Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 08.11.2020 - thierry-allard - 3 min  - vu 616 fois

CÔTES DU RHÔNE Le vin souffre de la crise du coronavirus et des exportations en berne

Le président d'Inter Rhône Philippe Pellaton (Photo : Clément Puig / Inter Rhône) - Clement Puig photographer

Lors de sa présentation vendredi, Philippe Pellaton, le nouveau président de l’interprofession des côtes du Rhône et de la vallée du Rhône Inter Rhône, a dressé le bilan de santé de l’appellation, dans le contexte de crise sanitaire que l’on connaît.

Huit mois après le début de la crise sanitaire, on commence à y voir plus clair sur l’impact du coronavirus sur les vins des côtes du Rhône. « Sur les vins de la vallée du Rhône, les volumes sont en retrait de 6 % sur la période juillet 2019 - juillet 2020 », explique Philippe Pellaton, par ailleurs président de Maison Sinnae, ex-Laudun-Chusclan Vignerons, la première entité de production des côtes du Rhône. 6 %, un chiffre que le président d’Inter Rhône qualifie de « relativement contenu », tout en ajoutant qu’il recouvre « des réalités différentes dans les entreprises et les appellations. »

Globalement, la crise covid a rebattu les cartes entre les différentes productions. « Cette crise a amené des distorsions », estime Philippe Pellaton. Ainsi, alors qu’avant la crise les vins les plus luxueux, comprendre les crus et les côtes du Rhône villages, étaient en grande forme, à l’inverse des appellations régionales en rouge, qui se trouvaient en difficulté, le confinement a changé la donne.

« Les restaurants ont fermé, et pour les cavistes c’était compliqué, les crus qui se trouvaient sur ce circuit se trouvent en difficulté », pose le président. « A contrario, les grandes surfaces ont performé pendant le confinement, le modèle des grandes surfaces qui souffrait avant le covid a retrouvé de sa superbe, et les vins qui y sont présents aussi », poursuit-il. Cela concerne les appellations régionales et les bag in box principalement. L’appellation Ventoux par exemple, bien implantée en grandes surfaces, a ainsi vu ses ventes croître.

Sur la partie caveau, sans surprise, le covid a mis un gros coup. « Mon expérience personnelle, c’est -90 % d’activité pendant le confinement », note Philippe Pellaton. Plus largement, les mois d’avril et mai ont été très mauvais, et si le tir a été rectifié depuis, « nous n’avons pas tout à fait retrouvé les niveaux d’avant », précise-t-il.

L’export en berne, les États-Unis et la Chine dévissent

Ce n’est pas le plus inquiétant. Les principales sources de préoccupation pour la vallée du Rhône se trouvent à l’export, où les ennuis n’ont pas attendu le coronavirus. Il y a d’abord eu le Brexit, qui a fait craindre le pire pour le premier marché d’export des côtes du Rhône. « Pour l’instant, les volumes sont consolidés sur ce marché », souffle le président. Ce n’est pas le cas des États-Unis et de la Chine.

Aux US, « il y a une vraie chute, de 20 % sur les 12 derniers mois, et de 46 % sur les huit premiers mois de 2020 sur les appellations hors Côtes du Rhône », présente Philippe Pellaton. Pour les Côtes du Rhône, cette baisse est de 16 %. Outre le covid, cette baisse est le résultat de la taxe Trump, entrée en vigueur fin 2019 en mesure de rétorsion contre Airbus, qui a durement touché les vins de la vallée du Rhône. « Il y a des ruptures de marchés aux États-Unis », rajoute-t-il. Des accords interprofessionnels pour obtenir une dérogation sont en discussion.

Autre inquiétude : la Chine. « Sur les huit premiers mois de 2020, nous avons perdu 46 % en Chine », avance le président d’Inter Rhône. L’inquiétude est moindre concernant ce marché, même s’il reste moins important en volume pour les vins de la vallée du Rhône que les États-Unis.

Reste que le président de l’interprofession se dit « particulièrement inquiet, ces deux pays étaient ciblés comme des relais de croissance en volume et en valeur. » Vu la situation, Inter Rhône a décidé de recentrer quelque peu ses actions marketing et communication sur le marché domestique, qui fait office de refuge.

Paradoxalement, dans ce contexte, le fait que les récoltes soient en retrait sur le millésime 2020 de 5 à 7 % d’après les premières estimations, à cause des aléas climatiques principalement, fait office de bonne nouvelle. De ce fait, « nous avons des stocks contenus et un équilibre économique stable », affirme Philippe Pellaton. De quoi tabler sur un maintien des cours, et ainsi limiter la casse.

C’est que, dans le secteur du vin aussi, « pour les six prochains mois, nous avons peu de visibilité », ajoute le Laudunois.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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