SOIR DE VICTOIRE En 2017, le novice Anthony Cellier élu député
Tout l’été, Objectif Gard vous raconte les soirées de victoire de nos politiques gardois. Des soirées particulières à plus d’un titre, avec cette semaine la victoire d’Anthony Cellier lors des élections législatives de 2017 sur la troisième circonscription.
Le 11 juin 2017 restera à tout jamais une date gravée dans la mémoire d’Anthony Cellier. Ce jour-là, ce cadre commercial dans le privé, simple conseiller municipal à Bagnols, était élu député sous l’étiquette de la majorité présidentielle. L’aboutissement d’une campagne qui n’aura duré qu’un mois.
Pour Anthony Cellier, l’histoire commence un jour pluvieux du mois de mai 2017. « J’étais à hauteur du rond-point de Pont-Saint-Esprit, je revenais de Bourg-Saint-Andéol quand le pdf tombe », rejoue le député. Il s’arrête, ouvre le document, et parmi la forêt de noms, « tout de suite, je vois le mien. » Une surprise, tant le conseiller municipal s’était déjà fait une raison. « Je pensais que ce serait Philippe Pecout, il était maire de Laudun-l’Ardoise, il avait des réseaux, il était mieux placé que moi », explique le député.
Alors son investiture, il la ressent « comme une promesse tenue, celle de prendre des gens qui ne viennent pas du sérail politique. » Fair-play, Philippe Pecout appelle Anthony Cellier pour le féliciter. Il deviendra son directeur de campagne. Une campagne express : En Marche a pris son temps pour dévoiler les investitures, et il ne reste même pas un mois avant le scrutin. Une campagne « à l’image de la façon dont je travaille aujourd’hui », estime Anthony Cellier.
« Je ne voulais pas faire de grande réunion publique, mais aller dans les cinquante communes de la circonscription, explique le Marcheur. Ça a été un marathon, on avait optimisé le circuit et on passait dans trois à quatre communes par jour, on se garait dans le centre-ville avant de se répartir la commune. » Et en partant, le candidat fait une photo devant le panneau de la commune en question. Et tant pis s’il a fallu parfois faire demi-tour pour réparer un oubli…
« Quand j’ai été élu, la première chose que j’ai faite a été d’aller rencontrer les cinquante maires de la circonscription », rappelle-t-il, pour faire le lien entre l’avant et l’après. Sur le pendant, Anthony Cellier est alors porté par la vague Macron, tout juste élu. « Il y avait une tendance de fond », estime-t-il a posteriori. Sur les marchés, l’accueil est bon, et pas que sur le programme politique : « sur le marché à Roquemaure, une mamie vient me voir et me dit ‘je vais voter pour vous car vous êtes vraiment mignon’ », s’amuse l’élu. Un indicateur plus personnel lui donne confiance : « à l’époque, j’ai épuisé tous mes congés pour faire campagne, et mon patron de l’époque m’appelle pour en parler, et il sent que je vais gagner, rembobine-t-il. Il me dit aussi ‘par contre si tu perds, tu n’auras pas de congés pendant un an’. »
« J’ai l’impression que tout s’emballe »
Anthony Cellier sort en tête au premier tour. Dès lors, la victoire semble acquise. « Et une nuit dans l’entre-deux tours, vers une heure du matin, je réalise. J’ai l’impression que tout s’emballe. Je me dis que je ne maîtrise plus », se remémore-t-il. Finalement, le dimanche suivant, il l’emporte face au RN avec 59,02 % des voix.
« Le soir de la victoire, je suis dans le bureau de Jérôme Talon (le référent d’En Marche et directeur de cabinet du maire de Bagnols, ndlr) place Mallet, rejoue-t-il. Seul. Je n’ai pas voulu faire le dépouillement. Et j’ai donné une consigne : la personne qui doit me l’annoncer ne doit rien dire, elle doit avoir soit le sourire, soit faire la gueule, je dois comprendre en une seconde. » En attendant, Anthony Cellier regarde les minutes s’égrener sur la tour de l’Horloge.
À un moment, il entend de l’agitation dans la salle des mariages tout à côté. « J’ai compris. Claire (son épouse), Jérôme (Talon, ndlr) et Jean-Christian (Rey, alors maire de Bagnols et président de l’Agglo du Gard rhodanien, ndlr) sont rentrés. » Dans la salle des mariages, c’est l’effervescence. Le nouveau député prend le temps d’échanger un baiser avec son épouse, puis tout le monde se dirige vers la cour Saint-Maur, derrière la mairie, où se fêtent les victoires.
« Je vois mes parents, et ce dimanche-là c’est la fête des pères, je dis à mon père que je n’ai pas trouvé mieux comme cadeau, se remémore Anthony Cellier. Je l’ai fait pleurer, c’est très rarement arrivé. C’est fort en symboles, dans ma famille nous n’avons pas de culture politique, mais le plus grand respect de la République. »
Thierry ALLARD
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