Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 27.04.2020 - coralie-mollaret - 5 min  - vu 2492 fois

FAIT DU JOUR À Alès, Christophe Rivenq : « organiser le quotidien et assurer la sécurité des habitants »

Max Roustan et son bras droit Christophe Rivenq. Photo Elodie Boschet/Objectif Gard

L'ex-directeur général des services et directeur de cabinet du maire d'Alès, Christophe Rivenq. Ce dernier étant élu dès le premier tour sur la liste du maire Max Roustan (Photo Tony Duret / Objectif Gard)

Sur la liste du maire réélu à Alès, l’ex-Directeur général des services, Christophe Rivenq, devra patienter encore un peu avant d’entrer officiellement en fonction. Il travaille toutefois bénévolement pour gérer l’épidémie et la reprise de l’activité sur le territoire. 

Objectif Gard : Aujourd’hui vous êtes élu sans vraiment l’être, le nouveau conseil municipal n’ayant pas pu être installé à cause du confinement. Comment vivez-vous cette période ?

Christophe Rivenq : C’est ça… Je suis élu sans l’être ! Mais je suis tous les jours en mairie pour assister de façon non-officielle et bénévole à la gestion de la crise sanitaire. Une présence souhaitée par le maire, Max Roustan (Christophe Rivenq étant voué à devenir son premier adjoint et président d’Alès Agglo, ndlr). Pour rappel, j’ai démissionné de ma fonction de directeur de cabinet et de directeur général des services le 29 février afin de me consacrer à la campagne des municipales. Une élection au terme de laquelle nous avons été élus, dès le premier tour, avec 56% des voix. 

Un millier d'agents sur le terrain

Avez-vous compris la décision du Gouvernement de ne pas installer les nouveaux conseils municipaux ? 

Très franchement, non. Le premier tour a été validé alors que, cinq jours avant, on faisait venir les électeurs dans les bureaux de vote… Ma situation un peu bâtarde ne remet toutefois pas en doute ma légitimité. Ça fait 30 ans que je suis sur ce territoire et que je gère toutes ses problématiques. 

Comme à Nîmes, Alès a connu des crises liées aux inondations. La crise sanitaire est néanmoins différente… Dans quel état d’esprit êtes-vous ? 

Nous avons choisi d’être élus donc, il n’y a pas de place pour les états d’âme ! La situation est inédite, c’est vrai. Nous n’avons jamais eu aussi peu de visibilité sur les moyens à mettre en œuvre. Mais depuis 15 ans, après les inondations de 2002, nous avons rodé notre organisation pour gérer des situations exceptionnelles. Du coup aujourd'hui, la moitié de nos 2 000 agents est mobilisée, étant donné que nous gérons plusieurs services (eaux et assainissements ; gestion des ordures ménagères ; nettoyage des rues...) en régie publique. Nous sommes là pour organiser le quotidien et assurer la sécurité de nos habitants(*). 

Contrairement à d'autres collectivités, vous avez fait le choix de ne pas organiser de conseil municipal. Pourquoi ? 

Pour l’instant, nous n’en avons pas besoin. Le maire a vu ses pouvoirs étendus par l’État d’urgence sanitaire. Il peut décider, par exemple, d’octroyer des subventions. Il faut simplement qu’il en informe l’ensemble des conseillers municipaux. En revanche, vendredi dernier, nous avons organisé deux réunions des maires d’Alès Agglo. Sur les 73 maires, 55 sont venus. Ça faisait au total une vingtaine par réunion avec, bien entendu, le respect des gestes barrières. 

Quel était le but de cette réunion ? 

D’abord, 73 maires pour faire une visio-conférence, c’est trop nombreux. Nous avons aussi quelques élus qui n’ont pas le réseau internet suffisant. Nous avons fait un point sur la situation sanitaire : le territoire alésien fait partie, pour l’instant, des territoires les moins impactés par le virus. Nous avons également abordé différentes problématiques, comme l’approvisionnement en masques.  

Masques : 150 000 livrés à partir du 11 mai

Justement, où en êtes-vous de votre commande des masques ? 

