Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 23.06.2020 - abdel-samari - 5 min  - vu 3083 fois

RENCONTRE Jean-Paul Fournier dans les yeux de Muriel...

Muriel, une des filles de Jean-Paul Fournier, a accepté un entretien avec notre rédaction pour parler de son père, le maire de Nîmes (Photo : AS/Objectif Gard)

Elle a 48 ans, mère de deux enfants. Infirmière dans un établissement d'accueil de jeunes enfants depuis 20 ans, Muriel est d'une discrétion absolue. Pourtant, elle a accepté de déroger à la règle qu'elle s'était fixée le temps d'un échange, quelques minutes avec notre rédaction, pour raconter son père, Jean-Paul Fournier. Maire de Nîmes depuis 20 ans, il a décidé de se représenter pour un quatrième mandat.

C'est à la terrasse d'un café bien connu à Nîmes que Muriel a pris le temps de répondre à nos questions ce lundi en fin de journée, un peu intimidée. Par manque d'habitude probablement. Raconter son enfance nîmoise aux côtés de son père, pour la fille du Nîmois le plus connu de la ville, cela demande de faire appel à sa mémoire.

Et immédiatement elle se souvient non pas des réussites municipales mais des repas du dimanche soir, dans un restaurant en bas du Mont-Duplan "où nous avions nos habitudes. On commandait toujours des grillades pour nous quatre. Mes parents, ma soeur cadette et moi. Un moment sacré, simple et tellement authentique."

Ce qui revient le plus dans la bouche de Muriel, c'est la famille. "On est très famille. Le dimanche soir nous avons un rituel. On se retrouve chez ma soeur ou chez moi. Pour soulager nos parents et permettre aux petits enfants de profiter des grands-parents."

Des moments loin, très loin de l'univers politique que son père va finir par côtoyer. "Il est rentré en politique je devais avoir 12 ans, mais je m'en souviens parfaitement. Peintre en lettre, mon père est un autodidacte. Il a monté son entreprise très jeune, puis a travaillé dans l'urbanisme avant de s'investir dans des syndicats professionnels et de franchir le pas de la politique." 

"Il était impossible de vivre ailleurs qu'à Nîmes"

Passionné par Nîmes, Jean-Paul Fournier décide de s'engager pour sa ville. "Il s'intéresse beaucoup aux gens. Il est sensibilisé par les difficultés des autres. En particulier les plus vulnérables. Je crois que sont ces qualités qui lui ont permis de devenir maire. Sans compter qu'il est très attaché à la ville. D'ailleurs, on ne l'a jamais quittée. On a grandi ici car pour mon père, il était impossible de vivre ailleurs qu'à Nîmes."

L'une des clés de la réussite, c'est aussi son engagement dans le travail. "Je l'ai toujours vu se lever tôt et rentrer tard. C'est un passionné. Il va au bout de ce qu'il entreprend, comme un acharné. Avec ma soeur, nous sommes très admiratives de ce qu'il a fait. Pour nous, c'est vraiment un modèle. On est très fières de lui", n'hésite pas à formuler Muriel, les yeux mouillés par les larmes. Peut-être par la brise de ce lundi ou plus probablement par l'émotion des souvenirs.

Et qu'importent les commentaires sur son état de santé... "Il n'y a pas que des gens bienveillants. Nous l'avons toujours soutenu. Mon père vit par le travail. Regardez pendant le confinement, il a été sur tous les fronts. On ne sait pas comment il fait. Je crois que c'est une façon d'être tout simplement. En tout cas, nous lui faisons confiance. S'il s'est engagé cette quatrième fois, c'est qu'il se sent capable. Et puis, il a encore plein de choses à réaliser, des projets plein la tête."

"Mon père ne parle pas beaucoup de politique avec nous"

Et la fameuse lettre qui a circulé dans la ville ? "Je ne dirais pas que l'on s'habitue mais presque. Sur le coup ça fait mal. Je me suis dit que c'était irrespectueux, de la méchanceté gratuite. J'ai même eu envie de répondre mais je suis abstenue." Une retenue qui fait référence aussi à un cadre familial qui se protège. "Mon père ne nous en a pas parlé. D'ailleurs, je dois vous avouer qu'il ne parle pas beaucoup de politique avec nous. Je crois qu'il a pris l'habitude de laisser passer le nuage quand ça ne va pas, sans en faire des montagnes. Certainement que cela le touche mais il ne le dit pas."

L'inquiétude est quand même présente pour la famille mais encore une fois, pudiquement, sans brusquer. "Quand il a été malade il y a quelques années, bien sûr que l'on s'est inquiétés. On lui a demandé de lever le pied. Mais ensuite, quand il a recouvré la santé, on l'a soutenu dans son envie de retrouver ses fonctions de maire. De toute façon, je vais vous dire : c'est quelqu'un que l'on n'arrête pas facilement."

Jean-Paul Fournier est tel qu'on l'imagine. Un homme qui prend ses propres décisions et qui s'écoute. "Cela ne l'empêche pas d'avoir une équipe fidèle à ses côtés, mais c'est lui qu'il l'a constituée. Après, il a toujours su prendre les décisions quand il le fallait. Comme un chef d'entreprise. Quand il faut trancher, il tranche."

Dans la vie politique comme au sein de la famille ? "C'est différent. Il est assez pudique dans l'intimité. Ma mère joue un rôle très important à ses côtés. Après 50 ans de mariage, elle reste plus que jamais sa première supportrice."

Un passionné d'art, un amoureux du cinéma et un dévoreur de livres

Le cocon familial comme une échappatoire : "La politique n'est pas un milieu facile donc il nous préserve quelque part. Vous savez, nous sommes des gens simples. Pour nous, Jean-Paul Fournier c'est un mari, un père et un grand-père." Les rares moments en famille sont donc précieux. "On part chaque année tous ensemble pendant une semaine en vacances. Et faut le voir avec ses petits enfants. Il est très attentionné. C'est un homme profondément gentil et sensible."

Et un passionné d'art, un amoureux du cinéma. "Des thrillers la plupart du temps, pas toujours au goût de ma mère" et un dévoreur de livres. "C'est un puits de savoir qui en plus a une très bonne mémoire. On lui achète donc régulièrement des ouvrages sur la politique mais pas seulement car il prend un énorme plaisir à bouquiner pendant des heures."

Dimanche soir prochain, dans le livre de la ville de Nîmes, c'est un nouveau chapitre qui va s'ouvrir. Muriel espère comme toute la tribu Fournier qu'il s'écrira encore pendant six ans avec le nom de son père en haut des pages. Victoire ou défaite, ils seront de toute façon autour de lui. Non pas pour le protéger. Mais pour ce moment historique.

"S'il remporte l'élection dimanche, ce sera le premier maire a obtenir la confiance des Nîmois une quatrième fois." Une victoire qui marquera à jamais la mémoire politique de Nîmes. Mais qui n'empêchera pas le dimanche suivant Muriel et tous les Fournier de se retrouver. Comme pour chaque dernier jour de la semaine. Pour un dîner, sans chichi ni trompette. Juste eux. Seuls. En famille.

Abdel Samari

Rendez-vous ce mercredi 24 juin 2020 à 21 heures pour un échange avec Marie, la fille d'Yvan Lachaud.

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