Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 23.10.2020 - thierry-allard - 4 min  - vu 628 fois

VALLERAUGUE Carole Delga au chevet des entreprises et agriculteurs sinistrés

La présidente de la Région Carole Delga à Valleraugue, ce vendredi matin (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

La présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, était à Valleraugue, ou plus exactement sur le territoire de la nouvelle commune de Val d’Aigoual, ce vendredi matin.

Une visite typique de la présidente de la région qui ne manque jamais une occasion de clamer son amour de la ruralité. Un amour qui, dans le contexte de la visite qui nous intéresse aujourd’hui, sur des terres cévenoles meurtries comme trop souvent par les eaux diluviennes, s’accompagne d’espèces sonnantes et trébuchantes.

Des aides venues du « pack », terme issu du rugby utilisé par la présidente de la Région pour qualifier le guichet unique mis en place avec l’État et toutes les collectivités, Région, Département et communauté de communes. Un « pack » incarné ce vendredi outre Carole Delga notamment par l’encore pour quelques jours président du Département, Denis Bouad, et la sous-préfète du Vigan, Joëlle Gras.

Car à Valleraugue certains ont tout perdu. C’est le cas de Frédéric et Virginie Lafoux, qui tiennent la boucherie familiale dans le vieux village tout à côté du Clarou, cours d’eau qui se jette dans l’Hérault à quelques dizaines de mètres de là. C’est ce même Clarou qui, il y a un mois, a débordé. Et pas qu’un peu.

« La porte vitrée a explosé », raconte Virginie Lafoux. Les eaux se sont alors engouffrées dans le magasin et le laboratoire de transformation. Le local a pris 1m50 d’eau et était pratiquement vide ce vendredi matin, le nettoyage des lieux étant à peine fini. Il va sans dire que le magasin est fermé, et ce pour plusieurs mois. « Nous tablons sur mi-mars pour la réouverture, car derrière il y a la saison, avec Pâques puis l’été », explique la gérante.

La présidente de la Région Carole Delga à Valleraugue, ce vendredi matin (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Une gérante qui salue les efforts faits par l’URSSAF et la Chambre de métiers et de l’Artisanat, « les premiers à nous aider. » Carole Delga lui indiquera que la Région a mis en place le fonds L’Occal, « pour aider sur les investissements et les avances remboursables. » La gérante a mis son expert-comptable sur le coup. Ce dispositif est départementalisé, et les aides peuvent désormais aller jusqu’à 60 000 euros, contre 20 000 initialement. « Et nous avons déplafonné les avances remboursables », précise Carole Delga, qui est également en discussion avec la Banque des territoires pour repousser le délai de remboursement de ces avances remboursables de 18 à 24 mois.

Si pour l’heure elle estime que toutes les démarches sont « en bonne voie » et reste optimiste, la gérante conserve une crainte : « Que ça recommence. Le Clarou prend de l’ampleur chaque année, et avec le dérèglement climatique… » La gérante soulève également un autre problème, explicité par le maire de Val d’Aigoual, Joël Gauthier : « Il y a une voûte privée qui s’arrête à trois ou quatre mètres de la chaussée et qui entrave le passage de l’eau, donc ça refoule. »

De quoi alimenter la crainte de Virginie Lafoux, car « si ça recommence, c’est terminé. » Et ce serait un crève-cœur : l’entreprise familiale existe depuis 1924, et fait partie du décor à Valleraugue.

« Nous sommes dans la dentelle »

Le « pack » s’est ensuite transporté sur l’exploitation agricole de M. Garmath, au hameau Berthezène, toujours à Valleraugue. Ici, les dégâts sont aussi considérables : du matériel a été emporté par les flots, comme des portions entières de terres et des murs de soutènement. Ici aussi, « il y a deux problèmes, résume Denis Bouad. Traiter l’urgence et organiser demain. »

Car pour les exploitants agricoles sinistrés, il y a urgence. « Nous devons travailler rapidement. Nous ne pouvons pas attendre trois ans », lance le président de la coopérative Origine Cévennes, Gaétan Reinhan. Son exploitation, qui fait principalement dans l’oignon, a vu notamment des terrasses emportées par les eaux. Sur place, on nous indique que dans le secteur 120 exploitations sont sinistrées, et 49 voient leur activité carrément remise en question suite aux intempéries. « Personne ne vous dit que vous allez devoir attendre trois ans, lui répondra Carole Delga. Les subventions vont être débloquées très vite. Hier, le Conseil départemental a voté 2 millions d’euros d’aides, et la semaine dernière nous avons voté 3 millions d’euros. »

Toujours sur le thème de la rapidité, la sous-préfète rappellera que l’arrêté ministériel de catastrophe naturelle avait été pris « quatre jours après, en un temps record. » « C’est une rapidité exemplaire », appuiera Denis Bouad, avant de préciser qu’une première évaluation des dégâts avait déjà été réalisée. « Nous sommes dans la dentelle », ajoutera-t-il également.

Les flots ont emporté des murs de soutènement, des terres et des terrasses agricoles à Valleraugue et ses alentours (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

« Pour les agriculteurs, nous apportons une aide de la Région pour la calamité agricole de 25 % en complément des aides de l’État, et sur les réseaux d’irrigation de 40 % du montant des travaux », notera la présidente de la Région. Une élue qui commence à être habituée aux catastrophes naturelles, après l’Aude en 2018 et les Pyrénées-Orientales en 2019, événements lors desquels le guichet unique du « pack » a déjà été mis en place pour faciliter les démarches.

Les dégâts sont également importants pour la mairie. « J’ai eu les premiers devis, aujourd’hui nous en sommes à 2,6 millions d’euros, mais nous passerons les 3 millions », explique le maire de Val d’Aigoual, Joël Gauthier. Une somme colossale pour une commune dont le budget ne dépasse pas les 3 millions d’euros. « Ça ne pourrait pas rentrer dans le budget annuel de la commune, même en l’étalant sur 10 ou 20 ans nous n’aurons pas les moyens de reconstruire les réseaux, les voiries et les ouvrages d’art », affirme le maire, soulagé de voir le « pack » au chevet de sa commune.

Notamment la Région, qui n’a d’ordinaire pas à intervenir sur les voies communales, mais qui va mettre « 15 % en complément de l’État et du Département », précise Carole Delga avant d’ajouter que « c’est la solidarité nationale. » Il en faudra pour, comme l’avance la présidente de la Région, « soutenir les Cévennes. Il n’y a pas de fatalité. Nous allons reconstruire et continuer à créer de l’emploi durable et respectueux de l’environnement. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

Thierry Allard

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