Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 11.04.2020 - marie-meunier - 3 min  - vu 6135 fois

CORONAVIRUS Le syndicat CGT du centre hospitalier de Bagnols inquiet de la reprise de certaines consultations

Il a écrit une lettre à l'Agence régionale de santé.
Le syndicat CGT du CH de Bagnols n'approuve pas la décision de la direction de rouvrir les consultations externes pour les pathologies nécessitant une prise en charge urgente, car cela peut aggraver le risque de propagation du coronavirus. (Photo Archives / Thierry Allard / Objectif Gard)

Le syndicat CGT du centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze a adressé une lettre ouverte ce jeudi 9 avril au directeur de l'ARS (Agence régionale de santé) Occitanie. En question : la réouverture des consultations externes qui, selon le syndicat, pourrait propager le virus.

"L’activité reprend... le confinement continue et voire même s’accentue dans certaines régions mais au CH de Bagnols-sur-Cèze le temps est à la reprise... ouverture des portes aux examens externes. Selon la direction ces examens sont des urgences...", est-il indiqué en préambule dans la lettre. Le syndicat nuance : "Nous concevons que ces examens seront nécessaires et que les usagers en aient une attente très forte, mais nous savons aussi que la population redoute de manière prégnante ce virus mortel. Augmenter le niveau de consultations et donc augmenter fortement les déplacements de personnes sur Bagnols-sur-Cèze et ses environs serait de nature à propager le coronavirus. Ceci est un non-sens alors que la population doit toujours rester confinée."

Le syndicat du personnel qualifie cette réorganisation d'"irresponsable" et reproche ne pas avoir pris de décision en consultant le comité technique d'établissement (CTE) et le CHSCT. Il alerte aussi quant au risque de contamination pour les usagers et toute la chaîne des agents hospitaliers: "Sont ainsi exposés à un virus potentiellement mortel, des agents d'accueil, des étudiants infirmiers, des agents administratifs, des personnels soignants et médico-techniques (manipulateur radio), tout cela sur fond de manque d'effectif d'agents dédiés à la désinfection."

Dans la lettre, le syndicat expose aussi ses craintes que les vacations dédiées aux suspicions covid-19 croisent les vacations externes qui se dérouleraient sur les mêmes heures. "Nous nous étonnons également, qu’en dépit des recommandations gouvernementales et sous couvert de continuité de prise en charge, les pratiques soient différentes au sein d’un même GHT puisque les hôpitaux de Nîmes et Alès conservent, eux, une activité strictement 'interne.'"

La peur de manquer de masques de protection

Une autre crainte vient aussi des stocks de matériel de protection. Comme Jean-Philippe Sajus, directeur général du centre hospitalier, et Dimitri Dibo, président de la commission médicale d'établissement, nous l'ont dit précédemment : aucune personne ayant rendez-vous pour une consultation ne pourra entrer sans masque. "Quelle consommation de matériels de sécurité cela va-t-il engendrer et pour combien de temps puisque tous les consultants externes seront équipés de masques ?", interroge le syndicat du CH. Le directeur s'est voulu rassurant sur ce point. Contrairement au début de la crise, les masques sont livrés régulièrement.

Pourtant la CGT affirme que "certains soins 'à risques forts' (soins de bouche) sont encore pratiqués sur les secteurs Ehpad sans masque FFP2". Pour rappel, 11 patients sont positifs au covid-19 et 6 sont décédés du virus au secteur long-séjour des 7 sources, à Bagnols. La CGT rappelle qu'elle "avait alerté sur les problèmes qui risquaient de survenir à l’Ehpad et nos alertes n’ont été entendues que tardivement... et malheureusement nous avions prédit ces tristes événements."

Que "les pathologies nécessitant une prise en charge rapide"

sont admises sur rendez-vous

"Soyons raisonnables, en cette période de confinement les examens non-urgents ne seront de toute manière suivis ni d'intervention ni de rééducation dans l'immédiat. Alors pourquoi prendre de tels risques de propagation du virus covid ?", est-il pointé dans la lettre. Dans son précédent point presse ce jeudi 9 avril, Dimitri Dibo a bien précisé que les consultations permises ne concernaient que "les pathologies nécessitant une prise en charge rapide". Il entend par là les problèmes cardiaques graves, cancers, maladies chroniques, gynécologiques...

Tous ces problèmes qui peuvent avoir des conséquences sur l'état de santé du patient si leur prise en charge devait être différée. "Pour un bilan d'un traitement du cancer du poumon, on fait venir tout de suite par exemple", détaille le président de la commission médicale d'établissement. Un paramètre compris par le syndicat qui précise dans son courrier : "Que certains examens comme des suivis externes de cancérologie, des poses de PAC et de PICCLine (pour les chimiothérapie) pour des patients externes, même certains suivis externe d’orthopédie soient réalisés nous paraît normal."

Mais le syndicat soutient que "la direction, sous couvert de perte de rentrée d’argent rouvre ses portes... non pas aux visiteurs, nous a-t-on répondu... mais à l’activité." Il craint que les personnes venant en consultation soient accompagnées ce qui augmente encore le risque de propagation. C'est pourquoi, dans sa lettre, le syndicat CGT du CH de Bagnols demande au directeur de l'ARS Occitanie de se positionner "sur ses pratiques".

Marie Meunier

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