FAIT DU JOUR Ces trois visages alésiens qui incarnent la nouvelle génération politique
Le 23 mai dernier, Léa Boyer, Arnaud Bord et Aurélie Wagner ont participé, pour la première fois de leur jeune carrière politique, au conseil municipal d’Alès. Les trois élus, issus de trois familles politiques différentes, tous les trois passionnés et engagés, seront peut-être les leaders de demain au sein de leur parti. Objectif Gard fait les présentations.
Aurélie Wagner - 42 ans - Rassemblement national
Si Aurélie Wagner a été élue pour la première fois en mars dernier dans la liste du Rassemblement national portée par Francis Bassier, il ne s’agissait pas de sa première expérience en politique. Comme Obélix dans la potion magique, elle est tombée en politique dès son plus jeune âge, suivant la voie et les pas d’un père conseiller municipal. À 18 ans, elle prend sa carte au Front national de Jean-Marie Le Pen : « Je me reconnaissais dans ses discours, dans ses paroles. Mais j’étais un peu en retrait. C’est surtout depuis 2011, et l’arrivée de Marine, que je fais du militantisme », se souvient celle qui exerce la profession de conseillère funéraire.
En 2015, Yoann Gillet, alors responsable départemental du Front National, lui propose d’être candidate aux élections départementales sur le canton du Vigan. Avec son binôme, Germain Spagnol, elle atteint le deuxième tour, mais sort dernière d’une triangulaire avec 27,68% des voix : « On avait fait un bon score pour une première ». Cinq ans plus tard, c’est à Alès, dans sa ville, que le parti d’extrême-Droite a besoin d’elle : « On m’a proposé d’être tête de liste, mais j’ai dit non parce que je n’ai pas assez d’expérience et je ne suis pas assez connue. C’est très bien que Francis Bassier ait accepté ».
Avec 8,68% des voix, la liste Les Alésiens d’abord fait moins bien qu’en 2014 (11,98%), mais comme lors du précédent mandat, ils seront deux à siéger au conseil municipal : « Il n’y avait plus d’opposition : Nathalie Challier (la tête de liste du Front national en 2014, Ndlr) a été une erreur de casting. Aujourd’hui, on repart de zéro, on sera une opposition constructive. Nous allons prendre des décisions qui iront dans l’intérêt de la collectivité ».
Arnaud Bord – 38 ans – Parti socialiste
Combattre les injustices et s’assurer que les plus faibles aient les mêmes chances que les puissants. Voilà ce qui anime Arnaud Bord. Le bac en poche, ce natif de Saint-Ambroix ne choisit pas la voie de la magistrature - même s’il s’en est aujourd’hui rapproché -, mais celle du syndicalisme. Le licenciement de son père de l’usine Alstom à Saint-Florent-sur-Auzonnet l’a profondément marqué : « Chaque étape de mon engagement est lié à ce besoin de justice, de défendre ceux qui en ont besoin ».
Dans l’entreprise Call Expert où il travaille à l’époque, le militant CGT fait ses premières armes lors d’un conflit social : « Avant de quitter l’entreprise, j’avais réussi à sauver 164 emplois et obtenu un plan de redressement et de continuité auprès du tribunal. Hélas, dans les mois suivants, la situation s’est dégradée ». Mais le méridional à l’accent chantant a attrapé le virus. Aux municipales de 2014, à Alès, il se retrouve sur la liste de Jean-Michel Suau : « J’étais à la 25ème place de mémoire, j’étais non-éligible, mais je voulais apprendre ».
Il observe, analyse, et emmagasine suffisamment vite pour que Jean-Michel Perret, le maire de Saint-Hilaire-de-Brethmas, le prenne sous son aile lors des Départementales de 2015. Dans la foulée, le député Fabrice Verdier l’embauche comme collaborateur à la Région, avant qu'il ne rejoigne la fédération du Parti socialiste du Gard dont il est le permanent administratif et politique depuis décembre 2015.
Touche-à-tout, il est le président du conseil des prud’hommes d’Alès depuis janvier dernier et, aujourd’hui, élu au sein d'un conseil municipal où il compte faire entendre sa voix : « Mon objectif majeur est de porter les valeurs du Printemps Alésien, ces valeurs d’écologie, de solidarité et d’entraide. Avec cinq élus, ça va être compliqué d’influencer la majorité, mais il faut bien commencer ! »
Léa Boyer – 26 ans – Les Républicains
Le premier souvenir politique de Léa Boyer est très précis : « J’étais en CE2, j’avais 8 ans. J’ai intégré le conseil municipal des enfants parce que j’avais eu l’idée de proposer un feu sonore afin que les personnes malvoyantes puissent traverser la rue. Et le feu en question a ensuite été installé en face de France Télécom à Alès. C’est là que j’ai découvert l’engagement et qu’on pouvait faire avancer les choses pour les autres ».
Après un second mandat au conseil municipal, la jeune précoce met un terme à sa carrière politique à 12 ans ! Passe ton bac d’abord. Mais la passion est toujours là et elle vit la défaite de Nicolas Sarkozy à la Présidentielle de 2012 comme un coup de tonnerre : « C’était un drame ! ». Encartée à l’UMP avant même d’être majeure, elle fait ses gammes dans sa famille de cœur, puis tente sa chance aux Législatives de 2017 sur la 5e circonscription finalement remportée par Olivier Gaillard.
Après Max Roustan auprès de qui elle a grandi - « il est devenu maire d’Alès quand j’avais un an » -, une autre rencontre change sa vie : celle du député Daniel Fasquelle. Alors qu’il brigue la présidence de l’UMP, elle parcourt la France à ses côtés en tant que porte-parole. Son travail est récompensé : elle intègre le bureau politique des Républicains avec deux autres gardois, le député européen Franck Proust et la sénatrice Vivette Lopez et devient également secrétaire départementale adjointe de la fédération de son parti.
Samedi dernier, pour elle, c’était une autre première : enfiler le costume de conseiller municipal (adulte, cette fois) : « C’est une chance d’être là pour le dernier mandat de Max Roustan. Je veux découvrir comment il travaille, être au cœur. Vu que je compte continuer la politique, j’ai très envie d’apprendre de lui. Ça n’a pas de prix d’être aux premières loges ».
Ce qu’ils pensent les uns des autres :
Aurélie Wagner : « Je ne les connais pas bien. Léa Boyer m’a donné l’image d’une jeune femme dynamique. Je n’ai rien à dire sur Arnaud Bord, à part qu’il ne m’a pas dit bonjour quand je l’ai croisé comme beaucoup d’autres conseillers d’ailleurs. En même temps, personne ne me connaissait. »
Arnaud Bord : « Je ne connais pas Aurélie Wagner, donc je ne ferai pas de commentaire. Quant à Léa Boyer, elle a quelques faits d’armes politiques. Elle incarne la nouvelle génération et je pense que nous serons amenés à nous voir régulièrement et pendant longtemps. Je lui souhaite bon courage et bonne chance pour la suite. »
Léa Boyer : « Arnaud Bord est quelqu’un avec qui j’ai déjà débattu, notamment lors des Européennes. Ce que j’apprécie chez lui, c’est qu’on peut discuter. C’est vraiment appréciable. En revanche, je ne connais pas du tout Aurélie Wagner. »
Tony Duret
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