Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 28.11.2020 - corentin-corger - 5 min  - vu 3466 fois

FAIT DU JOUR Louis Foursans-Bourdette, une pépite nîmoise en Top 14

Formé au Rugby Club Nîmois, ce demi d'ouverture de 18 ans fête ce samedi sa première titularisation en Top 14 avec Montpellier. Portrait.
Louis Foursans-Bourdette, ballon en main, en 2018 (Photo DR)

Pur Nîmois, Louis Foursans-Bourdette est un passionné de rugby qui a fait toutes ses gammes au Rugby Club Nîmois. Ce demi d’ouverture promis à un grand avenir a été recruté en 2019 par le Montpellier Hérault Rugby. À seulement 18 ans, après avoir joué 24 minutes face à Bayonne, il fête aujourd'hui sa première titularisation en Top 14 contre Bordeaux-Bègles. 

C’est de son grand-père, ancien directeur de l’hippodrome de Nîmes, que Louis Foursans-Bourdette tient son prénom. Après quelques années à pratiquer le judo, ce pur Nîmois né le 29 janvier 2002 qui a grandi près des Jardins de la Fontaine, se passionne pour le rugby. S’il n’y a pas de rugbyman dans la famille, son papa, Pierre, a toujours apprécié ce sport. Dès ses 8 ans, il signe sa première licence au Rugby Club Nîmois. "Moi qui venait d’un sport individuel, j’aimais bien cet esprit d’équipe et le fait de ne rien lâcher ensemble", commente l’intéressé.

Doué pour la balle ovale, le demi d’ouverture progresse vite et a la chance, après avoir effectué ses années collège à la Révolution, de pouvoir intégrer le Pôle Espoirs de Béziers. "Ça m’a toujours fait rêver d’en faire de mon métier ", assure Louis qui s’entraîne tous les jours et rentre chez lui le week-end… pour jouer au rugby évidemment. Une vie consacrée au terrain pour suivre les traces de ses idoles, le Néo-Zélandais Dan Carter et l'Anglais Johnny Wilkinson, "qui ont un sens du jeu incroyable, un charisme énorme et qui sont des modèles de travail pour les jeunes." Il affronte parfois ses camarades de classe : "Avec les moins de 16 ans du RCN, on a obtenu de très bons résultats et même atteint les quarts de finale du championnat de France cadet", se souvient-il avec sourire.

Après une décision fédérale de changer les Pôles Espoirs en académie de club il se retrouve dans un lycée montpelliérain pour effectuer sa Première et sa Terminale. Nous sommes en juillet 2019 et la carrière de celui qui compte déjà une sélection en équipe de France U16 commence à se dessiner quand le Montpellier Hérault Rugby le recrute pour finir sa formation et intégrer ensuite les Espoirs. "Je me sentais bien à Nîmes mais pour progresser, il me fallait aller dans un plus gros club. J’ai choisi le MHR car j’avais une carte à jouer là-bas et pour être proche de ma famille", détaille l’adolescent au sujet du choix de sa destination.

Même en côtoyant les pros, Louis (deuxième à partant de la gauche) a gardé ce même plaisir pour le rugby peut-être moins pour la boue (Photo DR)

Avant de traverser le Vidourle, le Gardois est de nouveau sélectionné en Bleus mais cette fois-ci chez les moins de 18 ans pour participer à un tournoi international en Afrique du Sud après un stage de 20 jours à Marcoussis, le Centre national du rugby et fief de l'équipe France. "Une expérience incroyable", qui s’achève par une victoire face aux Springboks et deux courtes défaites face aux Anglais et aux Gallois.

C’est donc sous ses nouvelles couleurs que Louis attaque la saison 2019/2020 dans la catégorie des moins de 18 ans. Mais ses performances l’amènent à s’entraîner déjà avec les Espoirs : "C’est rare pour un jeune d’y être. J’étais le seul mineur. J’étais un peu privilégié mais ça me permettait de me mesurer aux plus grands." La covid-19 et le confinement qui s’ensuivent viennent couper ses espoirs de jouer dans l’antichambre des pros.

