Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 26.09.2020 - corentin-migoule - 3 min  - vu 10043 fois

FAIT DU SOIR Frédéric Amsaleg, propriétaire d’un camping à Anduze : « Notre vie est dans les mains des assureurs »

Frédéric Amsaleg devant l'un de ses 37 mobil-homes sinistrés. (Photo Corentin Migoule)

Le camping Bel Été d’Anduze est l’une des nombreuses victimes directes des intempéries qui ont frappé les Cévennes. Sept jours après la crue du Gardon qui a causé la perte de 37 mobil-homes, Frédéric et Olinda Amsaleg n’ont qu’une idée en tête : retrouver leurs clients au printemps 2021.

Ils auraient pu sombrer, jeter l’éponge et décider de changer d’activité. Le violent épisode pluvieux qui a touché Anduze et son réputé camping Bel Été le week-end dernier, n’aura fait que renforcer la volonté de ses propriétaires de poursuivre ce qu’ils ont commencé il y a bientôt dix ans.

Il y a bien eu quelques larmes versées par Olinda Amsaleg, découragée par l’ampleur des dégâts. Mais très vite, grâce à l’intervention des pompiers, à l’aide de la société civile et celle de la mairie, « omniprésente », Olinda a retrouvé sourire et dérision : « Après une semaine à récurer, j’ai dit à mes amis que s’ils m’offrent une thalasso avec bain de boue, je leur rends le coffret cadeau. »

Si elle préfère rire de la situation, la propriétaire n’a pas pour autant perdu sa détermination : « Rendez-vous en 2021 ! », a-t-elle lancé dans le reportage que lui a consacré la chaîne M6 en début de semaine. « Le paradoxe, c’est que je reçois des appels d’amis ou de clients qui pleurent au téléphone en me demandant comment je fais pour tenir le coup. C’est touchant, mais il faut qu’ils sachent qu’on va s’en remettre. » Sur le même ton, le mari Frédéric, philosophe : « Ce n’est que du matériel. On est tous en bonne santé, c’est le principal. » Car comme à chaque fois que le Gardon menace de déborder, le couple, qui vit à l’année dans une maison attenante à l’établissement, file se réfugier chez les amis du camping l’Olivier, à cinq minutes au sud d’Anduze.

Le niveau d'eau est monté jusqu'à près d'un mètre à l'intérieur de certains mobil-homes. (Photo Corentin Migoule)

Lorsqu’on rencontre le couple Amsaleg moins d’une semaine après la crue qui a ravagé leur propriété, le fils Valentin a troqué son col blanc de banquier pour un vieux survêtement et multiplie les allers-retours entre la maison et la benne à ordures. Jade, la fille, qui a demandé à quitter quelques jours son école à Montpellier pour être auprès de ses parents, met aussi la main à la pâte. « Ça commence à avoir meilleure mine qu’en début de semaine », se réjouit Frédéric en nous ouvrant la porte de la pièce principale.

Dans les allées, les mobil-homes portent encore les stigmates de la crue. Trente-sept d’entre eux, ensevelis de boue, sont définitivement perdus. À l’intérieur, le mobilier s’est fracassé au sol et est lui aussi inéluctablement endommagé. « Sachant que chaque mobil-home vaut entre 15 000 et 20 000 euros, on ne sait pas quel parc on pourra offrir à nos clients selon ce que vont nous proposer les assurances. La vérité c’est que notre vie est dans les mains des assureurs », résume Frédéric, sans tomber dans l’apitoiement.

Les quads réservés aux enfants ne sont plus en état de marche. (Photo Corentin Migoule)

Le camping familial et étoilé possède, en plus d’une tyrolienne et de deux toboggans aquatiques, une spécialité : une dizaine de mini-quads mis à disposition gratuitement des enfants pendant leur séjour (notre photo). Le coup est plus dur à encaisser pour le couple de quinquagénaires lorsqu’il s’aperçoit que les engins motorisés ont tous pris l’eau, tandis que les survivantes du parc à motos sont très rares. Le Bel Été dispose en effet de la mention « Relais motards » car la famille Amsaleg, qui a passé près de quarante ans en région parisienne avant de se fixer dans le sud, est férue de deux-roues. « Un motard qui se présente pour dormir une nuit chez nous ne paye jamais », s’amuse Frédéric.

Cette seconde famille motorisée aurait même l’intention de créer une cagnotte pour soutenir financièrement le couple chez qui les séjours sont souvent appréciés. Un élan solidaire qui vient s’ajouter au millier de mails et de messages reçus par les Amsaleg en moins d’une semaine, en attendant le verdict des experts d’assurances. Mais à en croire la robustesse de cette famille anduzienne, le soleil est encore appelé à briller au camping Bel Été.

Corentin Migoule

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