Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 29.06.2020 - coralie-mollaret - 6 min  - vu 1227 fois

FAIT DU JOUR Municipales : des victoires ternies par l’abstention

Jean-Paul Fournier maire de Nîmes, Jean-Yves Chapelet, maire de Bagnols/Cèze, et Jean Denat, maire de Vauvert (Photo : Objectif Gard)

Bureaux de vote peu fréquentés, isoloirs quasi vides et urnes à moitié remplies… Les victoires des maires sortants aux municipales 2020 ont été ternies par une forte abstention. Un phénomène qui n’est pas uniquement lié à la crise sanitaire. 

À se battre sans électeur triompherait-on sans gloire ? Ce dimanche s'est déroulé le second tour des élections municipales. Dans le Gard, ce tour de scrutin a concerné 46 communes dont une vingtaine de plus de 1 000 habitants. Reporté en raison de la crise sanitaire, les trois mois qui ont séparé le premier du second tour n’ont pas vraiment motivé les électeurs. À Nîmes par exemple, la participation atteint péniblement 32%, comme au premier tour. Une taux plus faible que celui des Européennes où la participation s'était établie à 45,42%.

L'abstention favorise les sortants

Le premier enseignement de ce scrutin, c'est que l'abstention a plutôt tendance à favoriser les maires-candidats. Ces derniers ont bénéficié d'une prime au sortant et de la gestion de la crise sanitaire. De plus, la multiplication des candidatures avec une quadrangulaire à Nîmes et une triangulaire à Bagnols/Cèze ne permet pas toujours d'éclairer les électeurs. C'est ainsi qu'à Nîmes, le maire Jean-Paul Fournier arrive en tête avec 41,96% des voix.

Si son score n'est pas semblable à celui de 2014, Jean-Paul Fournier récolte plus de 2 000 bulletins dans cet entre-deux tours et sème son opposant de Gauche, Vincent Bouget (26,48%). « En pleine crise sanitaire, les Nîmois ont joué la sécurité », a commenté l’ancien candidat David Tebib, qui a appelé à voter pour le sortant. Interrogé sur ce faible taux de participation, le maire Jean-Paul Fournier ne crache pas sur sa victoire : « On ne choisit pas du tout le nombre d’électeurs qu’il va y avoir… Je regrette qu’il n’y ait pas plus d’électeurs, c’est vrai. Mais est-ce que ça aurait été la même chose ? Je pense que oui ! » 

Dans le Gard rhodanien, la forte abstention a bénéficié au maire sortant de Bagnols/Cèze, Jean-Yves Chapelet. Sorti plutôt largement en tête au premier tour face au Rassemblement national et à la liste « Alliance citoyenne », classée à Gauche, Jean-Yves Chapelet confirme au second tour. Pour espérer changer la donne, ses adversaires devaient compter sur une participation en hausse, pour espérer renverser la table.

Il n’en a rien été : les trois listes encore en lice ont toutes engrangé plus de voix, et le maire sortant a pu franchir la ligne d’arrivée en tête, plutôt nettement, avec dix points d’avance sur la liste RN (47,38 % des voix contre 37,34 %) et loin devant la liste « Alliance citoyenne » (15,28 % des voix).

Enfin dans le bassin alésien, les principales villes avaient élu leur maire dès le premier tour, comme Max Roustan à Alès. Là-aussi le maire Les Républicains a décroché son cinquième mandat avec une abstention de 66,6%. À Anduze, l'élection de Geneviève Blanc a été sujet à controverse par le maire sortant déplorant une abstention de 42,80%.
Dans nos chères Cévennes ce dimanche, ce deuxième tour des élections municipales a également permis au maire sortant de Saint-Jean-du-Gard, Michel Ruas, de repasser face à Jean-Pierre Broquin. À Lasalle, Henri de Latour est réélu face à Dominique Rolland et Franck Vivet.

Ces maires qui ont bataillé

Dans les communes où la participation a été basse, l’ordre établi n’a donc pas été remis en cause. Pour voir des scores plus serrés, il faut aller du côté des villes où la participation a été plus élevée. C'est le cas à Vauvert avec la réélection d'un courte tête du maire Jean Denat pour une participation établie à 57%.

Mauvaise soirée donc pour le Rassemblement national qui nourrissait de grands espoirs avec son candidat Jean-Louis Meizonnet. Devancé de seulement 85 voix au premier tour par Jean Denat, le médecin de famille à la retraite pouvait légitimement espérer remporter le scrutin. Mais comme en 2014, Jean-Louis Meizonnet s'incline d’une courte tête face au sortant crédité de 51,58% des voix, soit environ 150 bulletins d’avance.

