Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 30.03.2020 - anthony-maurin - 3 min  - vu 2008 fois

CORONAVIRUS L'Insee sort ses premières estimations économiques

Image d'illustration [Photo via MaxPPP] - PHOTOPQR/L'EST REPUBLICAIN/MAXPP

(Photo Archives Baptiste Manzinali / Objectif Gard).

L’Insee publie une première estimation de la perte d’activité économique liée à la crise sanitaire en cours.

Jean-Luc Tavernier, directeur général de l’Insee est clair : "Il y a dix jours, l'Insee a fait savoir que la note de conjoncture de mars était ajournée et que l'Institut se donnait pour objectif de faire une évaluation de la situation économique toutes les deux semaines. C'est aujourd'hui (NDLR, jeudi 26 mars) que nous publions une première évaluation, en même temps que nous publions, comme chaque mois, les résultats des enquêtes de conjoncture."

Et Jean-Luc Tavernier de reprendre : " À l'heure actuelle, nous estimons ainsi que l'activité est à environ 65 % de la normale. Je n'ai pas voulu que nous donnions une estimation de la croissance du PIB trimestrielle et a fortiori annuelle. Cela dépendra notamment de la durée de cette période de confinement, que nous n'avons aucune légitimité ni aucune compétence à prévoir. En matière de consommation, nous estimons que la consommation totale des ménages français s'établit actuellement aussi à 65 % de la normale, avec des différences sectorielles évidemment très marquées. Dans ce premier exercice, nous n'avons pas essayé d'évaluer d'autres grandeurs."

Mars 2020, en France. Dans une situation très évolutive, vous l'aurez compris, les résultats des enquêtes de conjoncture dépendent étroitement de la période de collecte. Depuis le début de l’année 2020, l’épidémie de coronavirus, après avoir frappé la Chine, s’est propagée dans le reste du monde. Les mesures prises pour endiguer cette crise sanitaire ont des conséquences lourdes sur le fonctionnement des différentes économies. Les annonces en la matière se sont succédé à un rythme rapide dans les différents pays concernés.

Les enquêtes de conjoncture françaises relatives à janvier et février ont été relativement peu touchées par les effets de cette crise. En revanche, les résultats collectés en mars reflètent directement les inquiétudes des entreprises dans ce contexte inédit. Mais ils ne les reflètent sans doute que partiellement.

(Photo Anthony Maurin).

Selon la publication de l'Insee, les enquêtes de conjoncture de mars 2020 montrent une lourde chute du climat des affaires, en lien direct avec la crise sanitaire en cours. Au niveau global, le climat des affaires perd 10 points, à 95. Il s’agit de la plus forte baisse mensuelle de l’indicateur depuis le début de la série (1980). En octobre 2008, après la faillite de la banque d'investissements américaine Lehman Brothers, l’indicateur avait chuté de 9 points. L’indicateur de climat de l’emploi connaît également sa plus forte chute depuis le début de la série (1991). Il perd 9 points et atteint 96.

Au niveau sectoriel, les indicateurs de climat des affaires se dégradent considérablement dans les services (-14 points) et dans le commerce de détail (-13 points). Ils se détériorent également dans le commerce de gros (-5 points) et dans l’industrie (-3 points). En particulier, les perspectives générales d’activité dans chaque secteur sont jugées en nette baisse : les soldes d’opinion correspondant perdent 15 points dans les services, 25 points dans le commerce de détail, 33 points dans l’industrie et dans le commerce de gros.

Les activités agricoles devraient se poursuivre seulement un peu en-deçà de la normale et les industries agro-alimentaires seraient moins affectées que le reste de l’industrie. L’ensemble ne verrait son activité fléchir que légèrement. En revanche, compte tenu des remontées obtenues dans les différentes branches industrielles, seule la moitié de l’activité du reste de l’industrie serait maintenue.

image d'illustration

À partir des mesures mises en place pour le confinement (liste des commerces pouvant rester ouverts), des remontées des fédérations professionnelles ainsi que des données quotidiennes liées aux transactions par cartes bancaires, il est aussi possible d’estimer l’évolution de la consommation des ménages, en instantané par rapport à une période normale. La consommation des ménages se replierait ainsi très fortement, de l’ordre de -35 %.

L'estimation de la perte de consommation des ménages liée aux mesures d’endiguement est elle aussi contrainte. La plus forte contribution à cette baisse résulte de l’effondrement de la consommation de nombreux biens de l’industrie manufacturière (-60 %), qui compte pour 18 points de cette baisse. Certaines dépenses de consommations se sont réduites au minimum, entre -100 % et -90 % (matériel de transport, textile, habillement). D’autres se maintiennent (électricité, eau), voire augmentent légèrement (industrie pharmaceutique, +5 %).

Comptablement, un confinement d’un mois aurait un impact de l’ordre d’une douzaine de points de PIB trimestriel en moins (soit 3 points de PIB annuel). L’Insee tentera, dans les prochaines semaines et si possible d’ici une quinzaine de jours, d’examiner comment évoluent ces estimations et d’apporter des éclairages sur la situation conjoncturelle de la France.

Anthony Maurin

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