FAIT DU SOIR Épisode cévenol : les producteurs d'oignons doux ont perdu gros
Lourdement touché par un épisode cévenol le week-end passé, le canton de Valleraugue panse ses plaies. Parmi les secteurs durement touchés, les producteurs d'oignon doux ont perdu gros. Témoignages.
C'est le véritable poumon économique du secteur. "Ici une bonne centaine de familles vivent de l'oignon doux, résume Thomas Vidal directeur d'une coopérative d'une centaine de producteurs. Nous sortons d'une excellente récolte et si nous n'avons encore les chiffres à l'heure actuelle, nous allons probablement dépasser les 2 100 tonnes atteintes en 2019."
Mais le terrible épisode cévenol qui a frappé le week-end passé est vu ternir le tableau. "La coopérative n'a pas été touchée mais la moitié de nos 71 producteurs d'oignons ont connu des pertes, explique-t-il. Des bâtiments se sont retrouvés sous les eaux et du matériel a été détruit. Des terres agricoles ont été touchées et nous risquons donc d'avoir des pertes importantes de récolte l'année prochaine et les suivantes."
Du jamais vu pour les producteurs
Parmi les producteurs les plus touchés, Gaël Martin se rappelle de cette journée en enfer. "Il y a eu un déluge et d'un seul coup l'eau a tout submergé, témoigne-t-il. De mémoire d'ancien, on n'avait jamais vu ça ici. " Pour lui les dégâts sont considérables. "Sur nos deux hectares de surface cultivée, 3 000m2 ont été ensevelis, chiffre Gaël Martin. On pourra peut-être récupérer un tiers mais le reste est perdu à tout jamais."
"Nous avons aussi un bâtiment de stockage avec tout le foin de l'hiver et une partie de notre matériel qui est parti sous les eaux, poursuit-il. Nous faisons par ailleurs de l'élevage ovin et avons perdu 50% de notre troupeau suite aux intempéries. 80 agneaux sont morts noyés et nous avons dû procéder à de nombreux avortements. Au total, nos pertes sont estimées à 300 000€."
Si les assurances devraient rembourser une grosse partie des dégâts grâce au classement en catastrophe naturelle, les producteurs espèrent encore plus. "Nous devrions être classés en calamité agricole, explique Thomas Vidal. Cela permettrait une meilleure indemnisation des pertes et ce serait logique au vu de la situation. Avec l'association de défense de l'oignon, la coopérative sert de véritable relai entre les producteurs et les services de l'État."
Où reconstruire ?
Pour Gaël Martin, pas question de se lamenter. "On n'a pas le temps de pleurer sur notre sort, il faut aller de l'avant, estime-t-il. Désormais, une question se pose. Où rebâtir dans un secteur très largement classé en zone naturelle protégée ?" Un constat partagé par Thomas Vidal. "Nos superficies ont pris un sacré coup avec ces inondations. Il va falloir qu'on puisse mobiliser du foncier afin de cultiver de nouvelles terres et maintenir nos rendements." L'avenir économique du canton est en jeu.
Boris Boutet
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