LE 7H50 Jean-Baptiste Fercoq : "Le Gard rhodanien a un vrai potentiel cyclable"
Comment rendre l'Agglomération du Gard rhodanien plus cyclable ? C'est à cette question que Jean-Baptiste Fercoq a tenté de répondre. Le président de la jeune association "Agissons pour le climat - Alternatives citoyennes Gard rhodanien" (AC2GR) a envoyé plusieurs propositions pour que le territoire devienne le havre de la Petite Reine.
Objectif Gard : Pourquoi avoir mis le vélo au cœur de votre réflexion ?
Jean-Baptiste Fercoq : Le vélo n'est pas la seule cause qu'on porte au sein de l'association. Ce qu'on a fait, c'est qu'on a pris les différents rapports scientifiques sur l'origine de nos émissions de gaz à effets de serre. En gros, 20% sont dus aux déplacements et aux voitures, 20% c'est l'alimentation, 20% la consommation et 20% l'habitat et le manque d'isolation des bâtiments. [...] Donc un des sujets, c'est le vélo car c'est la méthode pour se déplacer qui est la plus efficace du point de vue énergétique et qui ne consomme quasi pas de CO2.
Qu'en est-il de l'avancement du réseau cyclable dans le Gard rhodanien aujourd'hui ?
Aujourd'hui, le réseau cyclable ne comporte que quatre boucles cyclotouristes sur le territoire. Et puis c'est tout. À Pont-Saint-Esprit, Laudun et Bagnols-sur-Cèze, on trouve quelques petites choses mais à part ça, il n'y a rien. Alors nous, on s'est posé la question : comment développer un réseau cyclable qui ne coûte pas les yeux de la tête au contribuable ? On s'est dit: utilisons les petites routes peu empruntées par les automobilistes, limitées à 30 km/h la plupart du temps, situées souvent à côté de grands axes plus fréquentés. Après l'objectif, c'est de mettre des petits panneaux verts de véloroute pour indiquer les directions, les villes. Le coût est dérisoire, c'est 150 € le panneau. Bien sûr, il y a certains points qui nécessitent plus d'investissements pour sécuriser. Par exemple, l'itinéraire qu'on propose plutôt à visée touristique sur la vallée de la Cèze. Il croise régulièrement la départementale assez passante donc il faudrait faire des accotements qui sont assez grands et limiter la vitesse sur ces portions-là.
Vous avez retenu combien de kilomètres d'axes qui pourraient être utilisés pour ce réseau cyclable ?
Facilement une centaine de kilomètres. Le Gard rhodanien a un vrai potentiel cyclable. Il y a énormément de petites routes peu empruntées. Après, il y a un potentiel touristique. Il y a de plus en plus de cyclotouristes sur la Via Rhôna, il faut réussir à les capter et là, ça nécessite un peu d'investissement car ça veut dire passer le Rhône de manière sécurisée. À Pont-Saint-Esprit, passer le Rhône en vélo c'est un peu compliqué. On propose un gros investissement : une passerelle cyclable sur le Rhône. Ce n'est pas indispensable mais si on veut développer le tourisme, c'est nécessaire.
Le territoire présente une topographie assez intéressante pour ceux qui voudraient faire les trajets domicile-travail à vélo ?
Oui car il y a en moyenne 5 km entre chaque commune de l'agglomération. 5 km à vélo, ça équivaut à un temps de trajet de 10 à 15 minutes. C'est pas beaucoup plus qu'en voiture et l'avantage en vélo, c'est qu'on se gare très près de là où on va. On ne perd pas de temps à trouver une place de parking. Effectivement, quand les gens travaillent à 40 km de chez eux, en vélo c'est plus compliqué. C'est pour ça qu'on attend impatiemment le train pour mettre les vélos dedans lors de trajets plus longs.
Vous-même vous pratiquez le vélotaf ?
Oui, je travaille à Centraco et je vis à Bagnols-sur-Cèze. Je fais le trajet quasiment tous les jours. Et même un peu plus que ça car j'amène mes enfants à Codolet à l'école et après je vais à Marcoule. Quelqu'un qui n'est pas malade, qui n'a pas de problème de santé peut le faire. C'est une question de volonté et d'engagement. C'est aussi la satisfaction de ne pas polluer, d'un point de vue économique, c'est génial. On achète un vélo d'occasion 50 ou 100 €, on rentabilise son achat tous les mois avec l'essence qu'on ne met pas dedans.
Dans vos propositions, vous privilégiez au maximum les zones où beaucoup de personnes travaillent ?
Oui par exemple, le quartier de Bernon : on regarde comment relier ce quartier là au village de Laudun et à Bagnols. Idem pour Marcoule : comment le relier à Bagnols et aux villages alentours et à Pont-Saint-Esprit. Pont-Saint-Esprit et Marcoule, c'est plus compliqué : il y a plus de kilomètres, un dénivelé plus important. C'est aussi le frein quand on est dans un endroit vallonné. Quoi qu'il y a les vélos électriques qui se développent de plus en plus.
Au total, à combien s’élèverait le total de vos propositions si elles étaient appliquées ?
Avec 200 000 €, on couvre 90% du territoire du Gard rhodanien pour se déplacer de façon sécurisée à vélo. Maintenant, il faut demander des subventions au niveau de la Région, de l'Agglo... Ça c'est l'étape suivante : trouver des partenaires qui vous nous aider à mettre en place ces propositions. L'Agglo nous a dit qu'ils avaient transmis notre dossier pour qu'il soit intégrer au projet de territoire. Là, on est en train de voir avec des maires qui seraient volontaires de faire des démonstrateurs, des expérimentations sur leur village : montrer que ça marche et que ça ne coûte pas cher. Nous, on a fait des propositions en tant qu'association mais c'est peut-être pas l'itinéraire le plus intelligent. On peut en imaginer d'autres. Nous, on a fait le minimum économique mais ils peuvent avoir envie de faire des choses un peu plus ambitieuses avec de vraies pistes cyclables. On a lancé le pavé dans la mare, on met en marche une démarche.
Le vélo se dessine comme un enjeu crucial de l'avenir ?
Oui surtout suite au confinement, il y a eu un gros boom pour le vélo. C'est le moment. Le tourisme à vélo se développe. Il y a une fenêtre de tir maintenant, il faut que collectivement, on ne la rate pas. L'objectif du Gouvernement, c'est de passer de 2 à 3 % de la population qui utilise le vélo à 7%. Je me suis amusé à appliquer le quota pour Bagnols, cela ferait 1 200 personnes à vélo tous les jours. Si on veut réussir à atteindre ces objectifs nationaux sur notre territoire, il y a de vrais investissements à faire.
Propos recueillis par Marie Meunier
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