtiment de la mairie. "Le musée est inaccessible pour les handicapés, la salle des mariages pareil. Au premier étage, c'est aussi une salle de vote en période électorale. Une amie qui est en fauteuil n'a pas pu voter au premier tour des législatives car personne n'avait pris en compte son handicap en amont. Le monsieur lui a dit qu'il ne pouvait pas descendre les urnes." Michèle Germain-Savoye rêverait de voir un ascenseur dans la cour en verre de la mairie qui pourrait desservir les deux étages.

Une journée où les élus se mettent dans la peau d'une personne handicapée

L'amie en question, qui n'a pas pu voter, c'est Roselyne Bertin, 65 ans, atteinte de la polio. Elle qui entend souvent parler du musée n'a jamais pu s'y rendre. "Le seul lieu où je peux aller sans trop de mal, c'est l'espace Saint-Maur quand il y a des expos", dit-elle. Avec son fauteuil, difficile aussi de faire les magasins. "L'autre fois, j'ai dû essayer une paire de chaussures dehors car c'était trop étroit."

Installée depuis 2016 dans une petite artère adjacente de la rue Rivarol, trouver un logement accessible n'a pas été facile non plus. Elle rêverait que les futurs élus se mettent une journée en situation de handicap "car c'est là qu'on voit les difficultés". Et forts de cette expérience, qu'ils aménagent un ou plusieurs appartements adaptés. "Les prises en bas par exemple, pour moi c'est inutilisable. Si elles sont placées plus haut sur le mur, je peux m'en servir et en plus, les jeunes enfants ne peuvent pas y toucher."

Marie Meunier