Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 02.04.2020 - marie-meunier - 4 min  - vu 26232 fois

FAIT DU JOUR Guéri du coronavirus, Nicolas Debuyser témoigne

Ce papa de 37 ans, habitant Saint-Victor-la-Coste a été admis six jours au centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze.
Nicolas Debuyser a senti les premiers symptômes du Covid-19 à partir du mardi 17 mars. (photo DR)

"Ce n'était pas mon année décidément", atteste Nicolas Debuyser. Après avoir perdu sa maman et vu son foodtruck détruit par les flammes, un autre malheur s'est abattu sur ce papa de 37 ans, habitant Saint-Victor-la-Coste. Il a attrapé le coronavirus il y a environ deux semaines. 

Deux semaines de fièvre, de toux, de fatigue et surtout de peur. Aujourd'hui guéri, il a ressenti le besoin de parler de sa maladie sur Facebook dans une longue publication. "Sur les 300 personnes qui ont commenté, c'est que des gens que je connais. Beaucoup de monde m'envoie des messages, ça fait vraiment plaisir", confie-t-il. Et du soutien, il en a reçu aussi de sa femme, Camille, et de son fils de 12 ans, Lenny. "On n'a pas encore fait de gros câlin depuis mon retour de l'hôpital mais ça ne devrait pas tarder", dit-il amusé. Par chance, aucune personne de son entourage n'a contracté le covid-19.

Même s'il n'est plus contagieux, Nicolas Debuyser préfère prendre encore des précautions. Fort heureusement, il n'est pas passé par le case réanimation, mais il revient de loin. Il a attrapé une forme "bien tapée" du coronavirus, c'est ce qu'on lui a dit au centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze, où il est resté six jours.

Six jours durant lesquels le personnel hospitalier, bien protégé par des masques et des gants, lui rendait visite pour prendre sa température, lui faire prendre son traitement et lui donner à manger. Les assiettes, il ne les touchait quasiment pas puisque la maladie lui a totalement coupé l'appétit. Il a d'ailleurs perdu 5 kg en 2 semaines.

La peur de mourir

"Dans les hôpitaux, on voit suffisamment de choses graves qui arrivent aux gens pour des petites toux au départ. J'avoue, j'ai pleuré. J'avais peur de ne pas revoir ma famille", témoigne-t-il, avant de poursuivre : "Quand on est un grand gaillard de 1,85 m, 110 kg, plutôt sportif, plutôt en bonne santé, on n'imagine pas qu'il puisse nous arriver ça."

Dès son admission au centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze, on l'a mis "dans le bain": "Quand on arrive à l'hôpital, on vous demande votre position sur l'acharnement thérapeutique. On vous demande si vous voulez être traité coûte que coûte. Ils voient tellement de cas, ils ont du mal à vous dire que cela va bien se passer. Il n'y a pas de certitude." La peur de mourir est donc bien là. C'est bien la première fois que Nicolas Debuyser était confronté à cette situation. Il ne devrait pas garder de séquelles physiques mais il ne peut renier le choc psychologique.

D'autant que sa prise en charge n'a pas été immédiate. Juste avant que le confinement ne soit promulgué par le Gouvernement, il s'est rendu à Lille pour une affaire familiale. Il imagine qu'il a attrapé le virus en redescendant dans le Sud : "J'ai touché les surfaces au péage que des milliers de personnes ont touché aussi. Je me suis arrêté sur les aires d'autoroutes." Le mardi 17 mars, il sent qu'il est pris au niveau des bronches, il a mal à la tête. Deux jours après, il ne pouvait plus quitter son lit. Des courbatures, une grosse fièvre, une toux se sont ajoutées à ses symptômes. Impossible de joindre un médecin, sûrement débordé par les appels. Nicolas Debuyser appelle directement le 15 qui lui dit de rester à la maison, confiné.

Un traitement à la chloroquine

Il est installé dans la chambre d'amis. Sa femme lui rend brièvement visite trois fois par jour pour lui donner des médicaments et à manger. Il se dit que la maladie passera au bout de 3-4 jours. Mais le dimanche 22 mars, son état s'aggrave, la fièvre monte en flèche jusqu'à frôler les 40° et il est pris d'intenses quintes de toux. Il n'y tient plus, il rappelle le 15 le lundi matin avec une idée en tête : que quelqu'un vienne le chercher.

Il est finalement emmené au centre hospitalier de Bagnols mais au départ, on voulait le renvoyer chez lui sans le tester au coronavirus. Inimaginable pour lui. Il insiste. Il finira par passer le test et un scanner des poumons. Sur ce dernier, on voit nettement les taches blanches typiques du covid-19. Le doute n'est plus permis.

Nicolas Debuyser a été admis au centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze durant 6 jours après avoir contracté le Coronavirus. (photo DR)

Au moment où son diagnostic est posé, un espoir naît dans les médias. Le traitement à la chloroquine du professeur Raoult serait-il efficace contre la maladie? Le papa gardois y croit : "Si je suis traité, je veux l'être selon ce protocole. Je suis du style scientifique, son raisonnement me semble logique." Il le prendra donc en plus du plaquénil et d'un antibiotique. Aujourd'hui, il est persuadé que le traitement a fonctionné et lui a permis de guérir. Il en ressent encore des effets secondaires notamment de légers vertiges.

Il veut relancer son foodtruck et remonter le moral des confinés

avec des hamburgers maison

Les premiers jours à l'hôpital passeront sans véritable notion du temps, il est trop "éclaté" pour s'en rendre compte. Le jeudi 23 au matin, petite amélioration, il en profite pour faire quelques appels vidéos avec ses proches pour les rassurer et se remonter le moral. "Le vendredi, ça allait mieux sauf que je n'osais plus bouger car à chaque fois, je me prenais une quinte de toux pendant un quart d'heure à me décrocher un poumon", raconte-il. Il sortira finalement samedi après-midi.

Chez lui, Nicolas Debuyser arrive maintenant à faire un peu la cuisine pour sa famille même s'il a encore besoin de beaucoup se reposer. Il va pouvoir "reprendre une vie de confiné normale". Si son médecin lui donne le feu vert, il espère reprendre le travail d'ici quinze jours. Il a monté sa petite affaire "Côté traiteur" il y a 6 ans. Mais sa priorité pendant la durée du confinement, c'est de terminer la réhabilitation de son nouveau camion pizza pour remplacer son foodtruck "Le Comptoir des burgers" détruit par les flammes en décembre 2019. Il a déjà réfléchi à un système de drive où les habitants pourraient profiter de burgers faits-maison sans sortir de leur voiture. Et donc en respectant les gestes barrières.

Il espère désormais que les malades du coronavirus seront détectés au plus tôt et donc soignés plus vite pour éviter les hospitalisations. "Ça peut être une grosse grippe mais une grosse grippe qui tue. Une fille de 16 ans est décédée il y a quelques jours. Il ne faut pas déconner. Ça peut arriver à n'importe qui", conclut-il.

Marie Meunier

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