« Ce fut ma campagne la plus dure, pour ne pas dire la plus sale, mais aussi ma plus belle victoire, a déclaré Jean Denat. Du coup, le vainqueur lorgne sur la Communauté de communes de Petite Camargue (CCPC) où il pourrait trouver en Mylène Cayzac, très largement élue (49,33%) ce dimanche à Beauvoisin, une alliée de circonstance.

Réélection aussi pour le maire du Grau-du-Roi avec une participation de 60,22%. Dans ce duel clairement identifié entre Robert Crauste et son opposant de droite Charly Crespe, la participation a augmenté de six points entre les deux tours. L'édile en place a tiré les marrons du feu de la division de la Droite, incapable de réellement s’unir.

Le jeune candidat Charly Crespe réalise malgré tout une percée intéressante avec 41,80% « C’est plutôt un beau résultat. En trois ans, plus de 40% de la population m’a fait confiance lors de cette élection », a-t-il réagi. Largement en tête au premier tour, le maire sortant Robert Crauste a confirmé ce dimanche et obtient 58,20% des voix. « Dès demain, on va se voir avec mes collègues d’Aigues-Mortes et de Saint-Laurent-d’Aigouze, parce qu’il faut qu’ensemble on soit soudés pour ce magnifique territoire de Terre de Camargue », se projette-t-il déjà.

Dans le Gard Rhodanien à Pont-Saint-Esprit, la participation a été dix points plus élevée qu’à Bagnols, avec 46,6 %. Chose rare ce dimanche, elle a même progressé de plus de deux points par rapport au premier tour, à l’issue d’une campagne âpre. Et cette participation a clairement resserré le duel qui opposait la maire sortante, Claire Lapeyronie, à son adjointe sortante, Catherine Chantry, qui a fait alliance avec la liste arrivée troisième au premier tour conduite par Didier Bonneaud.

Ainsi, à Pont, Claire Lapeyronie est repassée avec « seulement » 200 voix d’avance sur Catherine Chantry (53,31 % des voix contre 46,69 %). Dans le Gard rhodanien toujours, citons le cas de Tavel qui, avec une participation de 60,48 % au second tour, a vu le maire sortant Claude Philip passer avec une courte avance de 73 voix face à Xavier Ternisien (« Tavel avenir ») ainsi que la troisième liste emmenée par Céline Seyller (« Tavel pour tous »). Reste que sur l’Agglo du Gard rhodanien, les différents résultats du soir, combinés à ceux du premier tour, devraient permettre à la majorité sortante emmenée par Jean-Christian Rey de rempiler.

Enfin, dans les Cévennes, le duel qui opposait le maire de Saint-Hilaire-de-Brethmas à son opposante Sylvie Galtier s'est soldé par la victoire du sortant. Jean-Michel Perret l’a emporté 56,31% contre Sylvie Galtier 43,69% pour son adversaire qui n’a pas pu profiter du désistement de son ancienne alliée, Simone Teissier, présente au premier tour en mars dernier.

Ces maires qui ont succombé

Mais comme dans toute règle sur le taux de participation, il y a des exceptions. Dans le Gard, les municipales 2020 auront été marquées par la fin de règne du maire de Sommières et celui de Marguerittes. À Sommières, le maire Guy Marotte s'incline avec 33,90% des suffrages contre 39,30% pour son rival et président de la communauté de communes, Pierre Martinez.

Un résultat qui met un terme au mandat du maire élu depuis 2005. Le vrai chamboulement de ces élections restera la défaite de William Portal. Élu depuis 31 ans, l'édile - en ballottage défavorable a l'issue du premier tour - n'a pas réussi à inverser la tendance. William Portal termine dernier du crutin avec 22,26% des voix contre 53,87% pour son opposant Rémy Nicolas qui devient le maire de la troisième commune de Nîmes métropole en termes d'habitants.

Une abstention qui pose question

Dans la plupart des villes, ce scrutin 2020 a peiné à mobiliser. À Nîmes, le candidat de Gauche, Vincent Bouget, appelle à « traiter l’abstention : il y a une crise démocratique profonde et une défiance envers les autorités. Le premier enseignement c’est vraiment celui-là. Ça appelle à beaucoup d’humilité.» À Bagnols, le maire sortant met cette situation sur le dos du covid-19, « qui nous fait vivre une crise sanitaire, économique, sportive, culturelle » à laquelle Jean-Yves Chapelet ajoute désormais « une crise démocratique. » Son adversaire de la liste « Alliance citoyenne » Thierry Vincent y voit plutôt « une forme de découragement » chez les électeurs. Un découragement qui doit nous poser questions, nous citoyens, élus et même journalistes.

La rédaction 

Coralie Mollaret

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