Contrôle dans les élevages, produits alimentaires ou l’eau... Véronique Beauté est directrice du laboratoire du conseil départemental du Gard. Une structure qui pourrait prochainement participer à la réalisation des tests de dépistage du Covid-19. 

Objectif Gard : Fonctionnaire territoriale, vous êtes rarement sur le devant de la scène. Pouvez-vous vous présenter ? 

Véronique Beauté : Je suis directrice du laboratoire du Conseil Départemental du Gard depuis 2018, et je travaille dans les Laboratoires Départementaux d’Analyses depuis plus de 20 ans. Je réalise également des missions à l'étranger pour aider certaines structures vétérinaires à se mettre aux normes techniques et qualité.

Le laboratoire du Conseil départemental est peu connu. À quoi sert-il ? 

Notre rôle est d’assurer une qualité sanitaire de la "fourche à la fourchette" au moyen d’analyses et de formations-audits et conseils. Notre équipe de 25 agents contrôle les produits que nous consommons : dans les élevages, les produits alimentaires ou l’eau lorsque nous recherchons les Legionelles, par exemple.

Nous réalisons également des autopsies d’animaux, des analyses bactériologiques, de la microbiologie alimentaire, de la parasitologie sur animaux vivants ou dans les viandes (avant commercialisation). Parfois, des pathogènes (bactéries, virus,...), provenant d'animaux sont transmis à l'Homme. C’est ce que l’on appelle les « zoonoses. » (exemple : Brucellose, rage, ...). Le rôle du Laboratoire est de les détecter et de s’en prévenir (surveillance de la faune sauvage).

Selon nos informations, le Conseil Départemental et le laboratoire sont en relation avec l’Agence Régionale de Santé pour aider à la réalisation de tests de dépistage ? 

Oui, le Département s’est porté volontaire pour aider au déploiement des tests sur le territoire, mais ni le Conseil Départemental, ni le laboratoire, n’ont autorité pour initier une campagne de tests à leur seule initiative. Nous devons, au préalable, obtenir l’autorisation du Préfet sur conseil de l’ARS. Il faut savoir que notre laboratoire est accrédité par le COFRAC. Avec notre équipement et nos locaux, nous avons la capacité de détecter par biologie moléculaire la présence du virus. C’est le fameux test virologique à partir de prélèvements sur écouvillons (le coton-tige, ndlr). Pour réaliser ce test, il est nécessaire de disposer des réactifs adéquats, et surtout validés par le Centre National de Référence (CNR).

Qu’en est-il des tests sérologiques, dits sanguins ? 

Ces derniers doivent intervenir dans un second temps. Nous avons également la technicité pour les réaliser. Le but de ces tests est de rechercher, là-aussi avec le réactif adapté et validé par le CNR, la présence d’anticorps, trace d'un contact avec le virus.

Vous parlez de « réactifs » mais de quoi s’agit-il exactement ? 

Ce sont des produits chimiques ou biologiques, le plus souvent commerciaux, permettant de mettre en œuvre des analyses biologiques à des fins de diagnostic (dépistage, suivi).

Qui pourriez-vous tester dans le Gard ? 

Le Gouvernement, dans la Circulaire du 09 avril 2020 a précisé les modalités de déploiement des tests de dépistage et leurs priorisations. Tout le monde ne sera pas testé. Le déploiement des tests se fera en priorité vers des populations à risques (soignants, personnels et résidents de structures médico-sociales, en particulier les EHPAD, …). Le Conseil Départemental ou le Laboratoire ne sont absolument pas décideurs. Seul l’Etat décide et édicte les règles. Par ailleurs, je tiens à préciser que les Laboratoires Départementaux d’Analyses (environ 70 sites en France) viennent seulement en soutien des Laboratoires d’Analyses Bio-Médicales et des Laboratoires des hôpitaux.

Comment se conjuguera votre action contre le Covid-19 et vos analyses quotidiennes ? 

Dans un premier temps, le Préfet du Gard en lien avec l’ARS (Agence Régionale de Santé) doit nous donner l'autorisation de réaliser les analyses Covid. Ensuite, nous nous organiserons en interne, afin de poursuivre en parallèle nos missions essentielles (surveillance de la sécurité sanitaire des aliments et de la santé animale (élevages et faune sauvage)), afin de ne pas ajouter une autre crise à la crise actuelle. L'objectif étant de maintenir la qualité de nos missions initiales tout en soutenant les acteurs déjà engagés dans la lutte contre le Covid-19. 

Enfin, vous êtes biologiste. Comment se fait-il que ce Covid-19 recèle encore une grande part de mystère ? 

Le pathogène est différent de ceux que nous connaissons habituellement, en termes de virulence et de symptomatologie. Ce n’est pas comme avec la grippe saisonnière, et la fabrication de son vaccin annuel. Aujourd’hui, tout le monde agrège des données pour avancer. Et pour avoir des données fiables, il faut du temps. 

Propos recueillis par Coralie Mollaret 

coralie.mollaret@objectfgard.com