Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 21.10.2020 - anthony-maurin - 2 min  - vu 446 fois

GARD Deux peintres du Refuge, deux artistes juifs dans les Cévennes entre 1942 et 1944

(Photo Anthony Maurin).

Un nouveau livre paru chez Alcide (Photo Anthony Maurin).

Alcide, maison d'édition gardoise, sort une fois de plus un livre qui fait écho aux valeurs cévenoles. Avec le dernier né de Patrick Cabanel, Deux peintres du Refuge artistes, juifs dans les Cévennes, 1942-1944, le lecteur est aussi au musée de la mémoire picturale.

Nous n'en sommes pas au premier ni au deuxième... Les livres, Patrick Cabanel les enchaîne mais il n'est pas en mode industriel, loin de là car chacun d'eux est d'une précision d'horloger suisse. Dans ce nouvel opus mémorial, l'auteur prend l'art comme porte d'entrée de l'Histoire. Petite astuce aussi pour cette nouveauté assez particulière, Cabanel écrit un simple texte, dense mais super efficace. Quelques pages de mise en perspective, quelques lignes de contextualisation.

" En suivant pas-à-pas ces deux peintres qui essaient d'échapper à la poursuite implacable des nazis, Patrick nous offre une expérience unique et vertigineuse : celle de percevoir, presque physiquement, la fragilité de la clandestinité, la peur, l'espoir, le nombre de hasards nécessaire qu'il faut pour échapper au pire ", évoque Yann Cruvellier, patron des éditions Alcide.

(Photo Anthony Maurin).

Qui sont ces artistes choisis par Patrick Cabanel et qui ont vécu de telles horreurs ? Leo Maillet et Jacob Barosin succèdent au texte d'une vingtaine de pages de l'écrivain cévenol. " La force du texte est directement lié à la puissance évocatrice des œuvres, pour la plupart inédites ou rarement vues ", poursuit l'éditeur. Il faut dire que les œuvres de Jacob Barosin sont exposées au Mémorial de l'holocauste de Washington et au musée de Yad Vashem de Jérusalem.

Les œuvres, de style bien différent, racontent la vie clandestine de réfugiés juifs qui se savent traqués. Tous deux passés par des camps d’internement ils ont réussi à s’en échapper. Loin de tout, " ils ont continué, sans matériel, sans toiles, sans personne d’autre que leur compagne ou compagnon pour discuter leurs œuvres, à vivre et à créer ".

La collection proposée dans l'ouvrage montre des œuvres souvent sombres : internés aux traits à peine distincts, cimetières, vie dans les camps, nature tantôt accueillante, tantôt menaçante… Vision douce ou cauchemardesque, en nuances de noir, de blanc, de gris. Outre leur dimension artistique, ces dessins et peintures montrent aussi l’ambiance des camps, l’attente, les appels, et les rares occupations.

" C'est à la faveur de son maître-ouvrage Nous devions le faire, nous l'avons fait, c'est tout, que Cabanel a découvert, au coeur du refuge juif en Cévennes pendant la seconde guerre mondiale, l'histoire de ces deux peintres à la carrière remarquable. L'idée est née là de partager leurs œuvres, dont certains témoignent directement de cette expérience ", ajoute Yann Cruvellier.

Le livre va au-delà du récit de l'historien Patrick Cabanel puisque l'image est fortement liée au texte. L'art des deux peintres redonne des images, des couleurs et des formes à la détresse de ces instants de vie. La Fondation pour la mémoire de la Shoah soutient ce projet ; un honneur et une reconnaissance pour Alcide.

(Photo Anthony Maurin).

Deux peintres du Refuge, artistes juifs dans les Cévennes, 1942-1944, de Patrick Cabanel. 80 pages, 22 euros, dans toutes les bonnes librairies.

Anthony Maurin

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