Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 07.10.2021 - stephanie-marin - 3 min  - vu 341 fois

NÎMES Le collectif V.1 met en scène l'affaire Gabrielle Russier

"Il faut dire." du collectif V.1, au théâtre L'Odéon à Nîmes pour une deuxième représentation, ce jeudi 7 octobre à 20h. (Photo : ©Sandy Korzekwa) - SANDY_KORZEKWA

Le collectif montpelliérain V.1 présente sa première pièce de théâtre inspirée des lettres de Gabrielle Russier, enseignante emprisonnée pour avoir entretenu une relation amoureuse avec l’un de ses élèves âgé de 16 ans. Une histoire vraie, poignante, que le public (re)découvre plongé dans une atmosphère intimiste et immersive.

C'est au théâtre L'odéon à Nîmes que le collectif V.1 a présenté hier, mercredi 6 octobre, sa première création : "Il faut dire." Une pièce inspirée d'une histoire vraie qui avait défrayé la chronique à la fin des années 60, celle de Gabrielle Russier, une professeure agrégée de Lettres, âgée de 31 ans, jetée en prison pendant deux ans pour avoir vécu une relation amoureuse avec Christian, un de ses élèves. Cette affaire a traversé le temps, les générations au fil des créations artistiques, la plus célèbre d'entre elles est certainement le film d'André Cayatte, avec Annie Girardot, "Mourir d'aimer".

L'envie de raconter cette histoire sur les planches est venue par hasard, après l'écoute d'une émission de radio dédiée à l'affaire Russier. "C'était dans des circonstances particulières, que je ne détaillerai pas puisqu'il faut venir voir le spectacle, lance Sabine Moulia, comédienne et co-créatrice du collectif V.1 avec Jessica Ramassamy, Alex Denis et Elian Planes. Mais en tout cas, j'ai eu une rencontre avec cette histoire, qui m'a amenée à voir le film d'André Cayatte et ensuite lire "Lettres de prison"." C'est à partir de ces lettres que la pièce "Il faut dire." s'est construite, ponctuée d'allers-retours entre les années 68-69 et 2021. Un procédé qui consciemment ou inconsciemment pose la réflexion de la réaction face à une telle histoire. D'une époque à l'autre, serait-elle si différente ?

"Être proches des gens et ainsi des mots et de l'histoire"

Charge à chaque spectateur d'y répondre en son âme et conscience, un spectateur impliqué dans la mise en scène signée d'Alex Denis et Elian Planes. Il n'est pas plongé dans la pénombre, mais dans la lumière, la même manière que celle qui éclaire les deux comédiennes sur scène, Sabine donc et Jessica Ramassamy. "Nous avons voulu mettre le public au coeur de l'histoire, au coeur de l'action. Nous avons voulu être immersifs et proposer aux gens d'être avec nous, dans cette découverte des lettres et du contexte de l'époque. Nous avons mis tout un dispositif pour être proches des gens et ainsi des mots et de l'histoire", indique Elian Planes. Et on s'y laisse prendre, suspendu aux lèvres des deux comédiennes, tantôt face à Sabine et Jessica, tantôt face à Christian et Gabrielle, mais jamais on ne s'y perd et c'est l'une des performances remarquables de cette pièce. Des propos vérifiables, mesdames, messieurs, par vous-mêmes car une deuxième date est programmée ce jeudi soir, à 20h, toujours au théâtre L'Odéon à Nîmes.

Elian Planes, Jessica Ramassamy, Sabine Moulia et Alex Denis du collectif V.1. (Photo : (Photo : ©Sandy Korzekwa)

Et après ? Après le collectif V.1 poursuivra son aventure théâtrale avec ce spectacle et un autre à venir, un autre fait de société, avec un texte écrit par Jessica Ramassamy inspiré de l'affaire des enfants de la Creuse. Dans les années 60 à 80, plus de 2 000 enfants réunionnais ont été déportés par les autorités dans le but de repeupler les départements métropolitains victimes de l’exode rural. "Certains sont restés en foyer jusqu'à leur majorité, d'autres ont été utilisés dans des fermes, un peu comme des esclaves. D'autres, plus petits, ont été adoptés et ont su très tard leur histoire, voire ne la connaissent même pas", souligne la comédienne.

Pour écrire ce texte, le collectif a rencontré Valérie Andanson, la porte-parole de la Fédération des enfants déracinés des départements et régions d’outre-mer. "À l'issue de cette rencontre, on s'est dit que c'était son histoire qu'on avait envie de raconter. Donc l'écriture part de l'histoire de Valérie telle qu'elle nous l'a livrée mais adaptée pour la scène et avec une certaine prise de liberté, une mise à distance", précise Jessica. Ce spectacle s'intitule "Tous nos ciels" et notez-le bien, il sera programmé au Théâtre de Nîmes en 2022.

Stéphanie Marin

Stéphanie Marin

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