Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 08.07.2021 - corentin-corger - 5 min  - vu 1189 fois

FAIT DU JOUR Les arrivées marquantes du Tour de France à Nîmes

L'arrivée d'une étape du Tour de France en 2019 sur l'Avenue Président Salvadore Allende à Nîmes (Photo Anthony Maurin)

Le Tour de France passant devant les arènes de Nîmes en 1965 (photo archives municipales de Nîmes)

Ce jeudi, Nîmes accueille l'arrivée de la 12e étape du Tour de France (159 km) qui s'élancera de Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme). La cité des Antonin a en plus le luxe d'accueillir vendredi, le départ de la 13e étape en direction de Carcassonne (220 km). C'est la 19e fois dans l'histoire de la Grande Boucle que la capitale gardoise est choisie comme ville étape. Retour sur un passage historique à Nîmes et des arrivées plus ou moins rocambolesques. 

La relation entre le Tour de France et Nîmes commence dès la création de l'épreuve en 1903. Les premières éditions reliant six grandes villes françaises, Nîmes se trouvait idéalement située entre Marseille et Toulouse (424 km). C'est d'ailleurs dans la capitale gardoise, lors de la troisième étape en 1904, que se déroule un épisode historique du Tour qui a bien failli le mener à sa disparition dès sa deuxième édition. À la suite de la disqualification de l’Alaisien (à l'époque Alès s'écrivait Alais) Ferdinand Payan, des Cévenols débarquent à Nîmes pour venger leur favori.

Un déchaînement de violence s'abat alors sur la Grande boucle. Le 14 juillet, vers 1h du matin - durant près de 14h, les étapes se couraient en partie la nuit - alors que 3 000 spectateurs sont présents sur l'actuel esplanade Charles-De-Gaulle, des fanatiques de Payan s’en prennent aux coureurs. La fête se transforme en chasse à l’homme. Hippolyte Aucouturier dit "Le Terrible" utilise son vélo pour frapper ses agresseurs, il se réfugie ensuite au Grand Café et se déguise en serveur pour échapper aux coups avant de quitter rapidement la ville. Les Nîmois décident de protéger les officiels et les coureurs face aux Cévenols. 

La police doit disperser la foule en tirant des coups de feu en l’air. Des clous, des tessons de verre, des cailloux et des fils barbelés sont également déposés sur la route de Montpellier en direction de Lunel. Cette affaire fait grand bruit et Henri Desgranges, le fondateur de l’épreuve, songe sérieusement à laisser tomber le Tour de France avant de se raviser. Ce dernier ne tient pas rigueur de cet évènement à Nîmes qui sera pour la première fois ville étape en 1905 où tout se passera dans le calme avec la victoire de Louis Trousselier. 

Une charrette de fûts de vin percutée à 200 mètres de l'arrivée

Point stratégique entre les Alpes et les Pyrénées, de 1907 à 1910, la préfecture du Gard est systématiquement ville d'arrivée depuis Nice et ville de départ direction Toulouse sauf en 1910 où les coureurs se rendent à Perpignan. Pour les Nîmois, le passage de la course devient donc une tradition. En 1907, Marcel Cadolle, le grand espoir français, fonce sur la route d’Arles, à l’entrée de Nîmes, alors qu’il percute une charrette de fûts de vin et se blesse gravement à 200 mètres de l'arrivée située au niveau de la pépinière Pichon. Il est contraint de mettre un terme à sa carrière. La victoire revient à Émile Georget. 

"Mais les débordements d'enthousiasme des spectateurs locaux firent craindre le pire aux organisateurs qui ne feront dès lors de Nîmes qu'un point de contrôle fixe entre Provence et Roussillon", écrit Éric Doladille, auteur du livre "Le Tour de France dans le Gard" publié en 2019. Un public nîmois trop excité alors plus d'étape jusqu'en 1925 malgré des passages récurrents. Derrière, Nîmes est ville étape de 1935 à 1937, en 1949 et à trois reprises dans les années 1950 avec notamment la victoire d'André Darrigade le 12 juillet 1958. "Le Lévrier des Landes" qui a remporté au total 22 étapes sur le Tour.

