Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 03.09.2020 - anthony-maurin - 5 min  - vu 916 fois

FAIT DU JOUR Le Tour de Sallafranque

Hervé Sallafranque, journaliste pour le compte de France Bleu Gard Lozère à Nîmes, a une certaine expérience du Tour de France.
Hervé Sallafranque au col du Pourtalet avec en arrèire plan le pic d'Ossau (Photo HS).

Hervé Sallafranque (Photo Anthony Maurin).

Difficile de parler du Tour de France dans le Gard sans faire appel à un journaliste local qui s'est autant impliqué pour cette épreuve dans les médias nationaux. Hervé Sallafranque nous parle de son Tour de France.

La venue du Tour dans le Gard implique beaucoup de choses. Événement internationalement reconnu, il mettra en lumière une partie du département et offrira une visibilité indispensable aux territoires qu'il traverse. Né en août 1964 à Pau, à l'ombre des Pyrénées et de leurs mythiques cols, amoureux et fervent pratiquant du vélo, Hervé Sallafranque compile à son compteur dix Tour de France.

Pour lui, à quoi ressemble l'édition 2020 ? " Le Tour de France, c'est pas ça ! Ça doit être la démesure, la folie populaire, le monde, beaucoup de monde, des Hollandais pleins de bière dans les cols, des camping-cars partout... Là, c'est à pleurer ! Je ne crache pas dans la soupe car, pour moi, c'est la plus belle épreuve sportive du monde ! Le Tour est indestructible parce qu'il a affronté toutes ces tempêtes et la covid-19 ne risque pas de le détruire. Il ne peut pas disparaître mais il faut impérativement qu'il revienne en été, de préférence au mois de juillet ! "

Dix Tours de France à son compteur

Même s'il est devenu journaliste pour pouvoir crier un jour le mot "but" sur les ondes, Hervé Sallafranque fut quelques années durant la voix du Tour pour de nombreux auditeurs. Celui qui est à France Bleu Gard Lozère depuis 1992 n'a pourtant plus remis ses fesses sur la moto depuis 2013. Il en garde de nombreux souvenirs. " J'ai couvert les Tours 1996, 2002 puis tous entre 2006 et 2013 pour France Info, France Inter et un peu Eurosport. Une arrivée à l'Alpe d'Huez c'est quelque chose. On parle de 300 000 à 500 000 personnes pour un seul col. Là, avec la jauge à 5 000 on sera 100 fois moins. Et en plus nous ne sommes presque plus en été. On n'aura pas l'ambiance et on ne verra pas les coureurs qui fendent la foule. De toute façon je ne suis pas sûr que le Parc des Cévennes veuille accueillir autant de monde alors ça tombe peut-être bien. "

Dans de telles conditions, fallait-il maintenir une épreuve aussi spéciale sans avoir l'adrénaline de ces moments fous ? " Je ne sais pas s'il fallait le maintenir. Pour moi, peut-être pas mais je comprends les équipes qui se sont préparées toute l'année, les sponsors qui veulent avoir de la visibilité, les organisateurs qui travaillent pour cette fête et les communes qui sont traversées car c'est une fête qui est parmi les plus diffusées au monde. C'est comme la Feria des Vendanges à Nîmes : c'est une édition light, une édition Canada Dry... "

Un côté beauf assumé

Avec des hélicoptères, des motos et des cadreurs talentueux, le Tour transcende la France et ses paysages déjà magnifiques. Alors, même s'il y a moins de monde sur les routes et un peu moins devant leur télévision, cela vaut certainement la peine. " Regardez le Pont du Gard l'an dernier, les images étaient sublimes et c'est ce qui reste malgré tout. C'était une vraie réussite. Pour aujourd'hui, il va faire beau ! Le Tour, a un côté beauf assumé mais ce mot n'est pas péjoratif. On y voit des gens qui se battent pour des petits saucissons et pourtant c'est une course qui passionne, qui est intergénérationnelle, qui est populaire car l'accès y est gratuit. C'est devenu rare ce genre d'événement. "

Allez, le journaliste lâche un pronostic. " Pour le vainqueur de l'étape je vois Thibaut Pinot. Ça lui va plutôt bien mais tout dépendra de sa forme actuelle. Pour la victoire finale, je vois bien le Slovène Primoz Roglic ou un de chez Ineos Grenadiers. " Et on peut lui faire confiance sur sa sincérité ! Lors de ses vacances, Hervé Sallafranque redevient sportif. " Je n'ai jamais fait le col de Lusette ou l'Aigoual mais je compte les grimper avant la fin du mois. Par contre, j'ai fait tous les cols des Pyrénées. Ce qui me plaît, mais je dois être un peu maso, c'est le kiff qu'on ressent quand on arrive au sommet. C'est la plénitude absolue. "

Hervé Sallafranque (Photo Anthony Maurin).

En trois questions, quels sont ses souvenirs, un le plus marquant, deux le pire et et trois le plus fou ?  " Le plus marquant, c'était le Port de Balès dans les Pyrénées. Avec mon chauffeur, sur la moto, on s'est retrouvés avec les favoris qui revenaient sur l'échappée du matin. Pour la première fois, j'ai cru qu'on n'allait pas pouvoir passer tant il y avait du monde sur la route. Par miracle, on s'est encastré doucement dans le public. On était à l'arrêt. Un peu comme ce qui s'est passé avec Froome, mais on avait peur de gêner la course car les coureurs, eux, ne s'arrêtent jamais. Ils roulent quoi qu'il arrive ! J'ai vu une caméra voler et s'exploser au sol. On ne savait plus où on était. On sentait la sueur des coureurs qui nous doublaient. C'était sans pitié, je n'ai pas fait le héros... "

" Mon pire ? Sans nul doute les années 2007 et 2008, les années dopage, l'enfer sur Terre. Tous les jours nous vivions au rythme des descentes de flics dans les hôtels. On a même cru que le Tour n'irait pas jusqu'à son terme ", avoue péniblement Hervé Sallafranque.

" Le cyclisme est un sport tellement difficile "

" Le souvenir le plus fou est celui du virage 7 de l'Alpe d'Huez, le virage des Néerlandais. Il est connu pour ça. De toute façon tu le sens avant de le voir arriver... Ça te prends au nez. Ça sent la bière, l'urine. C'est une discothèque à ciel ouvert. Certains sont là depuis une semaine et se sont aménagés de vrais espaces festifs. Quand tu passes devant, tu n'entends plus le retour dans le casque tellement il y a du boucan... Pas de chance, cette année personne ne vivra cette ambiance. "

Un dernier mot ? Quelque chose que le journaliste, que l'amoureux de cyclisme, veut mettre à l'honneur ? " Je suis ravi que les suspicions de dopage se soient calmées car le Tour ne méritait pas ça... C'était injuste de critiquer autant. Le cyclisme est un sport tellement difficile. Et puis, il y avait des dopés parce qu'on cherchait des dopés ! C'est comme le coronavirus, quand on cherche on trouve des cas positifs !  Vous savez, le grand public n'était pas si hostile que les médias dans ces affaires de dopages. Sauf peut-être en 2007, le point culminant. "

Anthony Maurin

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