Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 16.03.2020 - corentin-corger - 4 min  - vu 1760 fois

LE 7H50 de Didier Lauga, préfet du Gard : "Seules les personnes dans un état grave seront admises au CHU"

Le préfet du Gard, Didier Lauga, Photo : Coralie Mollaret)

Le préfet du Gard sur le plateau d'Objectif Gard, hier soir (Photo Romain Cura)

Présent hier soir sur notre plateau, le préfet du Gard, Didier Lauga, est revenu sur cette journée des élections municipales mais également sur l'épidémie du coronavirus. Il est l'invité du 7h50. 

Objectif Gard : Comment s'est déroulée cette journée d'élections dans un contexte exceptionnel ?

Didier Lauga : C'est une crise sans précédent. Cela a été dit au niveau national, je ne vais pas dire le contraire. Techniquement les opérations électorales se sont bien passées. Globalement, nous avons l'impression que les consignes passées ont été respectées. Il y a 351 communes dans le Gard, dans certaines comme Nîmes et Alès il y a plusieurs bureaux de votes. Donc ça fait beaucoup de lieux pour garantir absolument de partout, sans aucune exception, que les règles ont été respectées. Mais dans l'ensemble ce fût le cas. Quant au respect du code électoral, il y aura probablement des contentieux mais pas de questions majeures qui soient remontées jusqu'à la préfecture.

Avec ce taux d'abstention inédit, est-ce que ce premier tour est légitime ?

Oui forcément, ces élections ont été organisées en respectant toutes les règles démocratiques et le code électoral. Je n'ai pas entendu dire a posteriori : annulons le premier tour car il n'y a pas eu assez de votants. Bien sûr, certains ont émis des doutes sur la légitimité des élus mais cela est vrai pour toute élection. On est dans un contexte très particulier avec une abstention record mais il y a quand même des gens qui sont allés voter. Et pour moi les élus qui sont issus de ces élections du premier tour sont bien légitimes.

Dans cette situation, allons-nous pouvoir maintenir le deuxième tour  ?

La décision du second tour c'est le Gouvernement qui la prendra en fonction de l'avis du comité d'expert qui est censé se réunir mardi. On devrait être fixé sur ce point. Plutôt ce sera dit mieux cela vaudra. En tout état de cause dans les analyses que j'ai entendues, si le second tour était reporté les gens qui ont été élus ce soir resteraient élus. La seule chose qui pourrait arriver et qui déconcerterait certainement les électeurs, d'après certains constitutionnalistes, c'est que si on reportait le second tour il faudrait tout recommencer dans les villes où il n'y a pas eu d'élu au premier tour comme à Nîmes. En revanche, les maires qui ont été élus ce soir resteront maires pendant six ans.

Sur le coronavirus, avez-vous des informations sur l'état physique et psychologique du personnel de santé dans le Gard ? 

Ce n'est un secret pour personne de dire que cette nouvelle crise n'arrange pas les choses. Mais les témoignages que j'ai, c'est que les personnels médicaux répondent bien présent aux défis qui leur sont adressés. Tous les soignants font leur travail avec beaucoup de courage, je ne peux que leur rendre hommage. Je n'ai pas connaissance d'un état d'usure ou de fatigue qui seraient préoccupants du fait qu'ils seraient épuisés. Ils sont très sollicités mais ils seront en mesure de répondre à l'attente de la société. J'ai confiance en eux.

Que peut-on dire pour rassurer les Gardois ? 

Premièrement, je trouve que l'inquiétude est légitime. Quand on arrive comme moi en tant qu'étranger dans cette terre gardoise, on apprend tout de suite le sens du terme "réboussier". Ceux qui disent non. C'est une terre particulièrement rétive à toutes les injonctions qui viennent notamment du nord de Paris. Nos concitoyens gardois ont pris la mesure de cette crise et le fait qu'ils soient inquiets est pour moi un point positif. Ensuite, il ne faut pas tomber d'un excès dans l'autre. Pour le moment, on a pas décidé au niveau national d'un confinement général de la population.

Cela pourrait-il arriver ?

Bien entendu. Cela se pratique ailleurs dans d'autres pays voisins. Nos voisins de l'Hérault ont un de ces "cluster", foyer de maladie qui a amené, avant même les mesures nationales, à la fermeture des écoles dans 16 communes. Qui en plus pour une partie d'entre elles sont riveraines du Gard. L'inquiétude est légitime mais il ne faut pas tomber dans un excès qui consisterait à rester cloîtré chez soi et à ne plus rien faire. Il faut bien sûr faire des courses alimentaires, c'est la moindre des choses. Le Gouvernement a prévu que tout le monde puisse continuer à aller travailler. Il y aura des transports. Ce virus ne circule pas tout seul dans l'air, il est porté par des personnes. Si vous vous promenez dans un lieu naturel et que vous évitez le contact avec des surfaces qui ont pu être touchées par d'autres personnes, profitez-en. On arrive à la belle saison. Pour le moment, il n'est pas interdit d'aller prendre l'air en dehors de chez soi.

Sommes-nous toujours à 22 cas dans le Gard ? 

On n'a plus de comptabilité par département. Ce qui est assez logique puisque le stade 3 est un stade où l'on procède différemment. Les choses changent. Si vous avez des symptômes mais que nous n'avez pas un état alarmant, on vous dira de rester chez vous et peut-être de prendre un médicament contre la fièvre mais ça s'arrêtera là. On ne va plus faire d'évaluation systématique et par conséquent on aura plus d'évolution au jour le jour. Ce chiffre de 22 est arrêté depuis déjà au moins 48 heures. Seules les personnes dans un état grave seront admises au CHU.

Propos recueillis par Abdel Samari et Corentin Corger

Corentin Corger

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