À l’été dernier, sa deuxième année de contrat s'enclenche et il obtient le statut Espoirs. "Avant on gagnait de l’argent de poche, là on a un vrai salaire." Un espoir qui fait partie de la bonne dizaine de jeunes à être retenue pour réaliser toute la préparation estivale avec l’équipe professionnelle. "Le premier jour c’est assez impressionnant. Tu t’entraînes avec des mecs que tu voyais à la télé. J’avais des étoiles plein les yeux", commente le jeune homme qui a la chance d’être mis à l’aise et qui peut compter sur les conseils avisés de ses aînés. Une préparation physique intense à subir, "assez difficile sur la durée" mais le Nîmois serre les dents et s’accroche à cette opportunité de côtoyer l’équipe première.

Une bière servie dans une chaussure en guise de bizutage

Il débute comme prévu la saison avec les U20 où ses performances sont remarquées. Les cas de covid-19 et les blessés lui permettent de voir la première étape de son rêve se réaliser : être convoqué pour un match de Top 14. "J’ai été mis au courant la veille de l’annonce, dans le vestiaire, pour que je me prépare. C’était une grande fierté. Beaucoup de joueurs ont eu un mot ou un geste pour me féliciter", confie Louis. Il était déjà pressenti pour être appelé pour les rencontres face au Stade Français et Lyon mais elles ont été reportées. Le demi d’ouverture a profité de chaque instant de cette première même si la nuit précédant le match fût délicate : "J’avais un peu de mal à dormir car je me faisais des scénarios dans ma tête. J’ai surtout bien révisé toutes les combinaisons."

C'est au stade Kaufmann que le demi d'ouverture a réussi ses premières pénalités (Photo DR)

Ce samedi 14 novembre sur la pelouse Jean-Dauger de Bayonne, Louis Foursans-Bourdette entre en jeu à la place d’Alex Lozowski pour disputer les 24 dernières minutes de jeu. Une première apparition encourageante remarquée par son entraîneur Xavier Garbajosa. Le Nîmois n’évitera pas le revers 29-20 des Héraultais. Avec ses 170 centimètres et 81 kilos, son profil rappelle celui d’un certain Antoine Dupont, demi de mêlée de l’équipe de France, un poste auquel Louis veut se former. "On me le dit souvent. C’est toujours flatteur d’être comparé à un joueur qui marche aussi bien", répond le jeune bizut qui, malgré la défaite, n’a pas échappé à la tradition : "J’ai dû boire une bière dans la chaussure du pilier droit. Ce n’était pas la meilleure de ma vie !" 

À cause de ce virus qui circule au sein de l’effectif, la rencontre prévue le week-end dernier face à Castres a aussi été reportée. Cela a juste repoussé d'une semaine le grand saut pour Louis qui à 18h15 va être pour la première fois titulaire en Top 14, à domicile, face à l'Union Bordeaux-Bègles. Déjà contaminé, le Gardois et ses coéquipiers valides sont obligés de se débrouiller en s’entraînant par petit groupe. Ce contexte sanitaire n’a néanmoins pas gâché le plaisir de sa famille, même privé de stade, de voir le fiston débuter en Top 14, l’un des meilleurs championnats de rugby au monde.

"Mon père serait venu n’importe où pour me voir et ma mère, qui d'habitude ne regarde pas, s’est mise devant la télé", se réjouit l’aîné d’une fratrie de trois garçons composé de Maximilien (15 ans) et Théodore (13 ans) qui ont aussi chopé le virus du rugby et qui jouent au RCN. Maintenant qu’il a goûté au haut niveau, Louis souhaite y revenir tout en faisant une bonne saison avec les Espoirs. La pépite gardoise est déjà en négociations pour prolonger son contrat dans l’Hérault. On ne parle pas encore de statut professionnel car il faut attendre 22 ans pour signer pro au rugby, mais c'est déjà le signe d’un talent précoce promis à une belle carrière.

Corentin Corger

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