Après 28 ans de disette, Nîmes accueille de nouveau une arrivée de la plus prestigieuse des courses cyclistes. Ce 18 juillet 1986, le Belge Frank Hoste s'adjuge la 15e étape partie depuis Carcassonne (vendredi ce sera l'inverse), Bernard Hinault conserve le maillot jaune. Il le cédera deux jours plus tard à Greg Lemond, son coéquipier de "La Vie Claire" alors dirigée par un certain Bernard Tapie. Le lendemain, le peloton part pour Gap.

En 2004, 100 ans après avoir vu le Tour failli disparaître, les coureurs arrivent à Nîmes après un nouveau départ depuis Carcassonne. Sur cette terre vouée aux sprinteurs, l'Espagnol Aitor Gonzalez (Fassa Bortolo) s'impose sur l'avenue Jean-Jaurès (voir vidéo ci-dessus) avec 25 secondes d'avance sur ses poursuivants. Alors maillot jaune, le Français Thomas Voeckler aura droit à une ovation au moment de revêtir le précieux paletot si symbolique qu'il perdra l'étape suivante.

Cavendish pour l'histoire ?

En 2008, 2014 et 2019, les arrivées dans la préfecture du Gard sont le théâtre de duels entre sprinteurs. Alors jeune coureur, le 18 juillet 2008, Mark Cavendish (Columbia) remporte déjà sa quatrième victoire pour sa deuxième participation à l'épreuve en haut du boulevard Jean-Jaurès. Sylvain Chavanel avait bien tenté une échappée dans les derniers kilomètres mais en vain. Clin d'oeil du destin c'est dans une ville où il a déjà gagné que le Britannique, désormais âgé de 36 ans et déjà vainqueur à trois reprises lors de cette édition, peut marquer l'histoire ce jeudi en remportant une 34e victoire dans un final qui lui correspond bien. En nombre d'étapes remportées, il égalerait ainsi une autre légende du Tour de France : Eddy Merckx, quintuple vainqueur de la compétition.

L'étape Tallard-Nîmes, le 20 juillet 2014, est marquée par la détresse du Néo-zélandais Jack Bauer - ça ne s'invente pas ! Parti dès les premiers kilomètres avec le Suisse Martin Eliger, le coureur de la Garmin aurait pu être le héros de la journée alors qu'il avait fait la différence à proximité de l'arrivée. Mais après avoir passé en tête l'avenue de la Liberté et la rue de la République, il est repris à 25 mètres de l'arrivée battu par le Norvégien Alexander Kristoff (Katusha) à hauteur de la brasserie "Le Palace" sur le boulevard de la Libération. Vincenzo Nibali garde son maillot jaune et remporte cette édition.

L'Australien Caleb Ewan avait gagné à Nîmes en 2019 (Photo Anthony Maurin)

Ces dernières années, le public nîmois renoue avec la Grande boucle profitant de plusieurs étapes en seulement deux ans d'intervalle. Un privilège quand on sait que la concurrence est rude pour être sélectionnée en tant que ville étape. Le 23 juillet 2019, c'est la consécration pour le Gard et sa capitale avec une étape Nîmes-Nîmes, 100% gardoise longue de 177 km marquée par un passage symbolique sur le Pont du Gard sous une chaleur écrasante dépassant les 38 degrés.

Une échappée de cinq coureurs est reprise peu avant l'arrivée et au sprint c'est l'Australien Caleb Ewan (Lotto Soudal) qui s'impose. L'étape est marquée par l'abandon sur chute d'un des favoris, Jakob Fuglsang alors neuvième du classement général. Julian Alaphilippe reste en tête du général. Le champion du monde en titre ne devrait pas repartir du Gard avec du jaune sur les épaules. Mais si déjà un Français pouvait remporter cette 12e étape, ce serait un joli clin d'oeil car la dernière victoire tricolore en terre nîmoise remonte à 1958.

Corentin Corger

Nîmes, ville étape du Tour de France en : 1905, 1907, 1908, 1909, 1910, 1925, 1935, 1936, 1937, 1949, 1950, 1953, 1958, 1986, 2004, 2008, 2014, 2019, 2021. 

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