À partir du 11 mai et sur une semaine, nous allons en recevoir 150 000 à 1,70 € (hors taxe). Des masques en tissu lavable une trentaine de fois. Tels ont été les engagements pris sur les devis avec l’entreprise textile du Bas-Rhin, Mitwill. Nous n’avons pas pu prendre l’entreprise gardoise Eminence, qui était trop chère et surtout avec des délais de livraison prévus en juin. Ça ne servait à rien… Par ailleurs l’État a promis 35 millions de masques aux collectivités pour le 4 mai. On attend avec impatience de savoir ce qu’il en est.

Concernant la distribution, comment allez-vous procéder ?  

On y travaille, ce n’est pas simple. Nous avons déjà recensé 400 Alésiens les plus fragiles qui seront livrés en premier. Ensuite, nous avons travaillé sur 10 points de distribution regroupant des bureaux de vote. Contre un courrier envoyé par la mairie ou un lien par mail avec un flash code, une personne pourrait venir récupérer son masque. Nous prévoyons d’utiliser le registre de la taxe d’habitation. C'est la meilleure façon de toucher les habitants et de connaître la composition du foyer fiscal.

Quelles aides aux entreprises ?

Un mot sur la crise économique, l’autre pendant de la crise sanitaire. Qu’est-ce que la Ville d’Alès et l’Agglo comptent mettre en place pour aider les entreprises ? 

On a déjà commencé en prenant des mesures d’exonération de droits de terrasse ou de loyers. Idem pour les loyers dans le cadre de nos quatre hectares d’ateliers relais, des bâtiments que nous louons aux entreprises. On travaille aussi sur des mesures concernant le stationnement. Dans la semaine, nous organiserons une conférence de presse sur une nouvelle plateforme virtuelle de e-commerce pour permettre à nos entreprises de vendre leurs produits. 

Plusieurs communes ont mis en place ces annulations de loyers et/ou redevances sur l’occupation des terrasses. Or, certains opposants politiques estiment que c’est insuffisant, proposant, par exemple, une baisse de la CFE. Qu’en pensez-vous ? 

La CFE, c’est sur le foncier d’entreprise. La plupart des commerçants n’en paie pas. Ensuite, cette taxe est un impôt de l’État. Il faut faire attention : les ressources que nous ne prélèverons pas seront aussi des dépenses que nous n'engagerons pas pour la reprise. Car contrairement à l’État, les collectivités ne peuvent pas faire de déficit. Il faut donc penser à l’après, à notre plan de relance par l’investissement. Au passage, l’annulation de certains événements engendre des dépenses : achat de matériel, cachets payés en amont… Il faut regarder les choses au cas par cas. Certaines entreprises s’en sortent bien, d’autres non. Tout le monde n’a pas les mêmes difficultés. 

Un sondage pour connaître le nombre d'enfants

de retour à l'école

Les mairies comme les autres collectivités préparent le déconfinement. Concernant les crèches et les écoles qui relèvent de votre compétences, quelles sont vos actions ? 

Malheureusement, on ne connaît pas encore les règles. Le premier ministre Édouard Philippe doit nous en dire plus demain à l’Assemblée. Nous avons une centaine d’écoles sur Alès Agglo, quelques crèches mais aussi des centres de loisirs. Nous travaillons depuis 10 jours avec les services pour répertorier la taille des locaux, leur désinfection, la fourniture de produits… Nous lancerons un petit sondage pour savoir combien de familles mettra ses enfants à l’école ou non. C’est évident qu’ouvrir des écoles pour 30% des élèves n’est pas la même chose que pour 50%. 

Enfin concernant les transports, comment l’Agglo va-t-elle s'y prendre ? 

Là aussi, c’est pareil. Avec un enfant par banc pour respecter les gestes barrières, nous ne sommes pas en capacité de doubler nos transports. Tout dépendra donc du nombre d’élèves à l’intérieur des bus. On prendra nos responsabilités sur ce que l’on ne peut pas faire ou non et on le dira. Aujourd’hui, la seule façon d’éviter d’être malade, ce sont les mesures barrières : le lavage des mains et la distanciation sociale. Le masque n’est qu’un supplément. Le rôle des élus locaux est majeur pour protéger et rassurer la population mais aussi mobiliser et encadrer la reprise dans cette crise sanitaire. Les collectivités locales tiennent la relance du pays. 

Propos recueillis par Coralie Mollaret 

coralie.mollaret@objectifgard.com 

(*) Le numéro vert de la commune d'Alès : 0800 540 540. 

Coralie Mollaret

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