Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 26.06.2020 - coralie-mollaret - 6 min  - vu 1870 fois

NÎMES MÉTROPOLE Eddy Valadier, candidat à la présidence de l'Agglo : « Je suis un élu libre »

Le maire LR de Saint-Gilles, Eddy Valadier (Photo : Coralie Mollaret)

Le maire et conseiller départemental de Saint-Gilles, Eddy Valadier (Photo : droits réservés)

Réélu maire de Saint-Gilles, Eddy Valadier vise désormais la présidence de l’Agglo nîmoise. Il fait face au premier adjoint de Nîmes, lui aussi adhérent Les Républicains, Franck Proust. Après le second tour des Municipales ce dimanche, il reviendra aux 39 maires de l’Agglo de départager ces deux prétendants. La partie s'annonce serrée. 

Objectif Gard : À notre micro, le maire de Nîmes a dit que vous n’étiez pas apte à présider Nîmes métropole. La campagne démarre fort… 

Eddy Valadier : Chaque élu est libre d’apprécier les candidatures. Moi, j’ai beaucoup d’amitié et d’estime pour Jean-Paul Fournier. L'an passé, on a déjeuné ensemble et je lui ai fait connaître mon envie de présider l’Agglo. [...] Alors je sais qu’un mot malheureux peut échapper à tout le monde. Je le prends comme ça. 

« Avec Franck Proust, nous sommes simplement deux concurrents » 

Reste que lui soutient la candidature de son premier adjoint, Franck Proust, pour présider Nîmes métropole. Sans compter que vous êtes tous deux adhérents Les Républicains 

J’ai des convictions personnelles qui sont connues de tous. Mais je n’ai aucune responsabilité d’ordre politique au niveau du parti Les Républicains. Je suis un élu libre comme tous les élus de cette Agglomération qui pourraient prétendre à présenter leur candidature. 

Toutefois, si vous en êtes arrivé là en politique, c’est que Franck Proust et le parti Les Républicains vous ont un peu aidé, non ? 

De la même façon que j’ai aidé Franck Proust lors de ses campagnes européennes. J’ai été l’un des rares maires à l’accueillir. Mais le débat n’est pas là. Ma candidature ne s’inscrit pas dans une opposition avec Franck Proust. Nous sommes simplement deux concurrents. 

En tant que concurrent, qu’est-ce qui vous distingue de lui ? 

J’ai une expérience locale importante : premier adjoint puis maire de la deuxième ville de l’Agglo, j’ai aussi été conseiller régional et je suis aujourd’hui élu départemental. À l’Agglo, j’ai occupé deux vice-présidences à la Politique de la ville et de la Sécurité, sous les mandats des présidents Fournier et Lachaud. Cette Agglo, je crois bien la connaître. J’ai d’ailleurs été classé dans le top 5 des élus les plus assidus en terme de présence. À Saint-Gilles, j’ai démontré mon aptitude à redynamiser une collectivité. Au cours du dernier mandat, nous avons multiplié par trois les investissements de la commune tout en baissant les impôts de 6% et sans augmenter la dette. Je travaille avec tous les partenaires : État, Région, Département, Agglo. J’ai même réussi à aller dénicher quelques subsides de crédits européens qui, je le rappelle, sont gérés par la Région (dispositifs Leader, FSE ou Feder...).  

Cette réussite est-elle due à votre talent pour monter les dossiers ou à votre sens politique, vous permettant de tirer parti des situations politiques au Département et à l’Agglo ? 

C’est une méthode avec des projets bien préparés et une connaissance extrêmement fine des financements de nos partenaires. Pendant 25 ans à titre professionnel, je m’occupais des subventions d’un organisme d’État. Aujourd'hui notre Agglo a fortement évolué. Nous sommes 39 communes et nous devons mieux prendre en compte la diversité de nos territoires. Il nous faut une politique équilibrée qui profite à l’ensemble de nos populations. Certes, la ville centre représente plus de 155 000 habitants mais il y a aussi les 105 000 autres habitants portés par les 38 autres collectivités. 

« Aucun risque que je rentre en conflit avec les élus nîmois »

Toutefois, entendez-vous les maires qui disent ne pas vouloir se brouiller avec la ville centre ? Des maires qui refusent de revivre une nouvelle guerre fratricide Fournier-Lachaud... 

Il n’y a aucun risque que je rentre en conflit avec les élus nîmois. Je ne serai jamais candidat à la succession de leur maire et je n’ambitionne pas non plus d’être candidat à une élection nationale ou européenne. Ma candidature se veut fédératrice pour les 39 communes avec une gouvernance apaisée.

Parlons concret : quelle sera votre politique sur les fonds de concours qui ont opposé le maire de Nîmes au président de Nîmes métropole, Yvan Lachaud ? 

J’ai encore été surpris, lors du dernier conseil, que les demandes de subvention des communes de Sernhac, Saint-Gervasy, Saint-Anastasie, Saint-Chaptes ou Domessargues n’aient pas été soutenues par tous. À mon sens, ils participent à l’aménagement de notre territoire puisque certains étaient prévus pour développer le numérique dans les écoles. C’est aussi un puisant facteur de développement économique. Au cours de ce mandat, les sommes attribuées ont contribué à réaliser au moins 150 M€ de travaux pour des entreprises essentiellement locales.

