Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 03.07.2021 - corentin-corger - 6 min  - vu 6638 fois

NÎMES Élus qui quittent la séance, fonctionnaires en colère et pugilat... Retour sur un conseil municipal houleux

Le conseil municipal de Nîmes a retrouvé une configuration classique ce samedi matin (Photo Corentin Corger)

Pour ce dernier conseil municipal avant les vacances, les deux heures de débat ont été très animées entre la majorité municipale et la Gauche. Face à l'augmentation à venir de leur temps de travail, les fonctionnaires ont manifesté leur mécontentement en début de séance. Un pugilat a ensuite éclaté après des échanges vifs entre Frédéric Pastor et Sylvette Fayet avant que les élus de Gauche quittent définitivement la salle. 

Pour le retour d'un conseil municipal en configuration plénière, après les restrictions sanitaires de la pandémie, les débats ont été largement animés. Les drapeaux de Force Ouvrière sur le parvis de l'Hôtel de ville et la quarantaine de fonctionnaires présents laissait présager d'éventuelles tensions. Mais avant ça, Jean-Paul Fournier faisait son discours introductif. Après avoir félicité les élus au conseil départemental et régional, il a taclé la République en marche au sujet de ce scrutin : "on ne peut que constater l’impossibilité pour la majorité présidentielle de s’implanter dans les territoires." 

Le maire a ensuite évoqué sa rencontre avec Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, pour présenter le dossier de candidature au Patrimoine mondial de l'Unesco basé cette fois-ci uniquement sur la "Maison Carrée". "Elle m’a assuré du soutien du gouvernement pour cette candidature et que dès janvier prochain, elle sera déposée officiellement par l’État français." Une candidature également soutenue par Stéphane Bern qui sera soumis à la 46e session du Comité du patrimoine mondial à l'été 2023.

"Nous sommes très surpris que les profils de fonctionnaires demeurent introuvable"

Le début du conseil se passe dans le calme. Dès la deuxième délibération, l'opposition "Nîmes citoyenne" emmenée par ses sept élus annonce la couleur : aujourd'hui, elle a beaucoup de questions et interviendra à maintes reprises. Yoann Gillet et Yvan Lachaud absents, Thierry Jacob et Valérie Rouverand discrets, les élus de Gauche ont illustré qu'ils étaient bien la principale opposition à la majorité municipale. Après quelques délibérations sur le budget supplémentaire, Vincent Bouget s'interroge sur la future utilisation du Palais des Congrès, construite pour 56 M€, dont la création d'une autorisation de programme a été adoptée. L'élu aux Finances Pascal Gourdel a surtout répondu que la Région Occitanie allait financer ce projet avec un montant similaire à celui de Nîmes métropole.

Après Vincent Bouget, c'est Jo Menut qui prend le relais sur le recrutement de deux contractuels pour des postes de référent famille et de chef de projet d’aménagement d’espace public (ANRU). "Nous sommes très surpris que parmi les fonctionnaires ces profils demeurent introuvable. Nous serons vigilants que le recrutement de contractuels au profit de choix internes ne devienne pas la règle." "C'est une démarche rare comme vous le souhaitez", assure Jean-Paul Fournier. De quoi bien s'échauffer avant la neuvième question concernant la fixation de la durée et l'organisation du temps de travail des agents de la ville de Nîmes.

"Travailler 1h30 de plus par semaine ce n'est pas un drame"

Avant le 1er janvier 2022, la municipalité doit entériner la loi de transformation de la fonction publique qui impose l’application de la durée légale de 1 607 heures annuelles travaillées. Une mise en conformité qui entraîne une différence de 70h en raison du nombre de congés annuels accordés par la collectivité. Pour y parvenir, la Ville supprime les neuf jours et demi de congés dits “exceptionnels Mairie”, réduit les congés annuels et instaure de nouveaux cycles de temps de travail. En compensation, l'octroi de jours d'ARTT (Aménagement et réduction du temps de travail) a été mis en place.

Chez la Gauche et notamment les Communistes, on la joue de manière collective et c'est Bruno Ferrier qui s'exprime : "dans un courrier du 17 juin 2021 resté sans réponse nous vous demandions de retirer cette délibération. Vous devriez privilégier le dialogue social plutôt que de passer en force. Vous éviterez un conflit social dont nous devons nous passer." Un discours applaudi par la quarantaine d'agents présents. Réponse fracassante du maire : "sept semaines de congés par an, dans le privé vous ne les auriez pas. Travailler 1h30 de plus par semaine ce n'est pas un drame." "Certains lors des réunions nous ont rappelé que c'est contre la loi qu'ils votaient, nous on est que des exécutants", défend Pascal Gourdel. Sous les huées de l'assistance, qui quitte ensuite les lieux, la délibération est adoptée à la majorité (les Communistes ayant voté contre) et non à l'unanimité comme peut le dire le maire (voir vidéo ci-dessus).

