Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 11.11.2020 - stephanie-marin - 4 min  - vu 2784 fois

CORONAVIRUS "La semaine en cours et la prochaine sont cruciales", selon l'ARS Occitanie

Au service réanimation au CHU de Nîmes. (Photo d'illustration : Romain Cura/Objectif Gard)

Pierre Ricordeau, le directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) Occitanie s'est longuement exprimé lors d'une conférence de presse ce mardi 10 novembre. 

Le directeur général de l'ARS Occitanie n'y est pas allé par quatre chemins, la situation est grave, plus qu'au printemps. Il faut dire qu'à cette époque-là, la région était "un peu en retard dans la cinétique de l'épidémie". La mise en place du confinement, à un moment relativement précoce dans le déploiement de l'épidémie en Occitanie, avait permis de limiter les impacts sur le système sanitaire et ainsi d'aider d'autres régions métropolitaines plus fortement touchées, notamment le Grand-Est. Aujourd'hui, la situation est différente, "car l'épidémie s'est largement diffusée sur la plus grande partie du territoire". Y compris dans les secteurs ruraux, plus fortement sur la partie Est de la région.

"Un nombre de décès beaucoup plus important au cours des quatre dernières semaines"

"Le bilan humain est désastreux. Ce n'est pas une petite épidémie que nous vivons". Pour illustrer son propos, Pierre Ricordeau s'appuie sur un graphique mettant en exergue le nombre moyen de décès par mois sur les trois dernières années. Au printemps, la courbe de 2020 se détachait assez peu de celles des années 2018 et 2019 selon les indicateurs de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Mais en octobre, elle s'en éloigne plus distinctement. Ce qui traduit "la gravité différente de l'épidémie cette fois-ci en Occitanie avec un nombre de décès beaucoup plus important au cours des quatre dernières semaines". Soit 531 décès enregistrés dans les établissements de santé, auxquels il faut ajouter 80 décès dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). "L'Insee nous le dira plus tard mais cela devrait se traduire par un effet de surmortalité au cours du mois de novembre en Occitanie".

>> À lire : Les derniers chiffres publiés par l'ARS Occitanie de la pandémie de coronavirus covid-19 dans le Gard et en région

"La situation est ambiguë, concède le directeur général de l'ARS Occitanie. Il y a des signes de stabilisation à certains endroits, de ralentissement de la hausse mais ils sont extrêmement fragiles et difficiles à interpréter." D'abord parce que la période des vacances de la Toussaint vient de s'achever et qu'il est pour l'heure impossible de connaître son impact sur la diffusion du virus. Mais aussi parce que la mesure du couvre-feu n'a pas été appliquée dans tous les départements et parce que ce deuxième confinement est plus allégé par rapport au premier.

Pierre Ricordeau appelle donc à la vigilance. "Aujourd'hui, nous sommes à une incidence d'environ 400 sur la région, c'est-à-dire huit fois le seuil d'alerte. Le nombre des hospitalisations continue d'augmenter, même si la hausse ralentit, avec plus de 1 100 entrées au cours de la dernière semaine. Et une hausse des décès, près de 200 en établissements de santé la semaine dernière contre 150 la semaine précédente et un peu plus de 100 la semaine encore précédente."

"L'effort n'est pas terminé"

Le représentant de l'ARS Occitanie l'assure : "La semaine en cours et la prochaine sont absolument cruciales." Tout au long de la conférence de presse, il a martelé l'absolue nécessité de respecter les gestes barrières et le confinement pour enrayer l'épidémie de covid-19. Encore une fois pour illustrer son propos, Pierre Ricordeau s'appuie sur un graphique présentant les projections de l'Institut Pasteur pour la région, soit deux scenarii.

Le premier avec un taux de reproduction - "le fameux R" - du virus situé en-dessous de 1, à 0,9. "Dans cette situation-là, nous voyons apparaître un pic d'hospitalisations en service réanimation autour de la mi-novembre puis une descente. En revanche, si le R est à 1,2, le pic sera plus tardif et plus long. Il y aura une mise sous pression absolument exceptionnelle de notre système hospitalier sans qu'on ne soit sûr qu'il soit capable de la supporter".

(Document ARS Occitanie)

Un système hospitalier déjà fortement mobilisé. "Sur les hospitalisations conventionnelles, nous sommes à 80% au-dessus du pic que nous avons connu au mois d'avril. Quant aux réanimations, une fois qu'on neutralise la trentaine de malades que nous avions accueilli du Grand-Est, nous sommes à près de 25% au-dessus du pic par rapport au printemps."

Pierre Ricordeau poursuit : "L'effort des soignants et des établissements, autant publics que privés, a déjà permis d'augmenter de 40% le nombre de places déployées en Occitanie. Nous sommes à plus de 650 lits de réanimation aujourd'hui, dont 90% sont occupés. Cet effort de création de lits se poursuit dans l'ensemble des établissements qui dégagent des ressources humaines pour le faire." Ce qui oblige à la déprogrammation de 50% des interventions traditionnelles.

La situation dans les EHPAD

Concernant la situation dans les Ehpad, là encore, le directeur général de l'ARS Occitanie va droit au but. "Elle est critique". "Il y a 180 foyers d'infection en EHPAD depuis le déconfinement. Aujourd'hui, il en reste encore 125 actifs. C'est près d'un tiers des clusters signalés en Occitanie." Pierre Ricordeau en profite pour lancer un appel aux renforts : médecins, psychologues, infirmiers, agents qualifiés, cuisiniers, etc. (*) Plus de 115 tests antigéniques ont été livrés dans les EHPAD "pour les personnels de santé ou lorsque des visites sont réalisées."

"Des opérations particulières vont être mises en œuvre pour le déploiement de ce dispositif dans un certain nombre d'administrations. C'est le cas dans l'Éducation nationale. La doctrine d'utilisation des tests antigéniques pourrait évoluer dans les prochains jours. Nous attendons un message national",  ajoute-t-il. Un process qui a démarré avec la création de "lieux covid". Une soixantaine est en train de se mettre en place en Occitanie. Ils seront répertoriés sur le site de l'ARS.

Stéphanie Marin

* Pour postuler : renfortrh.solidarités-sante.gouv.fr

Stéphanie Marin

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