D'accord, mais ce n’était pas la question. Si vous devenez président, allez-vous changer la politique d’attribution de ces subventions ? 

Les fonds de concours, c’est un sujet important mais ils ne traduit pas l’essentiel de l’action de Nîmes métropole. Sur le mandat, c’est une enveloppe d’environ 40 M€, dont 12 M€ accordés à la ville de Nîmes. Pour moi, à l’exception d’un ou deux dossiers qui ont peut-être été maladroitement financés, l’immense majorité des dossiers  répondent à des besoins identifiés. Il n'y a donc aucune raison de bouleverser ce dispositif.

Finalement vous nous faites un peu du Yvan Lachaud. On devrait plutôt vous demander ce qu’il vous distingue du président de l’Agglo sortant... 

Oh, il ne faut pas dire ça. Moi je veux faire passer un message d’optimise et de confiance. Nous pouvons être fiers de ce qui a déjà été réalisé (Nemausa, Paloma, la gare TGV, renouvellement urbain…). Aujourd'hui je souhaite faire de notre Agglo une force collective avec une volonté affirmée dans un climat apaisé pour porter de grands projets. 

Mise en place d'une conférence financière

En matière de projets, qu’en est-il des transports, l’une des principales compétences de Nîmes métropole ? 

Il faut réaliser la deuxième tranche de la T2, poursuivre la T1 jusqu’à Caissargues, relier avec la troisième voie la gare de Nîmes-centre à Nîmes-Pont du Gard. Nous devons aussi pouvoir répondre aux préoccupations quotidiennes des usagers. Bon nombre de maires que j’ai rencontrés m’ont fait part de l’insuffisance de l’offre des transports. 

Le problème, ce sont les finances. Comment à la fois améliorer le service et investir ? 

Les finances, ça me connaît ! C’est une question de choix et de priorités. Si je suis élu, je propose de mettre en place très rapidement une conférence financière. Les maires définiront ensemble le niveau de dette, d’économies à réaliser ou encore la création ou non d’une taxe additionnelle. Ce dernier point, je n’y suis pas favorable mais il faut que le débat s’ouvre. À l’issue, je proposerai aux maires de se retrouver autour de notre projet de territoire et d’établir un plan d’action détaillé, dont on aura la certitude qu’il pourrait être mis en œuvre. 

Vous vous posez en chef d’orchestre. Mais qu’en est-il de votre partition ? Par exemple, proposez-vous comme Franck Proust la gratuité des transports pour les chômeurs, les moins de 18 ans et les plus de 65 ans ? 

Chaque proposition devra être analysée. Personnellement, je n'y suis pas favorable. De la proposition de Franck Proust découle une perte de recette de 50%, soit environ 3,6 M€ (sur les 7,5 millions d’euros de recette de tickets). Elle exonère trois quarts des usagers actuels de notre réseau. Ça obère d’autant notre capacité à investir… On ne pourra pas tout faire en même temps. 

Qu’en est-il de votre vision sur Magna Porta, la zone d’activité économique autour de la gare Nîmes-Pont du Gard ? 

Là-aussi, soyons lucides. Notre agglomération ne dispose pas de la moitié du foncier, la ZAC (Zone d' activité commerciale) n’est pas administrativement réalisée, c'est-à-dire que nous n'avons pas encore l’outil administratif d’aménagement. Ce projet va prendre encore trois ou quatre ans. Il faut que ce soit dit. Mais nous pouvons rapidement accueillir de nouvelles entreprises sur nos autres zones économiques : Grézan, le marché gare qui sera opérationnel début 2022, les Zac de Saint-Gilles, Bouillargues, Marguerittes… 

Concernant votre programme, auriez-vous des idées plus personnelles à présenter ? 

L’Agglo pourrait réfléchir à aider ses communes à maintenir où développer le commerce et l’artisanat local. En coopération avec les chambres consulaires, on pourrait aider les collectivités à mettre en place un droit de préemption et faciliter l’installation des jeunes avec des réductions de loyers. Je propose aussi que l’on soit plus performant sur la création de richesse autour de l’économie du tourisme. Les séjours sont trop courts. Nous devons développer une offre nouvelle qui permettrait à tout le territoire d’en profiter. 

Enfin, deux candidats à la présidence de Nîmes métropole, c'est inédit. Cette situation ne résulte-t-elle pas de la guerre Fournier-Lachaud qui, d’une certaine manière, a montré que la ville centre n’avait pas les pleins pouvoirs ? 

D’autres agglomérations en France fonctionnent très bien avec des présidents qui ne sont pas issus des élus de la ville centre. Ma candidature n’est pas une originalité. Une Agglomération est un espace bien plus large qu’une commune et chacun des 105 élus peuvent bien dépasser leurs propres communes pour porter une ambition collective. Si un élu nîmois peut porter un projet pour toutes les communes, pour quelles raisons un élu non nîmois ne pourrait-il pas lui aussi porter une ambition pour la ville centre et toutes les autres communes ?

Propos recueillis par Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com 

Coralie Mollaret

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