À peine le temps de souffler après ce premier round, que Christian Bastid interpelle le premier adjoint Julien Plantier lors de la délibération concernant les modalités de la concertation dans le cadre du projet du nouveau stade, nouveau quartier et du stade provisoire portés par Rani Assaf (SAS Nemau) et la future halle aux sports, construite par la Ville. "Où en-est on du permis de construire ?" "Il a été signé hier", répond l'élu. Une concertation qui aura lieu de septembre à octobre 2021. Entre la Droite et la Gauche, la pression continue de monter. "Je crois que Rani Assaf vous a reçu et vous l'avez même trouvé très bien son projet, je l'ai lu dans la presse", se réjouit Jean-Paul Fournier avant de piquer, "vous voulez toujours consulter tout le monde, avec vous on fait plus rien." "Ça s'appelle la démocratie", s'exclame Sylvette Fayet.

"Avec vous c'est toujours tout gratuit"

Un vote adopté sans que Vincent Bouget puisse rajouter la sienne. "Non, non c'est fini ! On ne va pas y passer la journée !", coupe net le maire avec toujours autant de délicatesse. Des premiers échanges vifs sans la présence de Laurent Boissier sorti temporairement de la salle. Si légalement l'ancien directeur sportif des Crocos peut rester, il a décidé de partir quand le NO est sur la table des discussions avant de revenir.

L'ordre du jour continue de défiler et la liste "Nîmes citoyenne à gauche" réagit sur les questions sociales et concernant la jeunesse. "Encore !", fait remarquer à haute voix Julien Plantier lorsque Marianne Bernede demande à nouveau la parole après Jo Menut. "Je demande la gratuité pour les moins de 25 ans", réclame-t-elle. "Avec vous c'est toujours tout gratuit. Il faut payer quelque chose pour apprécier les choses. Le tout gratuit ça ne marche pas", riposte le maire de Nîmes.

Place ensuite au bouquet final quant à l'adoption du choix d'Edeis Concessions en tant que nouveau délégataire pour l'exploitation touristique et culturel des arènes, de la Maison Carrée et de la Tour Magne à compter du 1er novembre 2021. Après étude des deux dossiers, la Commission de délégations a choisi Edeis pour trois ans plutôt que de renouveler Culturespaces. "Il y aura bien des Grands Jeux Romains au printemps 2022, ils ne partent nulle part. Au mois d'août, neuf spectacles de sons et lumières sont prévus contre quatre aujourd'hui", précise et justifie Frédéric Pastor, délégué aux festivités. Si les Grands Jeux Romains est une marque déposée par Culturespaces, un concept similaire sera proposé mais avec un nom différent.

"Vous ne bossez pas les dossiers !"

Après que la Gauche se soit exprimée, Frédéric Pastor jette l'huile de trop sur le feu, "vous n'êtes pas venu en commission, vous ne bossez pas les dossiers !". Sylvette Fayet explose : "ça vous n'avez pas le droit, c'est inadmissible !". Un pugilat éclate (voir vidéo ci-dessus) et la Gauche menace de quitter la séance, Christian Bastid se rassoit finalement. Seulement pour quelques minutes puisque lors de la délibération suivante à 9h44, après une nouvelle passe d'armes avec le maire, les sept élus excédés de "Nîmes citoyenne" quittent pour de bon la salle (voir vidéo ci-dessous).

Dans ce contrat, Edeis doit atteindre une fréquentation annuelle de 784 000 € et générer un chiffre d’affaires de 18 M€ sur trois avec 1,8 M€ d’investissements nouveaux prévus. La somme a déjà été bloquée sur un compte. Pour la municipalité, son argument est de dire qu'à tout point cette offre était supérieure. "Effectivement, Edeis n'est pas spécialisé dans ce domaine mais il peut l'être et va faire les efforts nécessaires. Il faut bien essayer. J'ai vraiment étudié le dossier, il n'y a pas photo", assure le maire. "Il est important de rappeler qu'Edeis s'engage sur un tarif à l'usager stable pendant trois ans alors que pour Culturespaces, il était soumis à la révision", précise après coup Frédéric Pastor. Les vingt dernières délibérations iront très vite, faute d'opposition présente, où la majorité ne manque pas d'envoyer quelques piques aux absents. Après ce conseil municipal houleux, les vacances vont faire du bien à tout le monde.

Corentin Corger

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