ÉDITORIAL Touche pas à l'Observatoire de la laïcité
Rapporteur général de l'Observatoire de la laïcité, le Nîmois Nicolas Cadène serait sur la sellette au sein de cette instance créée en 2007 qui assiste le Gouvernement dans son action visant au respect du principe de laïcité en France. En réalité, on reproche aux deux représentants de l'Observatoire, Nicolas Cadène, et indirectement à l’ex-ministre socialiste Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire, sans en apporter la moindre preuve, un manque de rigueur vis à vis du "séparatisme" qui semble devenu l'alpha et l'oméga de la majorité. Il est patent que cette instance doit aujourd’hui évoluer pour prendre davantage en compte les réalités de terrain. Mais reconnaissons que le timing est très mauvais pour décider en urgence de son évolution alors que la France dans son entièreté est encore sous le coup de l'émotion d'un attentat horrible perpétré en fin de semaine dernière. Comme si finalement l'Observatoire devait être puni pour cet acte inqualifiable. D'autant que depuis sa création par Jacques Chirac, son renforcement lors du mandat de François Hollande et il y a encore quelques mois, par le Président en exercice, Emmanuel Macron, l’Observatoire de la laïcité ne souffrait d'aucune critique majeure. Au contraire, tout le monde se félicitait des propositions émises par cette commission consultative trans-partisane. Et de ses actions en parallèle sur l'ensemble des territoires pour résoudre des difficultés de terrain, assurer des formations y compris aux enseignants, des conférences ou participer à des débats sur la laïcité auprès de tous les publics. Sans compter ses propositions en matière de mixité sociale et scolaire ou auprès des imams détachés, auprès de qui, en plus de l'acquisition d'un niveau de connaissance suffisant pour s’exprimer en français, on encourageait de suivre un diplôme universitaire (DU) sur la laïcité. Le tout dans le respect de la loi de 1905. Mais aujourd'hui, ce Gouvernement, gavé aux chaînes d'informations en continu et aux débats de vieux réacs sur le retour, laisse entendre qu'il est impossible d'attendre la fin du mandat du duo Cadène-Bianco en avril prochain pour faire évoluer l'instance. Il faudra l'expliquer à une bonne partie de la classe politique et aux nombreux intellectuels qui depuis cette rumeur, apportent quotidiennement leur soutien aux deux hommes. En tout état de cause, que ce soit demain ou en avril prochain, les deux socialistes pourront au moins mettre en exergue le devoir accompli et s'en prévaloir. Faire constater l'efficacité de leur travail, en conscience et dans le respect de tous et surtout de la constitution. Pour les autres, ils devront se rappeler que la rigueur intellectuelle, malheureusement, ça ne paie plus beaucoup à notre époque...
Abdel Samari
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